Granja Viader, la maison-mère du Cacaolat.


Les Français, les Bordelais de surcroît, vont me dire: "ça ne s'écrit pas comme ça! Ça s'appelle Cacolac, pas Cacaolat!" Pourtant si, ici à Barcelone, depuis 1931 (contre 1954 pour le Cacolac), on boit du Cacaolat. Personnellement, ce n'est pas mon truc, les batidos, du chocolat d'origine plus ou moins contrôlée dilué dans du lait, qu'on consomme froid ou chaud suivant la météo (ces jours-ci, c'est plutôt chaud…). Le Cacaolat, donc, est la première version industrielle connue de ce type de produits, inventée par Joan Viader Roger (fils de celui qui, dans les années 20, avait fondé la compagnie laitière Letona) au retour dit-on d'un voyage en Hongrie où il avait bu ce genre de choses


Si je vous parle de cette mixture, ce n'est pas vraiment pour en faire la promotion, d'autant que l'entreprise a été rachetée l'an dernier par la pire marque de bière barcelonaise, Damm, connue pour sa sucrailleuse Estrella* et l'imbuvable Inedit aux "voluptueux parfums exotiques"**. Non, si je vous parle du Cacaolat, c'est parce que l'endroit où il aurait été inventé, la Granja Viader, est parfaitement de saison. C'est un charmant petit lieu, à deux pas de la Rambla dels Estudis, dans la minuscule calle d'en Xuclà. On vient là prendre un chocolat chaud (à l'espagnole, bien épais!), y prendre un café, y manger des cheesecakes, des flancs, des mousses au cacao et toutes sortes de dérivés du lait, sans oublier un excellent jus d'oranges et des horchatas, l'été.


Le samedi, c'est évidemment bondé. La petite bourgeoisie de Barcelone et des environs fait la queue pour obtenir une table dans cet endroit qu'on imagine volontiers comme le temple d'une gourmandise fantasmée (péché mortel…) à une époque pas si lointaine où l'Espagne vivait la faim au ventre. Tout ou presque est d'époque, le carrelage, les tables, les tasses et même certains serveurs, les prix sont modiques et on peut même acheter à emporter ce qu'on a bien aimé; moi, c'est le flan aux œufs et la mousse au chocolat, la crème fraîche aussi! Le Cacaolat, en revanche, on peut s'en dispenser…



*fort appréciée de ceux qui se sont massacrés le palais au Coca-Cola et donc de mon cher Manuel, le sommelier catalan, nationaliste, binoclard et à grosses godasses, fil rouge de ce blog.
** évidemment lancée par un cuisinier-chimiste dont on m'a désormais interdit d'écrire le nom…


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