Vous êtes le numéro 27…
Je ne suis pas un numéro! Je suis un vin libre! Oui, voila ce que ça donne quand on a trop regardé de séries TV anglaises quand on était petit (rassurez-vous, en revanche, j'ai échappé à la jelly et aux sodas…). "Je ne suis pas un numéro!" pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est une des "phrases-culte" du Prisonnier, un drôle de truc, vaguement psychédélique sur les bords. À ce propos, il faudra qu'un jour je fasse le décompte du nombre de bouteilles de bordeaux, de bourgogne et de champagne bues par la délicieuse Emma Peel et le distingué John Steed pendant les épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir; on dépasse largement l'hecto!
Pourtant, ce vin-là est un numéro, le numéro 27 comme l'indique son étiquette. Les aficionados de ce monument du Patrimoine espagnol que sont les jerez, manzanilla et montilla-moriles savent bien de quoi je veux parler, de la célébrissime et passionnante litanie des cuvées "distillées" par ces utiles rats-de-cave que sont les membre d'El Equipo Navazos. Pour simplifier, ces fins dégustateurs sélectionnent, dans toutes les bodegas, des petits lots particulièrement réussis ou originaux de ces grands crus andalous. Chacun de ces lots porte un numéro, en suivant, les deux derniers que j'ai goûté étaient la manzanilla n°32 et ce fameux fino "Macharnudo Alto"* n°27. Ce vin m'envoûte, par sa complexité et sa profondeur. Il est d'une incroyable richesse aromatique, on n'en voit pas le bout. Attention, ce n'est pas un fino d'apéritif! Actuellement, il faut le mater, réfréner sa générosité avec des plats relevés, de vieux jambons ou du salmorejo correctement assaisonné mais on se dit que nous avons peut-être affaire là à un vin de garde. L'avenir nous le dira…
Le "Macharnudo Alto", un des pagos, un des climats les plus réputés de Jerez, donne souvent naissance, notamment au travers des sélections d'El Equipo Navazos, à de grandes bouteilles. J'ai vu il y a deux ans un des grands vignerons du Languedoc, Marc Valette, tomber à l'arrêt devant le N°15, dont nous avions bu une bouteille chacun sur de la morue et filer ensuite ventre à terre dévaliser le stock de Vila Viniteca, le négociant barcelonais* qui le distribue. Marc Valette, dont, ça n'a rien à voir, le "beaujolais de mourvèdre et de cinsault" Antonyme 2010 est actuellement un pur régal. Enfin, si, le rapport, c'est que ce vin et cet homme-là (qui sont de sacrés numéros!), eux aussi sont libres.
* Quel paradoxe d'ailleurs que la distribution d'Equipo Navazos soit gérée à Barcelone quand on connaît la répugnance des Catalans pour ces vins andalous!
Emma Peel et Jerez de la frontera.. Je double voyage.
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