Le physique du vigneron et le goût du vin.


L'apparence, la gueule, de celui ou celle qui vous harponne, dans un salon comme Vinisud, ça a évidemment son importance. "On n'est pas de bois". Mais ce n'est pas des accortes châtelaines et des hôtesses graciles dont je veux vous entretenir ici; le recours du Mondovino, univers macho s'il en est, au charme féminin mérite un billet à lui seul. Non, je veux juste vous parler du rapport entre le physique du vigneron (choisissons le mâle pour qu'il n'y ait pas d'équivoque) et le style de son vin. N'en tirons aucune généralité, mais hier soir ça m'a frappé en goûtant, côte à côte, deux jolies bouteilles aux caractéristiques si différentes.


À ma gauche, Raymond Julien, jovial vigneron languedocien, "empereur du carignan" disent certains de ses confrères du Minervois; il lui est très difficile de passer plus de cinq minutes sans sourire. Vous me voyez venir, ses vins sont comme lui, généreux, amples. Son Clos de l'Azerolle, bien sûr, mais aussi son Grand Penchant, grenache-syrah réglissé, gras, rond et long, qui est actuellement chez lui ce qui se goûte le mieux. Raymond Julien vit au milieu des vignes, sur la commune de Badens, à Mirausse.


À ma droite, Claude Carayol, figure emblématique du Cabardès. Google Maps indique qu'il ne faut parcourir que 26,7 km pour se rendre de chez lui jusque chez son voisin de Stand à Vinisud, Raymond Julien. Claude Carayol est un grand type à l'allure décidée, du genre qui ne s'en laisse pas compter. La cuvée Vent d'Est 2009 de son Domaine de Cabrol, est à son image, racée et tendue, une des plus belles syrah que l'on puisse goûter dans ce salon; je parie même qu'à l'aveugle, la plupart des dégustateurs (pour ne pas dire tous) la placeraient en Rhône nord.
J'aime franchement ces deux vins (et ces deux vignerons), mais, quand je les regarde et que je goûte leurs vins, je me dis vraiment qu'ils leur ressemblent.

Commentaires

  1. Bonjour,
    Un petit moment que je n'ai pu venir partager quelques aventures épicuriennes, j'en profite pour commenter de ma modeste expérience ce post. Un peu comme la femme qui est dans mon ivre s'emballe parfois au goût évocateur de tel ou tel breuvage, j'ai le don de m'enthousiasmer pour les parallèles entre gueule et talent, seule carence, cela peut me rendre d'une grande tolérance notamment dans le domaine du vin. Quoique, un mec généreux souriant, fraternel ne peut pas produire une merde sans nom, la chance est aussi d'avoir quelques femmes, non pas les hôtesses ni les châtelaines mentionnées plus haut, celles-ci sont bonnes pour les vins sophistiquées avec drainage et massage, non la vigneronne passionnée avec ses bottes, son bonnet quand elle taille sa vigne et toute pimpante, souriante et magnifique quand elle s'habille de sa plus belle robe millésimée. Vincent, je partage tout à fait ton avis, comme en tauromachie on ne peut confondre en les voyant José Thomas et le Cordobes, dans l'arène non plus, un, fluide avec son temple, sa grâce comme son visage, l'autre déjà tout ridé très jeune et cabossé par sa fougue, sa séduction face au danger et son style abrupt. C'est vrai même si la croûte n'embellit pas le fromage, elle laisse deviner les caractéristiques et la personnalité, c'est ainsi que Chabal et Thrin-Duc n'ont pas le même jeu mais on peut se régaler de leurs prestations respectives. Ils ne se regardent pas jouer, chez les vignerons même conclusion, "l'affaire n'est pas dans le sacre" mais dans le sacre mais dans le bu

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