À Albi, je suis un extrémiste!
Bon, en cette année électorale, je vais tout de suite calmer le jeu avant que les esprits vengeurs (qui en général ne lisent que les premiers mots d'un texte ou d'une déclaration) ne me tombent dessus comme la vérole sur le bas-clergé. Il ne s'agit évidemment que d'un clin d'œil à Curnonsky, le Prince des gastronomes qui découpait l'échiquier gastronomique à la façon d'un fromage parlementaire: à Droite, disait-il, on mange classique et familial, à Gauche, des préparations rapides, sur le pouce et, au Centre, on se régale de cuisine bourgeoise à tendance régionaliste. Les choses ont un peu bougé depuis, Antonin Iommi-Amunategui, dans son blog, les a même codifiées pour le vin.
Ce que je sais, c'est que pour ce qui concerne la classification de Curnonsky, je me situe à l'extrême centre. Et d'autant plus quand je reviens en terre tarnaise où, compte tenu de la rare qualité des matières premières qu'offrent les marchés paysans, on a envie de plats et de tables "où les choses ont le goût de ce qu’elles sont".
Pour bien prouver que je suis un extrémiste, je vais commencer
par fracasser l'unique bar à vin nature de la ville. Le Pré en bulle, déjà une vieille maison, juste à côté du théâtre, bistrot à l'allure élégante. Ce n'est pas ma première expérience ici, l'endroit a eu bonne réputation. Évidemment, en tant qu'extrémiste du Centre, je suis à Gaillac, je choisis un gaillac. Blanc, of course, à l'apéritif. Le Champ des Sirènes, manque de pot, les bouteilles sont éventées, c'est un peu lourdaud, ça sent vraiment la pomme, et quitte à en boire (de la pomme), je tente le cidre de Bordelet à la pression. Fin de fût, encore la faute à pas de chance…
La serveuse est charmante, elle fait ce qu'elle peut tandis que le taulier, désinvolte, joue l'occupé. Le taulier, on l'imagine tout aussi bien, dès que le vent aura tourné, tenir une boutique de fringues, vendre du blue jeans et de la merde chinoise. La carte des vins me fait rire, opportuniste, évidemment, comme l'étagère du haut qui exhibe ses trophées telles les médailles des maréchaux russes, magnum de Lapierre, etc… Évidemment, les affiches (magnifiques) des Breton sont au rendez-vous, bien en évidence. Et en champagne au verre, on sert (contrepoint ou facilité commerciale?) du Billecart "Saumon"…
Mais, on me l'a dit, il ne reste qu'un seul atout à ce Pré en Bulle avec lequel j'ai envie de conclure, on y vend du mauzac vert de Plageoles à emporter. Manque de pot (décidément…), il n'y en a plus, on me propose à la place un truc que je ne peux pas avaler; que voulez-vous, je suis un vieux con, quand je veux me régaler, je préfère un mec qui fait bon depuis quarante ans qu'un autre qui fait mauvais depuis trois*.
Mes vins à emporter, finalement je les trouve. À deux pas du marché couvert et de la cathédrale, dans un gentil lieu moins (ex?)branchouille que le précédent, mais affublé d'un nom horrible, Tarn Émotion, très Séguéla de province. Et tellement content d'en trouver, je me fais une petite collection**, parce que je sais qu'il faudra arroser mon repas d'extrémiste du Centre. Car, évidemment, j'ai fait le marché: des raviolis au veau de Mario le Sarde, des aiguillettes de canard de la Ferme de Rayssaguel, des poireaux de vigne, des fromages de Marilyn et quelques éclairs et choux du Saint-Honoré (chez Belin, le Hermé local, je suis arrivé trop tard, à l'heure où il ne leur reste plus que des gâteaux "créatifs", donc…).
Extrémiste du Centre, c'est grave, docteur? Peu importe, je n'oblige personne à penser comme moi. Mes convictions, profondes, anciennes et durables, je sais d'où elle viennent et comment elles se sont construites. Aussi bien pour le liquide que pour le solide. Après, chacun vote pour qui il veut. Moi, je vote terroir.
*comme je sais que les mêmes esprits vengeurs que ceux du début de ce billet vont me sauter dessus en hurlant que je suis en plus un ultra conservateur, je leur offre la lecture de mon billet d'hier.
** frétillant Braucol 2010, ligérien et aérien; intense Prunelart 2009, en accord avec le canard de la montagne albigeoise mais en pensant qu'un jour il tuera de la grive; gourmand Ondenc 2008, idéal sur un vieux chèvre sec d'Ariège, cousin sudiste de la mimolette.
Mes vins à emporter, finalement je les trouve. À deux pas du marché couvert et de la cathédrale, dans un gentil lieu moins (ex?)branchouille que le précédent, mais affublé d'un nom horrible, Tarn Émotion, très Séguéla de province. Et tellement content d'en trouver, je me fais une petite collection**, parce que je sais qu'il faudra arroser mon repas d'extrémiste du Centre. Car, évidemment, j'ai fait le marché: des raviolis au veau de Mario le Sarde, des aiguillettes de canard de la Ferme de Rayssaguel, des poireaux de vigne, des fromages de Marilyn et quelques éclairs et choux du Saint-Honoré (chez Belin, le Hermé local, je suis arrivé trop tard, à l'heure où il ne leur reste plus que des gâteaux "créatifs", donc…).
Extrémiste du Centre, c'est grave, docteur? Peu importe, je n'oblige personne à penser comme moi. Mes convictions, profondes, anciennes et durables, je sais d'où elle viennent et comment elles se sont construites. Aussi bien pour le liquide que pour le solide. Après, chacun vote pour qui il veut. Moi, je vote terroir.
*comme je sais que les mêmes esprits vengeurs que ceux du début de ce billet vont me sauter dessus en hurlant que je suis en plus un ultra conservateur, je leur offre la lecture de mon billet d'hier.
** frétillant Braucol 2010, ligérien et aérien; intense Prunelart 2009, en accord avec le canard de la montagne albigeoise mais en pensant qu'un jour il tuera de la grive; gourmand Ondenc 2008, idéal sur un vieux chèvre sec d'Ariège, cousin sudiste de la mimolette.
Quelle riche idée d'être passé par Albi, une des villes les plus belles du grand Sud. Je suis comme toi, extrémiste aussi quelque part, et ces bars prétentieux jamais capables d'offrir ce qu'ils mettent sur leur carte "m'insuportent" au plus au point.
RépondreSupprimerQue ça plaise ou non, notre rôle est de les dénoncer !
Et tu sais, Michel, en plus, Albi, pour moi, ça sent un peut l'écurie, j'y ai passé pas mal d'années. Pour ce qui est d'écrire ce qu'on constate et ce qu'on pense, tu sais ce que j'en pense, je suis d'accord avec toi. Je pense d'ailleurs que le Presse d'une façon générale se porterait mieux si elle le faisait plus souvent…
SupprimerUn "peu" l'écurie, pardon.
Supprimersuper, pour moi aussi c'est presque l'écurie, né à La Selve, entre Réquista et Cassagnes-Begonhes, bon, gros avantage c'est l'Aveyron....(sourire) Je connais un prof d'anglais qui a exercé à Albi : Bordeneuve. Bon, on ne va pas regarder derrière, mais le passé a parfois de l'avenir...
SupprimerBon la journée démarre sur les croisades, mais non tu n'es pas extrémiste, tu es un gros bon bourgeois, qui dans une ville catho, se pointe à la première boutique tendance. Putain, demande à Sainte Cécile, elle va t'en citer des faux-gaulois Albigeois souvent toulousains dira-t-elle qui se moquent du client. Alors qu'un extrémiste même du Centre aurait pris son vélo, sa voiture pour aller directement chez Bernard Plageolles rencontrer un type super qui lui aussi à la gueule de son vin, et son Mauzac nature aurait fait le bonheur de tes potes au retour. Bon Gaillac, ville un peu triste, depuis que les zozos Moscato et Laporte ont déserté, mais il reste un bistrot à vin (me souvient plus du nom) un autre au nom marrant Chai et Rasades et pas très loin un restau gastro-paysan à Cahuzac. Bon, change de bord, fait un cadrage-débordement, prend les produits traditionnels de droite et gauche mais ne sois pas fainéant rentre dans la moulure.
RépondreSupprimerA Gaillac Vigne en Foule mais tu dois connaitre, l'élève ne va pas donner la leçon au maître
RépondreSupprimerMerci encore pour ce commentaire. Malheureusement, pour des raisons extérieures au blog (reportage exclusivement consacré à Albi pour un magazine), je travaillais intra-muros. Je connais évidemment Vignes en Foules qui a d'ailleurs un concurrent (non encore testé) depuis deux jours, Chez Germaine, près de la gare de Gaillac.
SupprimerPour ce qui est d'aller chez les Plageoles, bien sûr, mais on ne s'en échappe pas comme ça…
Vincent,
SupprimerJe comprends les contraintes, mon commentaire n'était pas un reproche mais un test d'humour et totalement "objectif" à défaut d'être malhonnête sur la bourgeoisie. A plus et belle fin de semaine.
J'avais évidemment bien compris, Jean-Louis.
SupprimerLes pastels du Pays de Cocagne:à Toulouse le rose,à Albi le rouge et à Carcassonne le...Viollet !
RépondreSupprimerC'est dans les vieux cons qu'on fait les meilleures... Ouh là, je m'égare !
RépondreSupprimerAh Albi, ma ville natale. L'odeur de Ricard et de clopes des cafés où l'on joue au baby-foot à la sortie du lycée (traduire par "durant les cours).Oh merde, je suis vieux...
RépondreSupprimerSinon pour le "Pré en bulle" c'est vrai qu'ils ont un peu la tronche hypertrophiée.
À l'époque, le Café de la Poste faisait "foie", Alexandre…
SupprimerOn allait même avec les potes s'y enquiller des blancs limés (le champ' du pauvre) avant de descendre au 2000 ou à la Clé...Même que le patron dès qu'il nous voyait franchir le seuil commençait à déboucher la première quille de perlé,car il nous le faisait royal !
SupprimerSouvenirs de VC mais souvenirs quand même...
La Clef… Mimiche, le patron avec sa tronche incroyable!
SupprimerBon les garçons et Montauban c'est pour quand?? Tu te sentiras je l'espère un peu plus à la maison.
RépondreSupprimerOn ne devrait jamais quitter Montauban… Un jour…
SupprimerNordiste que je suis, Albi m'a enchanté! Superbe ville. Après le vignoble Gaillacois, nous nous y sommes arrêtés un jour d'été indien. Quelle belle ville. Nous avons aussi mangé à l'Esprit du Vin, belle adresse avec une carte des vins représentant bien la région à prix modéré (sur ce point là, je suis vite content, je suis à Paris maintenant)! Bû notamment un beau Plageolles Braucol.
RépondreSupprimerMerci Mr Pousson pour votre blog!
De nada!
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