Cuisine "nature" à Logroño, Gracias Asunción!


1°) Vous cherchez de la cuisine “moderne” (vous savez, celle je qualifie d’industrialo-chimique et que d'autres, maintenant honteux, se gardent bien, comme à l'époque de sa splendeur, d'avouer "moléculaire")? Vous aimez la “glace qui fume” ou toutes ces fantaisies parfaitement écologiques, difficilement compréhensibles par ceux qui n'ont n’a pas eu la chance d’être élevé à la jelly et au Coca-Cola et de tourner quotidiennement à la coke?

2°) Vous n’avez d’yeux que pour les mini-légumes “bio” (de préférence du maïs ou des choses qu'on donne aux bêtes), hâtivement repeints en vert cru, au terme d’un long voyage, dans les entrepôts banlieusards de quelque marché-gare, d'un de ces Marchés d'Intérêt National pour lesquels je n'ai plus grand intérêt?
3°) Vous êtes vegan?
4°) Vous êtes au régime?
5°) La campagne, la Nature, les choses qui ressemblent à ce qu'elles sont vous effraient?

Si, par malheur, vous avez répondu oui à une seule de ces questions, sautez une case et passez votre tour, cette adresse n’est pas pour vous. Sinon, pas d'hésitations, la prochaine fois que vous passez dans la capitale de La Rioja, allez déjeuner ou dîner à la Taberna Herrerías, face au tympan de l'église San Bartolomé (XIIIe s.). Vendredi dernier, le repas y fut impeccable: berberechos (coques) qui "puaient" l'Océan, poulpe a la gallega délicieusement gluant, magnifiques petits artichauts au four agrémentés, après cuisson, d'une huile de Navarre de première qualité, deux chuletóns (à trois!) de bœuf gras et mûr, idéalement grillés. Rien de compliqué mais des produits d'exception envoyés avec précision par une mère, Asunción Duarte, cachée dans sa cuisine. J'entends d'ici les "gastronomes" barcelonais (que j'essaye de fréquenter le moins possible) ironiser sur la banalité de ce menu, dépourvu qui plus est de ce formidable goût de terroir que confèrent les Texturas®! Eh oui… Il est vrai que le même repas avec des gros artichauts bretons bien durs, des berberechos élastiques, sans poulpe (parce que ça fait sale!) et du baby-bœuf, pardon, du vedella élevé en usine, et conservé sous-vide, on comprend qu'on ait besoin de recourir aux paillettes pour y croire. Que voulez-vous, il en faut pour tous les goûts.
Revenons à la Taberna Herrerías avec un léger bémol: la carte liquide. Épaisse certes, mais pas inoubliable, sûrement empêtrée dans les contingences diplomatiques et commerciales locales. Donc, soit, comme dans toute région de production, on vient avec ses vins, soit on demande au fils d'Asunción, Eduardo (dont le frère Carlos est lui aussi aux fourneaux) une bouteille "hors-carte"; le repas sera alors tout simplement parfait (sauf pour les chichiteux cités dans les cinq alinéas du début…).  Comptez 50 € en vous lâchant un peu, c'est coûteux, je sais, mais d'un rapport qualité/prix plus intéressant qu'à Tickets ou dans les mangeoires d'autoroute (ce qui revient à peu près au même).



Commentaires

  1. En plus de nous donner soif, tu vas aussi nous donner faim ! De plus en plus ravie de te lire Vincent.

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  2. Vincent, tu m'enchantes. Il y a un front du refus en cours de constitution et c'est une bonne nouvelle. Le mondo-gastro et ses foodistas nous emmerdent et ne cessent de nous envoyer sur des fausses pistes, des adresses impossibles. Tous ces blogs affligeants qui recommandent tous la même soupe de racines terreuses et austères. Vive la vie de la table.

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  3. Grâce à cet article, nous sommes allés dîner à la Taberna Herrerías ce weekend, et nous n'avons pas été déçus! Eduardo et Carlos nous ont très bien reçu! Merci pour le tuyau!

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