Barcelone by night : le royaume de la pipe.

Un léger coup de sonnette sur l'interphone, deux mots. Ni la plaque sous les arcades, ni celle qui orne la lourde et rutilante porte d'entrée du principal (1er étage) de cet immeuble jadis cossu de la divine Plaza Real ne font mystère des activités nocturnes exercées dans ce lieu: vous pénétrez au Pipa Club. Cette association privée rassemble 400 membres, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes qui ont trouvé ici, dans un ancien atelier de peintre, leur discret point de rencontre.

La première chose qui vous frappe en poussant la porte, c'est la pénombre. Elle règne dès l'entrée puis dans les pièces qu'il vous semble distinguer en enfilade. Visiblement, il y a du monde, on entend, plus que des conversations, une rumeur, rehaussée de quelques rires. Peu à peu, vos yeux s'habituent. Des couples ici et là, quelques bougies, une ambiance qui tranche avec les néons verdâtres des cafés de la place où aucun touriste ne peut se douter une seconde de ce qu'il se passe ici.

Allons, les enfants! On se calme! On reprend ses esprits. Le Pipa Club, association trentenaire vaguement calquée sur les clubs anglais s'intéresse principalement aux instruments à fumer fabriqués à Saint-Claude et ailleurs. À l'origine, tout y était centré sur l'art de la pipe (ça me reprend, c'est lourd!); on continue d'ailleurs d'y organiser des concours de la pipe la plus longue, on y maintient un atelier de bricolage de la pipe et une collection des plus belles pipes du Monde entier. Outre la célébration des grands fumeurs au premier rang desquels Sherlock Holmes, il y est subsidiairement  question de musique, de tango, de jazz et le siège social de la Plaza Real est également devenu une sorte de cocktail-bar privé pour noctambules en quête d'originalité et, éventuellement, de discrétion.

 

A priori, l'entrée du Pipa Club est réservée aux membres, mais, messieurs, si vous laissez une douce voix féminine répondre à votre place à l'interphone, ça devrait pouvoir s'arranger sans inscription.