Roussillon bashing, la suite.

Même quand, au départ, les raisons ne sont pas réjouissantes, il est toujours agréable de voir un quotidien généraliste faire sa Une sur le vin. Ne serait-ce que pour le défendre.

Ainsi L'Indépendant aujourd'hui qui se joint au concert de ceux* qui se moquent du Roussillon bashing que j'évoquais il y a quelques jours. Comment en effet digérer cette phrase définitive, méprisante (et méprisable) de Rosemary George MW, "on ne va pas en Roussillon pour l'élégance"? Une phrase ridicule, un cliché qui sent bon le vintage, les a priori fondés sur un savoir étayé par des légendes œno-commerciales d'un autre âge. Si j'étais cruel (je l'écris souvent ça…), j'ajouterais qu'à aucun moment, dans les dix pages qui précèdent l'article de Decanter qui démolit les vins du Roussillon, dix pages consacrées aux cabernets de Californie, ne se pose la question de l'élégance. Il est vrai que le dit reportage est escorté d'une rafale d'autres pages, publicitaires celles-là, payées par les vignerons californiens.

Par parenthèse, j'ai adoré dans ce papier du journal catalan, l'idée, géniale et pleine d'humour, d'envoyer une caisse de vin du Roussillon à nos "amis" de Decanter, afin de les aider à se refaire le palais. "S'ils ont été aveuglés par une dégustation mal fagotée, écrit Stéphane Sicard, autant leur ouvrir les yeux sur l'incroyable diversité et l'immense potentiel de notre terroir viticole. Alors L'Indépendant se propose de faire parvenir à la rédaction de Decanter quelques bonnes bouteilles de vins du Roussillon. Des vins qui représenteraient ni plus ni moins que ce que le Roussillon a de bon à offrir à toutes les papilles. Aidez-nous à composer la caisse de vin idéale à envoyer aux Anglais en répondant dans notre formulaire ci-dessous. On s'occupe de la livraison!". Bravo! Le vin, du Roussillon notamment, a tellement mieux à offrir que des préjugés snobinards et mesquins. 

Espérons aussi que ceux qui sont en charge politiquement des vins des Pyrénées-orientales sauront rebondir et faire de cette déconvenue l'occasion d'un coup de projecteur. Et que, par réaction (positive), les lecteurs du quotidien trouveront là l'occasion d'un regain de fierté (fierté, pas chauvinisme), et d'amour pour les vins de leur région, qui le valent bien.

*N'oublions pas, avant L'Indépendant (dont on peut lire l'article ici), de citer Jacques Berthomeau qui, en bon connaisseur du Roussillon, a relayé le message dans son blog.