Nature 1 - El Bulli 0 ?

Peut-être une grande et belle nouvelle pour les amoureux du Cap de Creus, cet endroit sublime, symbolique, où les Pyrénées s'en vont mourir au levant, dans la Méditerranée. Je vous avais raconté, dans un épisode précédent, comment ce site d'exception, un des plus beaux parcs naturels de côte méditerranéenne était menacé par le vaste projet immobilier lancé par le cuisinier Ferran Adrià. Une véritable catastrophe et un bras d'honneur à l'État de Droit qui avait suscité une large mobilisation, bien au-delà des frontières espagnoles. Cette mobilisation aurait-elle payé?

Toujours est-il que le conseiller régional chargé de l'Aménagement du territoire, Agustí Serra, a révélé qu'au terme de la procédure d'enquête publique qui devait aboutir à la création d'une loi d'exception, d'une loi sur mesure concoctée par le gouvernement national-catalan pour elBulliFondation, Ferran Adrià a discrètement annoncé son intention de ne pas engager le projet. Le processus qui devait aboutir à la loi d'exception est donc paralysé par la Generalitat.

Ne crions pas victoire trop vite, les écologistes locaux, qui saluent ce premier succès, souhaitent rester mobilisés au cas où il s'agirait d'une manœuvre, d'un combine pour tenter de la jouer autrement. La pétition, signée par près de cent-mille personnes, est toujours en ligne, si ce n'est pas déjà fait, courez-y pour enfoncer le clou. Quoiqu'il en soit, même s'il faut effectivement demeurer prudent, difficile de ne pas voir ça comme un début de défaite pour le cuisinier-phare de la dream-team de la malbouffe, sponsorisée par Nestlé-Monsanto-Givaudan. 

Une grande joie d'écrire ces lignes, d'y croire encore, une grande joie qui, je le sais, sera partagé par la plupart d'entre vous. À cet instant précis, je pense à mon copain Ivo Pages, le vigneron de Cadaqués, amoureux du Cap de Creus. Tiens, je m'en vais d'ailleurs boire illico un coup son Pirata!