Toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche…
"C'était mieux avant!" Si ça, ce n'est pas un classique du Monde du vin. Notamment. Voulez-vous qu'on s'amuse à dresser la liste des Domaines viticoles où c'était mieux avant? C'est sans fin. Et parfois justifié, d'ailleurs…
Oui, la nostalgie est un des ingrédients fondamentaux, axiomatiques, contenus dans toute bonne bouteille de vin, je me demande même pourquoi on ne nous oblige pas à la mentionner sur la contre-étiquette au même titre que le degré alcoolique, les sulfites, le volume et tant d'autres indications qui changent tout le temps, qui tiennent de la place sans réellement informer le consommateur.
"C'était mieux avant!", c'est à peu près ce que je me suis dit en goûtant, il y a un bout de temps, le crozes-hermitage, Domaine des Lises 2008 de Maxime Graillot. Maxime, c'est un fils d'Alain, dont La Guiraude, vieille de préférence (pas par nostalgie mais parce que c'est un authentique vin de garde) me donne des frissons dans le dos, singulièrement l'époustouflante 90, mais dont j'ai adoré par exemple le générique 2009. Ce Domaine des Lises, pour y revenir, je l'avais trouvé aussi froid que son étiquette (vue après puisque c'était à l'aveugle), le millésime, certes, n'y était pas pour rien mais nous l'avions écarté assez brutalement. Le scénario s'est reproduit la semaine dernière avec un saint-joseph, celui à la livrée bleu canard. Il faut dire que de délicieux saint-jo', ces derniers temps, j'en ai goûtée une rafale, vraiment une appellation qui monte et qui regorge d'excellents rapports qualité/prix! Là, encore une fois, un vin froid, muet, absent, mais pas muet, par exemple, comme une Guiraude trop jeune dans laquelle on arrive à fouiller et à trouver. Le couperet, donc, était prêt à trancher, chez Graillot, "c'était mieux avant!". On commençait à en parler entre nous, y compris avec des experts des côtes-du-rhône septentrionaux, à tomber d'accord, la cause semblait entendue.
Et puis, hier soir, qui plus est sur un plat difficile, une épaule d'agneau aux fèves, tomatée et pimentée, j'ai abattu ma dernière carte: Domaine des Lises 2010, la livrée mauve de Mauves*. Quelle chair! Une belle définition de la syrah, ce qu'il faut de poivre, mais sans tomber dans le variétal pour touriste anglo-saxon. De la longueur aussi. Vraiment une belle bouteille, qui "goûtait bien", bue d'un trait. La seconde (voire la deuxième) aurait été la bienvenue.
* je sais, il est à Pont-de-l'Isère, que ce n'est pas lui qui fait son négoce à Mauves, mais je n'ai pas pu m'en empêcher…
La Pythie de Gérone a livré son oracle. Mais elle a bien raison.
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