Je n'ai toujours pas trouvé le point G!


Je ne suis vraiment pas doué pour les mondanités. Hier soir, je me l'étais promis, je ferais un saut à la G-Night organisée en marge du salon Alimentaria de Barcelone. Je l'avais évoquée début mars cette fameuse nuit du grenache, faisant mine de m'étonner qu'on organise une fête autour du vin dans une boîte bling-bling. Mais bon, il faut vivre avec son temps et, escorté du Dj de Gratallops et de son fan-club (private joke…), je suis allé à l'Ommsession.


"… Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fête ne dure
Que de dix-neuf heures jusqu'à minuit !…"


Eh oui! Vous avez raison, chère Anne Cannan, je n'avais qu'à mieux lire mon invitation (en catalan uniquement, histoire de donner une dimension internationale à l'évènement?), une nuit à Barcelone la sérieuse, ça ne dure pas jusqu'au matin*. À minuit, on vous balaie sous les pieds (je vous parlerai un jour d'une sommelière dont c'est la spécialité) et la bouteille de grenache de Cinderella se transforme en verre de gin-tonic…


Parce qu'évidemment, quand on travaille dans le vin en Espagne, dès qu'on enlève sa cravate (si possible avec barrette dorée) et ses chaussures pointues de technico-commercial, on se garde bien d'en boire. Le vin, c'est sale, ça fait péquenot! On évite même le mousseux (ça, je peux le comprendre…), il faut de l'alcool, histoire de rendre encore plus exceptionnels les chiffres de la consommation de vin dans ce pays. Et la Grenache-Night devient la Gin-Night…


Sur cette terre visiblement maudite par Dionysos, où l'on noie son identité dans le Hendrick's ou le Bulldog, merci, un immense merci aux rares résistants qui ont encore le goût du vin. Benoît Vallée, le "naturiste" de Barcelone qui, même à l'Ommsession a réussi à dénicher une (médiocre) bouteille de rouge. Malena Fabregat et son complice Marc Lecha, les "artisans" de Poble Sec à cause (grâce à?) qui nous sommes arrivés en retard à la G-Night; ils organisaient en début de soirée un off où l'on ne buvait rien d'autre que du jus de raisins fermenté, et pas n'importe lequel, le priorat de Fredi Fresquito Torres (le Dj de Gratallops) et les rioja, arlanza et navarra d'Olivier Rivière. Ces deux-là, deux des meilleurs exemples de la vraie nouvelle vague du vin espagnol, possèdent ce qui manque si cruellement à la plupart de leurs prédécesseurs nourris en batterie aux masterclasses et aux minables diktats parkériens: la culture et l'amour du vin, relevés de ce qu'il faut d'humour, d'humilité et d'audace.


* à titre d'exemple, la G-Night de Montpellier, pendant Vinisud, s'est achevée sur le coup des cinq heures du matin…

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