Le paradis, ça ne se calcule pas.
La veille, vous avez trop bu. Ça s'est passé à Gérone, sœur catalane d'Albi, vieille ville sublime à mon goût, approximative aussi, oublieuse parfois du plaisir de l'autre. Renfrognée. Commerçante de son corps mais pute sans cœur. Peu importe, deux amoureux, des jolis Italiens vous montrent que ce n'est pas toujours triste Venise.
Et là, c'est le lendemain, vous vous réveillez dans le lit tendre d'une pensión* que le "progrès" va effacer, parce que dans cette Catalogne immobiliariste, il faut avant tout détruire, faire table rase, pour se donner l'impression qu'on construit un avenir radieux. Bref, c'est le lendemain matin du Grand Soir, vous ne vous souvenez même pas que, dopé par un époustouflant Maghani 2008, vous vous êtes gentiment embrouillé avec un bistrot** de la calle Pujada de Sant Domènec, il fait beau, votre thé vert n'est pas en place et il faut passer à autre chose.
Alors, vous sortez votre joker: "on va déjeuner à la mer!" Au paradis, en fait, comme ça, à l'improviste. C'est à trente kilomètres de là, à S'Agaró, Villa Más, lieu de turpitudes calibrées, restaurant côtier mais pérenne. Je sais, en balançant cette adresse recuite, que pour le coup je ne suis pas réellement un défricheur, un découvreur de nouveaux talents. Ma myopie congénitale (cela étant visiblement moins grave que celle du guide des pneus ou de ses héritiers branchés) me pousse à revenir épisodiquement vers des lieux où je vois clair. Direction, donc Sant-Feliu-de-Guíxols et la belle plage de Sant-Pol où se dresse, face à la Méditerrannée, cette maison au charme suranné.
À Villa Más règne Carlos Orta Cimas, je le répète, mon premier Master of Wine espagnol (comme je l'expliquais ici). Il est là, d'ailleurs sur le pas de la porte, à attendre la foule du dimanche. Toujours cette même tronche, on a l'impression que comme nous il sort du lit. Carlos Orta, pour ceux qui ont raté les épisodes précédents est surnommé le "Catalan bourguignon" car il est tombé amoureux de la Bourgogne, il y a une dizaine d'années, jusqu'à en faire presque sa seconde patrie. Sa carte des vins est une carte aux trésors: en pinot et en chardonnay, il de tout, qui plus est à des tarifs parfois inférieurs sur table à ce qu'on va payer chez un caviste! Du jeune, du vieux, du classique, du plus rock n' roll, du prestigieux et du gourmand. Nombreux d'ailleurs sont les vignerons qui viennent ici écluser des bouteilles introuvables ou intouchables en France.
Mais le Villa Más, ce n'est pas qu'une carte des vins incroyable avec laquelle on peut se permettre, comme hier midi, un duel Raveneau/Dauvissat sur un millésime qui commence à se goûter (04). Non, c'est aussi un restaurant, un vrai. Sûrement un des meilleurs de la côte catalane. Des produits de la mer, évidemment, apportés en direct par les pêcheurs du coin qui en profitent pour venir boire le coup au bar mais aussi du beau cochon (en provenance de la ferme des Rovira à Sàgas) qui pour le déjeuner dominical a par exemple donné naissance à un magnifique riz rustique (au Carnaroli, svp!). C'est Carlos, chef autodidacte qui fait la cuisine, et c'est tellement bon qu'on ne se croirait pas au restaurant! Et puis il y a ce lieu, et cette ambiance qui rend tout meilleur, un mélange de décontraction et de professionnalisme; jamais de stress, de serveurs qui marchent vite, de tension apparente, à Villa Más, on est en vacances, on se détend, comme l'exception qui confirme la règle énoncée dans ce billet qui a fait tant scandale à Barcelone la semaine dernière.
Non, là, on est chez des gens normaux, gentils et fous. Fous parce que certains soirs, ça peut dégénérer, surtout quand Carlos met son casque et se souvient qu'il a été Dj; il nous est même arrivés, à des heures avancées de la nuit, d'y voir des filles danser sur le bar. Mais ça, à S'Agaró, ça n'étonne plus grand monde…
À Villa Más règne Carlos Orta Cimas, je le répète, mon premier Master of Wine espagnol (comme je l'expliquais ici). Il est là, d'ailleurs sur le pas de la porte, à attendre la foule du dimanche. Toujours cette même tronche, on a l'impression que comme nous il sort du lit. Carlos Orta, pour ceux qui ont raté les épisodes précédents est surnommé le "Catalan bourguignon" car il est tombé amoureux de la Bourgogne, il y a une dizaine d'années, jusqu'à en faire presque sa seconde patrie. Sa carte des vins est une carte aux trésors: en pinot et en chardonnay, il de tout, qui plus est à des tarifs parfois inférieurs sur table à ce qu'on va payer chez un caviste! Du jeune, du vieux, du classique, du plus rock n' roll, du prestigieux et du gourmand. Nombreux d'ailleurs sont les vignerons qui viennent ici écluser des bouteilles introuvables ou intouchables en France.
Mais le Villa Más, ce n'est pas qu'une carte des vins incroyable avec laquelle on peut se permettre, comme hier midi, un duel Raveneau/Dauvissat sur un millésime qui commence à se goûter (04). Non, c'est aussi un restaurant, un vrai. Sûrement un des meilleurs de la côte catalane. Des produits de la mer, évidemment, apportés en direct par les pêcheurs du coin qui en profitent pour venir boire le coup au bar mais aussi du beau cochon (en provenance de la ferme des Rovira à Sàgas) qui pour le déjeuner dominical a par exemple donné naissance à un magnifique riz rustique (au Carnaroli, svp!). C'est Carlos, chef autodidacte qui fait la cuisine, et c'est tellement bon qu'on ne se croirait pas au restaurant! Et puis il y a ce lieu, et cette ambiance qui rend tout meilleur, un mélange de décontraction et de professionnalisme; jamais de stress, de serveurs qui marchent vite, de tension apparente, à Villa Más, on est en vacances, on se détend, comme l'exception qui confirme la règle énoncée dans ce billet qui a fait tant scandale à Barcelone la semaine dernière.
Non, là, on est chez des gens normaux, gentils et fous. Fous parce que certains soirs, ça peut dégénérer, surtout quand Carlos met son casque et se souvient qu'il a été Dj; il nous est même arrivés, à des heures avancées de la nuit, d'y voir des filles danser sur le bar. Mais ça, à S'Agaró, ça n'étonne plus grand monde…
* La pensión Bellmirall, charmante maison aimablement tenue, vraiment ce que l'on appelle une bonne petite adresse, à deux pas de la cathédrale. Malheureusement, la locataire actuelle s'est vu signifier la fin de son bail, la pensión sera remplacée d'ici un an ou deux par un hôtel moderne, diseño, sûrement…
** au sens ancien, qu'on traduit aussi par taulier ou tenancier, pas le lieu, mais celui qui le gère.
bonjour,
RépondreSupprimerQuel dommage,ne pas avoir connu ce blog opératoire plus tôt. Je me suis arrêté deux jours dans ce bled S'Agaro, bien propre sur lui avec ces petites cabines de plage à la taille mannequin et aux couleurs pastels, mais impossible de trouver une âme charitable pour m'indiquer le bon endroit. Entre ces restau sur les bords de mer comme on peut en côtoyer pour touristes non avertis et très tolérants du côté de Valras voire pire Cap d'Agde et un soi disant très bon, pas meilleur que le Ségala dans mon bled La Selve près de Réquista, je n'ai pas su trouver le bon tempo des papilles. Et là tu me balances, Villa Mas avec ce chef éclairé d'ombres humanistes, en un lieu où l'on peut festoyer en dégustant et tu transformes l'essai avec des créatures sur le bar, donc là aussi des nanas normales qui préfèrent le pinard au blanc limé (pardon champagne)Tant pis, je vais être obligé de refaire mon chemin de croix pour trouver du bonheur, mais il n'y a pas de liberté sans contraintes. Amicalement.
Oui, Jean-Louis, ça mérite! C'est bon et on y est bien.
SupprimerBon, ben ça me fait une adresse de plus ! Merci tenancier...
RépondreSupprimerD'autant que toi, tu es presque voisin. Tu ne seras pas déçu. Parmi les grands classiques (magnifique accord avec le pinot), il faut goûter son riz aux gambas de Palamós. Et ses anchois, aussi, absolument remarquable, de Cantabrie, évidemment.
SupprimerCe que j'aime le plus, je crois, ce sont les astérisques, ces petites étoiles qui nous rappellent en fin de billet la justesse de tes mots. Comme un rappel à l'ordre parce qu'il ne faut pas se tromper, ni trop s'égarer...alors on remonte de quelques lignes pour découvrir ce qui nous a échappé. Ha oui, j'aime ça. Merci Vincent !
RépondreSupprimerMerci, ma chère. Oui, je crois que ça donne un peu de relief.
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