Vive la cantine !


Regardez bien ce cuisinier. Il s'appelle Christophe Demangel, et c'est un des plus grands chefs de France. Oh, pas du genre à aller poser deux fleurs de chez Métro au coin d'une grande assiette vide, où à passer sa vie à la télé: il a des bouches à nourrir, lui! Quatre-cents cinquante couverts très exactement, tarif quotidien au déjeuner.
Malheureusement, comme le veut la règle du genre, il sera impossible au commun des mortels de pouvoir réserver une table, il affiche complet tous les jours. Alors, histoire de vous faire saliver, voici juste une photo de son établissement. Il est installé au cœur du pays du comté et du côtes-du-jura, à Poligny.


Au collège Jules-Grévy, Christophe Demangel fait un boulot que la quasi-totalité des restaurateurs a oublié: il cuisine! Pire, il cuisine avec du bon, avec du local, souvent même du bio! Comme un énorme pied-de-nez aux industriels de la malbouffe et aux vampires du pousse-caddie.
Regardez, ces derniers jours, il est allé acheter une génisse, de race limousine, directement chez l'éleveur, Rémy Jacquier, à Saint-Bonnet-en-Bresse (agréé bio). Et cette génisse, les collégiens la mangeront des pieds à la tête, en tripes, en braisés, en steaks… Même quand il fait un hamburger, le chef utilise du local, le pain de son boulanger de Poligny et bien sûr du comté.


Au passage, le chef, qui se dépense sans compter, a aussi embarqué deux cochons comtois chez son voisin Laurent Mottet, à Planes, c'est-à-dire à quinze minutes du collège. Le porc, les élèves de Jules-Grévy auront la chance de le découvrir sous toutes ses formes: jambon persillé, pieds en gelée, pâté de campagne, pâté de tête… Si ça, ce n'est pas de l'éducation au local!


Car si Christophe Demangel devrait être un exemple pour une restauration rongée par le cancer de la malbouffe, il l'est aussi pour l'Éducation nationale. Et c'est avec une immense joie que je vous annonce qu'aujourd'hui (alors que les députés français devraient tenter de discuter de "l'ancrage territorial de l'alimentation"), il recevra très solennellement les palmes académiques. Pour une fois qu'on ne décerne pas une décoration à un opportuniste ou à un lèche-cul…
Bravo donc à cet enseignant du goût ! Ce n'est pas avec des discours mais avec des actes comme les siens que l'on peut espérer refaire le palais de ceux qui ont été maltraités au lait maternisé, aux "petits pots", au Nutella, au Caca-Cola, à la pizza surgelée, au McDo puis aux merveilles de Métro, Davigel, Nestlé & cie. Que l'on fait vivre et perdurer une culture.
Vive la cantine!




Commentaires

  1. Ouais, ben tu vois, ça donne fichetrement envie de retourner à l'école ! ;-)

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    1. D'autant que tu vois, ce n'était pas mieux avant: http://www.wat.tv/audio/carlos-je-prefere-manger-cantine-m9wr_2guvj_.html

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