Master of Wanker?


C'était la bouteille de la soirée. Après s'être rafraîchis du rosé de Négrette, nous avons versé ce vin noir aux contours violacés dans nos verres. Un cahors 2011, vous imaginez ça, au beau milieu de l'été 2012? Ben oui! Le nez sent encore la cuve tandis que, comme le veut le style de ce vin, en bouche, le fruit explose. Personnellement, ce qui m'impressionne davantage, c'est la qualité des tanins, plus élégants, me semble-t-il, que ceux du délicieux 2010. J'essayerais bien ce joli cot sur du canard de Barbarie. Non, j'essayerai ça…


Ce vin, vous avez vu l'étiquette, il s'agit des Escures, la cuvée gourmande de Fabien Jouves, du Mas del Périé, à Trespoux-Rassiels. J'aime beaucoup le style de ce cahors né sur le calcaire du causse, un cahors dont l'originalité consiste à ne jamais connaître le bois, afin de préserver la pureté de son fruit. Et j'en parle aussi parce qu'il y a quelques mois, j'avais été abasourdi par le commentaire qu'en avait fait, au milieu d'un panégyrique consacré au Canard-Duchêne rosé et à une flopée de vin espagnols de supermarché, un des ces jurys qui déguisent les bouteilles en volailles de concours. Deux-points, ouvrez les guillemets: "Très direct sur le fruit (baies), beaucoup d’amertume et de sucre résiduel. Concentré mais doté d’assez bien d’amertume (sic). Il est étonnant de constater qu’à Cahors, on tente d’imiter le Nouveau Monde." Il s'agissait alors du 2010 à l'intérieur duquel je recherche toujours activement le "beaucoup de sucre résiduel". Quant à la phrase sur le Nouveau Monde, je la trouve juste con.


Tout le monde, moi le premier, dit beaucoup de bêtise en dégustant. D'où l'intérêt de faire sans cesse appel à cette humilité qui évite justement de trop passer pour un gros con, en l'occurrence pour un con magistral puisque ce jury était mené par un "Master of Wine", l'Espagnol Pedro Ballesteros Torres. Je ne connais pas ce monsieur dont les qualités sont probablement immenses, mais, c'est imparable, en regoûtant Les Escures m'est revenue cette phrase d'un des plus grands vignerons australiens*: "MW? You mean Master of Wanker?"


* Pour qu'il n'y ait pas d'équivoque, et que je parlais il y a quelques jours de lui, ce vigneron australien n'est en aucun cas Richard Kinzbrunner.

PS: j'y pense, tant qu'à prendre du plaisir avec des vins qui défrisent les bégueules, jetez-vous aussi sur la syrah 2011 de Plageoles et remettez le nez dans ma chère On l'appelle négrette 2010 de chez Arbeau.


Commentaires

  1. Une belle bouteille que Les Escures 2011... et les 3 autres cuvées de la gamme de Fabien Jouves révèle dans leur registre cette même osmose entre un cépage, un vigneron et sa terre. De beaux vins de terroir quoi !

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