Une insolation?
J'essaye d'entrouvrir les volets soigneusement cabanés, l'haleine brûlante de l'été languedocien vient brouiller l'air frais de la cuisine. Le linge a séché en moins d'une demi-heure. Même à l'ombre, il fait chaud, le sifflement du vent du Nord a cédé sa place aux cigales. Tout à l'heure, en remontant de Félines, dans la côte, le goudron commençait à coller sous les pneus de mon bon vieux Van Moof. Là, il est quinze heures, les gens honnêtes font la sieste. Les autres font semblant de travailler. À midi, on a du renoncer à déjeuner sous le figuier, il n'y a que des étrangers pour manger dehors par ce temps!
On a bien mangé d'ailleurs. De la saucisse, hachée gros, rafraîchie de tomates jetées quelques secondes dans la poêle, du pain de Pépieux et du vieux Comté de La Ferme, fournisseur officiel (hormis pour le chèvre!) de tous mes copains du Minervois* dont quelques lords de Sa Majesté. Bien mangé et bien bu. J'étais descendu au village goûter les dernières mises du Sorcier, Michel Escande, à Borie de Maurel. Comme gourde, pour la côte du retour, je me suis embarqué un de ses grands trésors, L'esprit d'automne, le 2011 n'est pas encore à la vente, ça vaudra hyper cher, dans les six-sept euros et, comme mon docteur dit qu'en cas de canicule il ne faut pas oublier de s'hydrater, j'ai sifflé la bouteille. J'adore cette fraîcheur, presque un peu "vicieuse", ce côté végétal mûr qui fait presque un peu cabernet. Ce côté "cabernet", ça me fait d'ailleurs penser à la première fois que Jean-Paul en a bu, alors qu'on était en train de pique-niquer à la chapelle de Centeilles, avec Xira, Jean-Marie Amat et lui. Le problème, c'est que L'esprit d'automne, c'est un vin de boit-sans-soif. J'aurais du en prendre deux, malheureusement, j'attends toujours le porte-bagages de mon vélo, commandé il y a six mois à Barcelone (bravo la proverbiale efficacité moulin-à-ventesque catalane!). Du coup, il m'en manque, il me faut redescendre. Pour remonter ensuite. Chienne de vie…
Dans la maison, tout le monde dort encore. Comme je suis réveillé, je lis les journaux, les pieds nus sur les carreaux de ciments "climatisés". Le Monde me parle de foot féminin aux Jeux olympiques et du clientélisme de Cécile Duflot, Libération du rêve de Barnier d'une "fédération européenne", El País des attermoiements espagnols à appeler à la rescousse (ça finit par faire penser au capitaine du Costa Concordia…). Mais, c'est en parcourant Le Figaro que je comprends que la chaleur m'a fait du mal: "Schwarzenegger devient professeur à l'université". Je répète, "Schwarzenegger devient professeur à l'université". Soit c'est L'esprit d'automne, mais je sais que le Sorcier et son fils ne frelatent pas, soit c'est la chaleur. C'est sûr, c'est la chaleur, j'ai pris un coup de chaud en montant la côte de Calamiac. Peut-être même une insolation! Je prends une douche froide et je retourne faire la sieste. Saloperie de vélo, saloperie de soleil…
* À La Ferme, à Carcassonne, on achète du fromage, bien sûr mais aussi du vin et les meilleurs harengs du Monde. En prime, on va gaiement se piquer la ruche au bar à vin mitoyen ouvert par le fils de la maison, Romain Fiorotto.
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