L'eau parfaite?
Je parle beaucoup de vin mais je suis aussi un gros consommateur d'eau. Et, par expérience, je sais que boire de la bonne eau, c'est compliqué. Autant dans le vin un "défaut" peut se transformer, par conjonction ou combinaison, en une qualité, autant dans l'eau, il saute immédiatement aux yeux et devient facilement rédhibitoire. De plus, comme pour le vin (plus exactement, comme ça devrait être pour le vin…), chacun à son propre goût de l'eau. Personnellement, mon ennemi, c'est la "minéralité", je déteste les eaux très salées, lourdes, qui me donnent plus soif qu'autre chose. J'aime beaucoup aussi "l'eau à bulles", ce qui ne me simplifie pas la tâche.
À Barcelone, boire de l'eau, pour moi, est un cauchemar. Ça fait longtemps que j'ai arrêté de commander une bouteille d'agua con gas au bistrot ou au restaurant; la plupart du temps, on vous apporte fièrement un Vichy Catalan (de nombreux Catalans sont persuadés que le vichy, comme Christophe Colomb, c'est catalan…*) et là, vous avez l'impression de boire de l'eau de mer avec en prime des bulles aussi grosses que des petits pois ou que celles des mousseux industriels du Penedès! Pour ceux qui n'ont jamais goûté le Vichy Catalan, imaginez une verre de la délicate et so chic Chateldon, eh bien, c'est exactement l'inverse. Pour faire diversion, on peut aussi vous servir de la Malavella, c'est pire: 1115mg/l de sodium! Il faut, en fait, rechercher des eaux du Nord-Ouest de l'Espagne, moins vulgaires, mais, ostracisme oblige, elles sont évidemment très peu distribuées en Catalogne.
En France, c'est un peu plus facile. Pour ce qui est de l'eau plate, je suis fan de la Mont Roucous, d'une incomparable pureté. Mais il n'est pas toujours facile d'en trouver hors de sa région d'origine, Midi-Pyrénées; sa source se situe dans le Tarn, vers Lacaune. En bulles, désolé de faire snob, je me régale de la Chateldon. Mais, dans les marques plus courantes, la Salvetat, cousine de la Mont Roucous, fait aussi parfaitement l'affaire.
Le problème de toutes ces eaux en bouteilles, c'est justement la bouteille. et, sans faire d'evajolysme, le polluant transport de ces bouteilles. Quand je suis à la campagne, en général, l'affaire est facilement résolue; on connaît tous des sources où l'on va tirer de quoi boire et faire la soupe. En ville, c'est un peu plus compliqué! L'eau du robinet, ce serait bien, écologiquement bien, mais soyons honnêtes, son odeur et son goût sont souvent détestables. À Barcelone, c'est carrément un poison, elle sent tellement mauvais que même en usage externe, en prenant une douche, certains jours, c'est gênant! Et la Brita ou les filtres de ce genre n'y peuvent pas grand chose.
La solution idéale, ou presque, je l'ai trouvée il y a une paire de jours, sur mon "aire d'autoroute préférée", à l'Hôtel de l'Horloge, à Auvillar. C'est une espèce de machine grise qu'on vous décrit en détail sur ce site. Ça s'appelle CRYO et c'est fabriqué par une entreprise basée à Aix-en-Provence. La machine, qui dispose de micro-filtres et d'une lampe à ultra-violets, refroidit et, à la demande, gazéifie l'eau du robinet; on peut même choisir la taille des bulles (Codorníu ou Vouette & Sorbée…). Le résultat, dans le verre, est épatant, l'autre midi, nous avons du en boire trois ou quatre litres! J'aimerais vraiment essayer ça sur mon thé vert matutinal. Pour le restaurant, l'avantage, c'est qu'on peut ainsi tirer un trait sur la pénible manutention des caisses de bouteilles d'eau, sans parler du stockage… Pour conjurer l'effet Château La Pompe, l'eau filtrée est servie au clients dans des flacons identifiables (en photo au début de ce billet) qui permettent de rassurer les amateurs de labels. Un seul bémol, le coût de cette petite merveille: environ trois cents euros par mois en location. À la maison, c'est un peu cher, au restaurant, c'est tout à fait jouable, certains établissement n'hésitent pas à facturer sur l'addition l'eau filtrée. Pourquoi pas après tout? La perfection a un prix.
*D'ailleurs, en cherchant quelques infos techniques sur le Vichy Catalan, je suis tombé par hasard sur ce blog qui évoque avec humour le nombrilisme et l'ethnocentrisme catalans, et je dois dire que c'est assez bien vu.
Décidément, tu sais nous mettre l'eau à la bouche :-)
RépondreSupprimerFrançois
De temps en temps…
SupprimerPour une fois, ton lien est bien plus marrant que tes Histoires d'O !
RépondreSupprimerIl m'a bien plus aussi!
SupprimerEn vous lisant, parfois je me demande pourquoi habitez-vous en Catalogne, étant donné que vous trouvez l'endroit si affreux. Cela vaut la peine? Enfin, une eau minérale petillante bonne à boire et -incroyable- catalane! http://www.aiguadevilajuiga.com/
RépondreSupprimerFrançois Martin.
Cher François, je n'ai pas directement choisi d'habiter dans cette région d'Espagne, ce sont les choses de la vie… Pour répondre à votre question, si l'on s'intéresse comme moi à une gastronomie saine, naturelle, sans bling-bling, effectivement, ce n'est pas l'endroit que je conseillerais en premier!
SupprimerPour ce qui est de la Vilajuïga, je l'ai bien évidemment déjà goûtée, ça reste quand même extrêmement salé: 568mg/l, moitié moins que sont ces "eaux de mers" de Vichy Catalan ou Malavella, mais ça fait encore beaucoup. Goûtez l'eau filtrée dont je parle et vous comprendrez.
J'ai fait il y a quelques années une formation sur l'eau dans le but de l'appliquer à la biodynamie de ma ferme... J'y ai appris que l'eau de pluie était la pire d'un point de vue sanitaire et qu'il valait mieux éviter de la donner aux animaux, à moins de la traiter... L'eau en bouteille, ben le mieux, c'est de la faire analyser et de ne pas avoir peur du résultat!
RépondreSupprimerEn conclusion (je ne peux pas vous parler en détail de la formation car c'est très complexe et j'aurais besoin de 3 pages!)nous la filtrons nous mêmes et la dynamisons afin que les traitements (homéo, huiles essentielles etc...) soient plus actifs et mieux assimilés par les animaux. Et ça marche bon sang!
Nous avons finalement appliqué le même remède, à nous même et à nos chers clients... L'important, je crois pour comprendre l'eau, c'est de l'imaginer sortant de la roche et gonflant un petit torrent en passant de cailloux en rocher, faisant des tourbillons et des tourbillons, c'est là que naît la notion de dynamisation. Un mot bien savant pour quelque chose de finalement si naturel...
PS: Dis donc Vincent ce ne serait pas pour une femme que tu vis en Catalogne? :)
Tout à fait d'accord, Fred, j'aime beaucoup l'image du tourbillon.
SupprimerPour le PS, c'est exact, comme je l'expliquais plus haut ce n'est pas un choix lié à cette région, à l'hospitalité et à l'ouverture d'esprit de ses habitants. Et encore moins à sa cuisine chimique.