J'aime la promesse du soufre!


Oui, j'aime ça, j'aime cette odeur au printemps, surtout en ce début de printemps tardif, cette poudre jaune qui vient souligner le relief de la feuille, les pleins et les déliés du carignan notamment qu'on croit voir s'offrir, s'ouvrir, lascif. J'aime ce geste, ce travail "à la boîte", je sais ce qu'il coûte de larmes quand le soleil se lève, l'odeur de la peau quand ensuite coule la douche. J'aime ce parfum qui sent la vigne; pour moi, il présage du renouveau: la promesse de l'aube, le paradis perdu. En aucun cas l'enfer.


Soufrer, verbe de printemps, geste classique. Avant de sulfater, puis, de sulfiter, moments distincts, vocables précis avec lesquels les profanes se prennent les pieds dans le tapis. La langue française, la langue vigneronne aussi est belle comme le printemps (surtout quand on évite de la faire souffrir). En cette saison tordue, jalouse, je slalome entre la lumière et les nuages, cherchant des routes au tracé encore incertain, à l'occasion d'un safari-photo en Corbières. Loin du Monde, au cœur de la réalité pourtant, celle des paysans qui se fichent bien des rumeurs de la ville et des modes de ceux qui l'habitent.


Qu'il est bon de rouler en C15, de boire du vin à la tireuse. Je me souviens il n'y a pas si longtemps de la phrase d'une soit disant professionnelle de la sommellerie qui avait tout appris dans des livres d'importation. Sans intelligence ni délicatesse et, surtout, sans cœur, sans âme. Une fille épaisse aussi sensible aux choses de la vigne que moi à la dentelle de Calais. Et encore… Elle goûtait en se pinçant le nez un de ces vins de village qui sont la fierté de ceux pour lesquels le vin n'est pas qu'un concept. "vino de pueblo" trancha-t-elle, péremptoire, elle dont la culture bacchique, étalée comme de la mauvaise confiture de supermarché, faite d'étiquettes, de prix et de notes, flirte avec le zéro pointé.
C'est de ça et de tellement d'autres sottises, d'autres boniments du Mondovino dont on guérit dans ce pays où le temps marche à pieds.





Commentaires

  1. Ah le C15 des campagnes !
    L'empereur des "bartassiers",l'improbable croisement entre mulet et chameau :increvable et sobre à la fois.Un peu de blanc pour lui,du rouge pour le chauffeur -l'inverse marche bien aussi mais gare a pas croiser les "bleus"- et en voiture Simone !!!

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    1. Très sérieusement, il y a quelques minutes à son volant, je regardais la jauge, et une fois de plus, je me demandais si ce véhicule en roulant ne générait pas du carburant…

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  2. Comme l'inconfort du C15 et les brulures du soufre sont doux depuis le clavier de son ordinateur... à se demander pourquoi la viticulture est en crise et l'agriculture a du mal à recruter !

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    1. L'inconfort du C15 est assez relatif, j'arrive d'un dîner de l'autre côté de la montagne à bord de ce fier destrier, frais comme un gardon, merci Citroën!
      Pour ce qui est de la brûlure du soufre, ou de toute autre souffrance, la vie nous enseigne que notre mémoire, optimiste, ne conserve que le bon. Elle a raison!
      Concernant les autres questions, elles méritent, c'est vrai, d'être posées.

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  3. Non, je ne suis pas un collabo...rateur, non je n'ai pas de curiosité malsaine hihi, mais qui c'est qui c'est qui c'est, cette "amazone" du vin. Mais merde, même quand ce breuvage n'était pas toujours bon, comme j'aimais "le bourrut" dans ces coteaux improbables de Clairvaux à boire ce Marcillac nouveau avec mes vieux paysans de l'époque qui me disaient "a vist a cop pitchou" (phonétique) "tu as vu ça petit". Il ne nous manquait plus que cette élégante du vin, pour qu'il répète à nouveau la même symphonie en patois.

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