Après le gel, réchauffons le cœur des vignerons de Loire!


Il y a des phrases que ceux qui ont un peu de bouteille dans le vin comprennent immédiatement. Comme celle, malheureusement, ce matin à Bourgueil, de Philippe Boucard: "c'est comme en 91!" Le gel, la gelée noire qui avait dévasté une grande partie du vignoble français, amputant gravement les récoltes. Je me souviens avoir vu de vieux vignerons pleurer.


Ce matin, donc, à quinze jours des fameux saints de Glace, alors que le temps était clair, à cinq heures du matin, au pied du Mont Sigou, le thermomètre a commencé à dégringoler, parfois jusqu'à -6°C. Un violent coup de gel qui a dévasté de nombreuses parcelles de l'appellation chère à Jean Carmet. Plusieurs propriétaires dont Philippe Boucard (souvenez vous de la merveilleuse visite de sa cave racontée l'été dernier) parlent d'ores et déjà de dégâts considérables. Seules les vignes les plus hautes, ou le haut des parcelles les plus hautes auraient été préservés.
En fait, il s'est également confirmé, comme on le craignait, que le phénomène est assez général et concerne une grande partie de la Vallée de la Loire. En plus de Bourgueil, les appellations environnantes du pays du breton* ont elles aussi été touchées. Ainsi en Chinon, du côté de Cravant-les-Coteaux ou à Saint-Nicolas, mais aussi en Touraine, à Montlouis, Vouvray, et, dans une moindre mesure, à Saumur et en Anjou.
Enfin des nouvelles alarmantes me sont arrivées, via Fred Niger du Domaine de l'Écu, du Muscadet où des parcelles auraient été détruites à 100%. Gel aussi en Fiefs vendéens avec une récolte amoindrie de 50%.


Impuissants, comme toujours face aux fléaux atmosphériques, il ne nous reste, à nous amants du vin, qu'une chose à faire, soutenir les vignerons de Bourgueil et de toute la Vallée de la Loire en achetant et en buvant les bouteilles des millésimes précédents. En buvant tout! Même si cela ne résoudra pas les lourds problèmes financiers qui vont se poser, au moins nous pourrons dans un premier temps leur réchauffer le cœur. J'avais commencer hier soir, par hasard mais avec bonheur, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin!



* Le gel a également frappé ces derniers jours et la nuit dernière en Bourgogne, en Côte chalonnaise, Côte de Beaune, Côte de Nuits et Chablis. Des dégâts à prévoir, atténués dans les appellations "riches" ou des moyens de lutte, chaufferettes et asperseurs d'eau ont pu être mis en œuvre.



Commentaires

  1. "Comme en 91": exactement la phrase que vient de me dire Michel Thibault, vigneron à Bourgueil, sur la route qui va vers Gizeux. Hormis les parcelles qui sont sur les coteaux, le reste est foutu à 70%...
    A Benais, un autre vigneron me dit surtout qu'il craint un nouveau coup de gel la nuit prochaine...

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  2. Je crois hélas que le pire a pu se produire. Le gel est au vigneron ou à l'arboriculteur ce que le loup est au berger : des moyens de défense dérisoires, des yeux pour pleurer.

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  3. Je reproduis ici la lettre aux vignerons de Philippe Boucard, président su Syndicat des Vins de Bourgueil, avec une précision: une légende attribue l'introduction de la vigne à un moine de l'Abbaye de Bourgueil, mais la présence de traces de villa romaine à Benais (avec un squelette de cheval!) laisse supposer une introduction bien antérieure. Des aides publiques pour la protection de notre originalité viticole est certes nécessaire mais la vente directe au détail constitue une plus-value gratifiante par rapport au négoce en gros. Chacun peut donc apporter une contribution agréable et volontaire en achetant quelques bouteilles ou en profitant des initiatives locales: caves ouvertes, "Bourgueillothérapie" foires aux vins...
    http://www.vinbourgueil.com/article.php?id=2

    Les Infos des Vins de Bourgueil du vendredi 28 avril 2016

    Chers Collègues,

    Ce que chacun d’entre nous redoute le plus est arrivé : une lame de froid venue directement du pôle a fauché notre AOC.

    Les situations des exploitations sont très variables, tout le monde a été touché, mais certains d’entre nous ont tout perdu. Je ne sais pas trouver les mots pour les réconforter.

    Votre ODG va essayer d’obtenir le maximum de mesures d’accompagnement de l’Etat, mais nous savons tous que ce sera dérisoire au vu de l’étendue du malheur. Les plus anciens ont connu 1991, mais à cette époque l’économie de nos exploitations était bien meilleure.

    Nous avons été sollicités par les médias le lendemain même du désastre.
    Nous avons volontairement évité de sombrer dans le catastrophisme. Nous ne ferons pleurer personne, nous les avons informé du malheur qui nous a touché, et avons demandé aux personnes qui voulaient être solidaires avec nous de boire une ou plusieurs bouteilles de Bourgueil. Car la pire des choses, et nous avons déjà par le passé fait cette erreur, serait que le consommateur se détourne de notre vin, en confondant le gel et la mauvaise qualité.

    Courage à tous, restons groupés et solidaires. Bourgueil a 80 ans, ce n’est pas une catastrophe naturelle qui abattra le travail de 5 générations de vignerons.

    Philippe BOUCARD

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