La Porsche, le feu, les vignes, la pollution.
Il y a des images qui marquent une époque, qui la peignent mieux que des mots. Plutôt autour du feu, d'ailleurs, ces jours-ci, les images de la France, ce qui nous réchauffe vaguement en ce milieu de printemps sans cœur, calamiteux pour tant d'amis vignerons.
Feu de voiture, d'abord, feu citadin, militant, révolutionnaire. La Porsche est en passe de devenir la nouvelle Rolex, le symbole de cette réussite forcément honteuse si l'on croit un discours qui se veut dominant dans l'Hexagone. En tout cas dans les soviets médiatiques.
Il y a eu cette Porsche un peu vintage taguée parce que Porsche, à Paris. Tout à l'heure à Nantes, une autre, plus fraîchement sortie du garage, incendiée. Feu purificateur?
Feu de voiture, d'abord, feu citadin, militant, révolutionnaire. La Porsche est en passe de devenir la nouvelle Rolex, le symbole de cette réussite forcément honteuse si l'on croit un discours qui se veut dominant dans l'Hexagone. En tout cas dans les soviets médiatiques.
Il y a eu cette Porsche un peu vintage taguée parce que Porsche, à Paris. Tout à l'heure à Nantes, une autre, plus fraîchement sortie du garage, incendiée. Feu purificateur?
Il y en a d'autres pourtant qui passent la nuit debout, ces temps-ci, les vignerons de pas mal de régions de France que le gel empêche de dormir. Malheureusement, avec les dégâts d'hier, certains n'ont pas fini d'avoir des insomnies à cauchemarder sur les fins de mois difficiles. Comme je l'écrivais en racontant leurs malheurs, soutenons-les en buvant leurs vins. De Loire, de Bourgogne, du Beaujolais…
Ce gel a été l'occasion dans certaines parcelles d'appellations huppées (dont les propriétaires roulent peut-être en Porsche?…) d'assister à un spectacle aussi angoissant que magique*, ce combat, avec les moyens du bord, contre le froid, contre la mort d'un millésime. Le feu encore, ces chaufferettes, ces bougies allumées** pour éviter que la température passe sous le seuil critique en deçà duquel…
Mais voilà que me sont arrivés plusieurs messages, tous de la ville. De Paris en l'occurrence. Il y était question de "l'atteinte à la Nature", d'une "horrible" pollution de l'air et des sols, de cette fumée qui, un peu comme celle bien plus habituelle des feux de sarments à la taille, vient tacher l'air transparent et glacé. On notera au passage que c'est justement parce que le ciel est pur et sans tache que le gel peut noircir la vigne.
J'imagine que ceux qui, en pleine tristesse vigneronne, récriminaient de la sorte n'utilisent jamais ni voiture, ni avion, ni train, ni lumière, ni chauffage, ni douche, ni cuisinière, ni réfrigérateur, ni téléphone, ni téléviseur, ni ordinateur. J'imagine même que certains d'entre eux (qui comme notre Président de la République "n'aiment pas les riches) ont trouvé un petit côté "Robin des Bois" à ceux qui ont fait brûler cette Porsche nantaise. Sans trop se poser la question de la pollution d'ailleurs…
* Photos Bourgogne aujourd'hui, © Thierry Gaudillère. Voir également le reportage photo d'Aurélien Ibañez, ici sur sa page Facebook.
** On utilise également un autre système, l'aspersion d'eau sur les vignes (ci-dessous), qui même sans fumée visible n'est pas nécessairement moins polluant.
Ça me rappelle aussi les arguments des vendeurs du fameux PEL101GV, soit-disant la solution miracle et tellement plus écologique pour échapper au gel des vignes.
RépondreSupprimerMagnifiques photo. qui me rappellent les nuits passées à surveiller le thermomètre dans les grands crus chablisiens. De mémoire, j'officiais dans les Preuses et les Bougros. Au lever du jour, nous repartions pour la journée de travail des vins. Pendant qu'une partie de l'équipe gérait la zone aspergée jusqu'au retour des températures positives. L'eau pompée dans le Serin retournait au Serin. J'ai aussi des images de vingt ans de ce ciel bleu incendié par le soleil levant en-dessous duquel flotte un curieux brouillard noir, dernier indice de notre activité nocturne. Je me souviens les appels de William vers une heure du matin : "Christophe, on va g'ler. Réveillez Fernand et rendez-vous à la Maladière." L'organisation des équipes, les thermos de café chaud, le ballet des véhicules dans la nuit, les discussions avec les voisins une fois en place pour la longue attente dans le vignoble. Souvent pour rien, fort heureusement. Incroyable débauche d'ingéniosité et d'énergie (sans jeu de mots) pour sauver les futurs fruits. Toute l'équipe dégageait une énergie noble, celle de la conscience professionnelle qui fait se surpasser pour la bonne cause. Et nous sommes encore bien loin de la récolte à cette époque. Le cycle végétatif ne fait que démarrer. Courage à tous les acteurs de ces zones menacées par les caprices de Dame Nature. Nous sommes tous solidaires dans la résistance.
RépondreSupprimerMerci pour ce témoignage, Christophe.
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