Le vin de Zaha Hadid
À l'opposé du vin moche dont je parlais avant-hier, reconnaissons un mérite aux Espagnols (souvent avec la complicité financière de l'Europe), celui d'avoir avant les autres inventé l'architecture des caves du XXIe siècle. Du Priorat à la la Rioja, sont sortis du sol des chais spectaculaires (parfois trop*…) qui ont contribué à rénover l'image du vin. En vrac, me viennent à l'esprit la soucoupe volante sixtie's encastrée dans la montagne de Sergi Ferrer-Salat, entre Porrera et Falset, la bodega Ysios signée Calatrava à Laguardia qui répond au relief de la Sierra de Cantabria, ou les impeccables lames de béton de Marc Bournazeau, en Empordà, à Terra Remota.
Une grande architecte, aux œuvres reconnaissables nous a quitté cette semaine, Zaha Hadid. Tous les amateurs de rioja se souviennent d'un de ses plus petits travaux, pour y être allé acheter quelques bouteilles d'un des blancs les plus intéressants d'Espagne, Viña Tondonia. Elle avait créé, autour du kiosque ancestral intégralement préservé, une de ces formes semblables à une calligraphie arabe caractéristiques de son style. Contrastant avec l'architecture si XIXe du quartier de la gare de Haro, la boutique de la famille López de Heredia demeure un lieu étonnant, qui dit le vin autrement, dans un langage contemporain. Profitons-en donc pour saluer la mémoire de Dame Zaha Hadid, et n'oublions jamais la vertu architecturale de la viticulture, inventrice de bâtiments et de paysages qui redessinent depuis des siècles notre environnement.
* J'ai parfois une tendresse pour une architecture plus modeste, à l'image de cette bodega mexicaine poétique évoquée ici.
Goûté au domaine l'année dernière un splendide Tondonia Blanco Gran Reserva 1973 ... (et le GR Tondonia 1968 rouge était magnifique aussi).
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