Pousser un caddie, c'est cochon.


À chaque fois que je publie un article sur les désastres provoqués par la grande distribution apparaissent ici et là, sur les réseaux sociaux, des sages, de libre-penseurs indépendants qui cherchent à me ramener à la raison. "Il faut se rendre à l'évidence, m'expliquent-ils, on ne peut pas vivre sans le pousse-caddie". Je me demande bien comment nos ancêtres ont survécu sans… 
À ces considérations sur la normalité, s'ajoutent généralement des accusations plus ou, moins polies de boboïsme (bobo, le mot qu'on dit quand on n'a rien à dire), et, en option quasi-obligatoire des considérations attristées sur cette époque où l'on n'a pas le temps, oublieuses de toutes les activités chronophages (les vacances, la télé, Internet…) qui rendent "indispensable" ce choix "si pratique" d'aller rejoindre le troupeau banlieusard des amoureux du parking et du néon.
Enfin, comme une coup de massue, intervient l'imparable argument de la pauvreté. Plutôt mis en avant par des gens qui n'ont pas de problème de fins de mois, il vise à me clouer définitivement le bec en prouvant au passage que je suis un salaud, un immonde, un sans-cœur incapable de comprendre qu'il est essentiel que les moins bien lotis aille se faire dépouiller au supermarché.


N'en rajoutons pas une louche, tout cela ne sont que justifications, un rideau de fumée pataud destiné à tenter de camoufler des paresses et des choix non assumés. On va pousser des caddies parce qu'on décide de le faire, on ne cuisine pas parce qu'on décide de le faire. Ce n'est pas nécessairement agréable à lire mais c'est ainsi.
Si je vous reparle de tout cela, c'est parce que le WWF* vient de publier des chiffres édifiants en la matière, un classement des vingt-cinq entreprises françaises les plus nuisibles pour l'environnement, et d'après vous qui truste les premières places?**…



* On notera d'ailleurs au passage l'indépendance du WWF qui a (avait?) Carrefour comme mécène.
** Les abonnés (gratuits) peuvent en lire plus ici dans Les Echos. On y apprend notamment que sur les cinq cents entreprises les plus polluantes de la planète, on compte autant de françaises que d'américaines.


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