Vive "l'ultra-libéralisme" !
Avant tout, je tiens à vous présenter mes excuses. Parce que je sais que je vais ennuyer beaucoup de monde avec ma chronique d'aujourd'hui. On va parler non pas de vins, mais de "matières sèches", de capsules très exactement. Et de cartons. De ce qu'il y a autour du vin. De politique aussi. Voilà, je vous l'avais dit, j'en vois déjà qui baillent au fond de la classe.
L'été dernier, j'étais, simultanément, occupé à créer l'habillage de deux séries de bouteilles, l'une en Espagne, l'autre en France, les deux avec le même statut. Pour les étiquettes, pas de problème, on a imprimé à Barcelone, chez le grand couturier de la spécialité*; délais, qualité, prix, tout a été tenu. Égalité parfaite.
Là où ça s'est corsé, c'est quand on est passé aux capsules, donc, et aux cartons.
Les cartons, en Espagne ont été fabriqués dans les quinze jours, livrés une semaine plus tard. En France, ils viennent d'arriver: le manque de personnel, les RTT, les délais techniques…
Et puis sont venues les capsules. Trois semaines de délai en Espagne. Couleurs personnalisées et mise en relief sur la tête, automatiquement, ça plombe un peu, mais bon, le fournisseur y est arrivé malgré le sacro-saint mois d'août ibérique. En France? Ben, en France, on attend encore. Oui, parce qu'il fallait l'avis des Douanes. Parce que les capsules, en France, c'est technique, il y a cette "Marianne" que Jacques Reynaud ne voulait poser sur ses Rayas en raison de ses convictions royalistes…
C'est important, la "Marianne", la capsule-congé comme on disait avant, "représentatives de droits", l'impôt qui coûte plus cher qu'il ne rapporte mais qui occupe tant de monde dans les bureaux. Et dans les caves (car ce serait trop simple pour le vigneron qui n'a que ça à faire de gérer ses stocks exports sans cet impedimentum). Une vraie spécificité culturelle, une authentique exception française, symbole d'une jungle administrative franchouillarde, d'une bureaucratie digne de l'ère soviétique, noyée sous la paperasse, les formulaires inutiles et le jargon de fonctionnaire.
C'est important, la "Marianne", la capsule-congé comme on disait avant, "représentatives de droits", l'impôt qui coûte plus cher qu'il ne rapporte mais qui occupe tant de monde dans les bureaux. Et dans les caves (car ce serait trop simple pour le vigneron qui n'a que ça à faire de gérer ses stocks exports sans cet impedimentum). Une vraie spécificité culturelle, une authentique exception française, symbole d'une jungle administrative franchouillarde, d'une bureaucratie digne de l'ère soviétique, noyée sous la paperasse, les formulaires inutiles et le jargon de fonctionnaire.
Pour en revenir à notre petite histoire, le vin de l'Espagnol a été mis sur le marché, et vendu avec ses jolies capsules personnalisées et ses cartons dès le mois de septembre, à l'heure actuelle ("au jour d'aujourd'hui**…), une bonne partie doit déjà être débouchée et bue. Celui du Français attend encore dans le chai, messieurs-les-ronds-de-cuir ont fini par bien vouloir se sortir les doigts du cul, mais trop tard pour commander les capsules prévues, il a fallu, "dans l'urgence", urgence évidemment artificielle, créée de toutes pièces par les parasites du système, opter pour des capsules standard, moches qui devraient arriver "bientôt" et qui forcément dénaturent l'habillage des bouteilles.
Ce retard, si on est optimiste, "à la française" (c'est-à-dire résigné), on ne le voit que comme un léger contretemps. Il est évidemment aussi question d'argent, d'immobilisation, de perte de crédibilité, voire de marchés. Il est question d'un pays de fonctionnaires, de vieux, de conservateurs qui crient au loup dès que l'on veut réformer quoi que ce soit à leurs (mauvaises) habitudes.
Alors, je sais ce que vont me balancer, épaulées par la "Police de la Pensée", les belles âmes qui croient encore faire l'opinion, je suis un odieux "ultra-libéral", ennemi du Service public, du Peuple et cætera, et cætera. Je ne le pense pas, je crois en revanche qu'en ce domaine et dans tant d'autres, il serait temps que la France passe au XXIe siècle.
Alors, je sais ce que vont me balancer, épaulées par la "Police de la Pensée", les belles âmes qui croient encore faire l'opinion, je suis un odieux "ultra-libéral", ennemi du Service public, du Peuple et cætera, et cætera. Je ne le pense pas, je crois en revanche qu'en ce domaine et dans tant d'autres, il serait temps que la France passe au XXIe siècle.
* Armadans, la Rolls de l'étiquette, qui a d'ailleurs pris le risque d'ouvrir une filiale au nord des Pyrénées, à Toulouges, ÉtiFrance. On verra si la qualité suit.
** C'est un article amusant, à lire ici, qui me fait penser à ce ridicule double pléonasme.
Cette "police de la pensée" sera cependant d'accord pour qualifier le gagnant du premier tour des primaires de conservateur ultra-libéral !
RépondreSupprimerLoïc
Bonjour,
RépondreSupprimer"je crois en revanche qu'en ce domaine et dans tant d'autres, il serait temps que la France passe au XXIe siècle": chiche ? puisque les politiques et technocrates de notre pays semblent bien mal avisés en matière de vin, ne serait-il pas utile que les bonnes âme au fait de la chose vinique, Vous, Hervé Bizeul par exemple et bien d'autres certainement aussi constituent une liste de "tracasseries" à résoudre ? A l'heure où les impétrants voudront nos suffrages on pourrait avoir leur avis sur la chose. Libres à eux ensuite de ne pas tenir leur engagements...
et merci pour ce blog très souvent intelligent, et heureusement pas seulement.
Bien cordialement,
Francois Renault-Mihara