Les primeurs de Droite.
Je l'avais lu dans le journal, la cause était entendue, la France allait boire du bordeaux, tendance graves de midi, à partir de mai 2017 et pour les cinq ans à venir. Les oracles de la politique, tels ceux du vin, ont la certitude facile, et incontestable. Et puis, comme dans toute campagne (avez-vous noté qu'on utilisait le même terme pour la primaire que pour les primeurs?), sont venus les échanges, les affrontements, les débats, sortes de grandes dégustations comparatives de la politique où certains seconds crus jouent des coudes, et, à défaut de briller, se montrent sous un meilleur jour que les premiers consacrés par la tradition commerciale.
Le vin est compliqué, c'est aussi ce qui fait son charme. La politique l'est également, j'ai un peu de mal à lui trouver du charme, on y célèbre des piquettes qui y sentent davantage le sapin que l'envahissant merrain. Le point commun entre ces deux activités, c'est qu'avant l'heure, c'est pas l'heure. On a des pronostics, des tendances, des sondages, mais tant que le bulletin n'est pas dans l'urne, que le bordeaux n'est pas dans la bouteille…
Donc, selon les derniers commentaires de dégustation, avant même le second tour des primeurs, François Fillon sera le prochain président de la République française. C'est une hypothèse probable, même s'il en existe d'autres*. Pour utiliser un vocabulaire qu'affectionne tout particulièrement ce natif du Mans**, nous allons nous intéresser, uniquement sous l'angle pinardier, à la seconde séance d'essais officiels, déterminante quant à la grille de départ du grand Prix de France du printemps prochain.
Respectons l'ordre d'arrivée de la "primaire" séance d'essais. Place d'abord à François Fillon qui, même si nous sommes très loin des volumes girondins, vient d'un département viticole. Outre le fameux jasnières, on produit dans la Sarthe une partie des coteaux-du-loir et des coteaux-du-vendômois qui nous offrent ici et là de jolis chenins et d'enjôleurs pinots d'Aunis.
Toujours est-il que le programme électoral de celui qui fut cinq ans durant le "collaborateur" d'un abstème, tel que présenté par son site internet, comporte au chapitre Agriculture, une page consacrée à la viticulture. Personnellement, même s'il n'est pas question de la Loi Évin, je retiens un terme: cesser "de diaboliser le vin".
Toujours est-il que le programme électoral de celui qui fut cinq ans durant le "collaborateur" d'un abstème, tel que présenté par son site internet, comporte au chapitre Agriculture, une page consacrée à la viticulture. Personnellement, même s'il n'est pas question de la Loi Évin, je retiens un terme: cesser "de diaboliser le vin".
"En 2015 la filière "vins et spiritueux" était le deuxième poste contributeur à la balance commerciale de la France avec un solde positif de 7,9 Mds d’euros. Cette position peut être développée.C’est une filière d’excellence, mondialement reconnue pour ses vins de qualité, identifiés par leur terroir.Nous devons soutenir la filière viticole dans sa démarche raisonnable et responsable en matière de lutte contre l’alcoolisme, en cessant de diaboliser le vin, sans pour autant renoncer à nos objectifs de santé publique par une éducation positive à la modération plutôt que par des campagnes prohibitionnistes culpabilisantes et inefficaces.
Propositions :
– soutenir politiquement la conquête de marchés dans les pays tiers, en Chine, aux Etats Unis, par des négociations bilatérales d’accords douaniers favorables aux produits français.
– défendre les Indications géographiques dans les accords internationaux pour échapper à un marché mondial de produits génériques.
– mettre en place une campagne de communication positive sur la modération, notamment en direction des jeunes.
– généraliser le principe du VCI (Volume complémentaire individuel) qui permet aux viticulteurs de stocker les excédents pour les réutiliser en période de faible production."
Du côté d'Alain Juppé, rien dans le programme du site Web, ni d'ailleurs dans le cahier spécial Agriculture (téléchargeable après un petit slalom spécial numérique), ce qui n'a pas manqué de m'étonner de la part du maire de Bordeaux qu'on voit plus rarement qu'à son tour un verre à la main. À ce sujet, la gazette (en la personne du jeune Victor Dhollande-Monnier) nous apprend qu'Alain Juppé a décidé, durant la campagne, de virer au sarkosysme pinardier: fini le coup d'entre-deux-mers sur les tricandilles, de bas-médoc sur l'entrecôte.
Cela étant, le numéro deux du premier tour des primeurs, multiplie les allusions au vin. Lors de ses discours et déplacements, comme ici à Saint-Drézéry dans l'Hérault quand il s'en prend au protectionnisme, ennemi du Commerce et des exportations, ou bien sûr lors de l'inauguration de "son Guggenheim", la Cité du Vin, sujet qu'il aborde ici, davantage sous l'angle architectural Concrètement, on lui doit aussi de nombreuses mises en avant de notre boisson préférée, à l'image de Bordeaux fête le vin.
Pour le trouver plus virulent, il faut aller fouiller le Net, jusqu'au blog de Nicolas de Rouyn où Alain Juppé se décoince un peu pour aller s'en prendre aux lobbies qui font du mal à la viticulture.
"Nous sommes fous. La filière viti-vinicole est une des plus belles richesses de la France. En terme de commerce extérieur, c’est le deuxième poste, il est pourvoyeur de milliers d’emplois. On a fait labelliser la gastronomie française par l’UNESCO, le vin fait partie de notre culture, de notre patrimoine. Et voilà que quelques lobbies sont en train de nous planter. J’ai dit que je signerai la pétition [lancée en 2013 pour soutenir les acteurs de la filière face au prohibitionnisme]. Lorsque j’étais parlementaire, j’étais très actif. J’ai toujours milité. Que l’on fasse des actions de prévention, de pédagogie sur la modération, ce que font mes amis québécois avec Éduc’alcool, me paraît plus pertinent. Dans la Cité des civilisations du vin, il y aura des parcours réservés aux enfants scolarisés. C’est un art de déguster, une joie de percevoir et de reconnaître les arômes. Cette transmission les conduira, plus sûrement que l’interdit, vers une consommation modérée."
Mise en bouteille dimanche prochain, intronisation et dégustation à l'issue.
* Comme celle d'un réveil, médiatico-parisien au moins, d'une Gauche remotivée par l'arrivée d'un candidat de Droite de Droite (ce n'est pas une faute de frappe).
** membre du comité de direction des 24 heures du Mans, et de l'Automobile Club de l'Ouest que préside son frère cadet Pierre Fillon. Ça ne fait pas très écolo, nature, tout ça, tout ça, mais c'est comme ça.
"Alain Juppé a décidé, durant la campagne, de virer au sarkosysme pinardier: fini le coup d'entre-deux-mers sur les tricandilles, de bas-médoc sur l'entrecôte."
RépondreSupprimerDécidément, quand ça veut pas comprendre… Enfin, une erreur de plus et, à la fin, tout s'explique.
Et merci pour le lien
RépondreSupprimerDe nada, camarade…
SupprimerAhhh... les tricandilles...
SupprimerC'est à vous remonter le moral de n'importe quel résultat électoral ça...
On en retrouve à Toulouse d'ailleurs, discrètement, pour qui connait les bonnes adresses...
Merci Vincent, un bon article, pertinent et impertinent, riche et gouleyant. Indispensable!
RépondreSupprimerGracias, Nadine. Pertinent et impertinent, c'est le tarif de base.
SupprimerBon Vincent, quand même, faut-il rappeler comme son gouvernement a été efficace sur le sujet en un quinquennat complet ?C'est fou comme on oublie qu'en France le premier ministre peut, s'il en a une paire, lancer des sujets s'il les juge si essentiels.
RépondreSupprimerGrand diseux, petit faiseux ... On ressert un coup de la même soupe un peu plus poivrée ? Sûr ?
C'est exact, pour le premier. Gouvernement dont faisait d'ailleurs partie le second.
Supprimermerci pour cet éclairage….Utile très utile
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