Quand le vin fait la pub.


Chut ! Publicité et vin, en France, pour cause d'Évin, il est interdit de marier ses deux mots. Dans un exceptionnel exercice de casuistique, les zélateurs de cette loi concoctée par l'âme damnée du sinistre de la Santé au nom de capitale viticole* nous ont même parfois expliqué que ce texte génial, forcément génial protégeait le vin des assauts de l'alcool. Passons…
Pourtant, en ce jour de beaujolais-nouveau**, de liesse populaire, où les projecteurs seront braqués sur elle, comment ne pas faire un clin d'œil au versant "grand-public" de notre boisson préférée? D'où l'idée de cette compilation de spots publicitaires, étrangers pour la plupart (Évin-Cahuzac oblige), cocasses généralement, qui chantent commercialement le vin.


Alors bien sûr, avant que la lumière (et l'antidépresseur) soit, du temps de la réclame, donc, on a vendu du vin sur les écrans français. C'était il y a bien longtemps, avant que nous ne soyons nés, à l'époque du Kiravi, Gévéor et autres "velours de l'estomac" qui, comme je le soulignais ici, ne communiquaient pas si mal que ça. Époque symbolisée par les étonnants petits films de la marque Le Postillon. Moteur!


Ça, c'était la préhistoire, Vian, Jean Mineur, les années cinquante… Désormais, en France, au pays des directeurs de conscience, ce qu'on raconte sur le vin, ça ressemble davantage à ce qui suit. Santé!


Eh oui, boire, c'est mal. Mais tant qu'à parler du Mal, du Diable, je trouve que les Brésiliens le font avec un peu plus de talent que les moralo-prohibitionnistes français.


Restons dans le religieux, dans le sacré en tout cas, avec les liens indissolubles du mariage et le charme des nuits de noce à l'ancienne. Incroyable pub, en 2006, pour les crus de Macédoine, le vin en est doublement l'acteur principal, empêchant la consommation du mariage et effaçant par sa trace indélébile, sanguine, les carences du jeune époux. 


Comme pour démentir la précédente, une publicité espagnole d'une grosse fabrique des environs de Barcelone. On y explique qu'au contraire les bulles du mousseux local réveillent le macho ibérico qui dort en vous. Spot assez surréaliste lui aussi, destiné aux clients belges, gros consommateurs de cava.


Puisqu'on est dans la roteuse, une belle vengeance féminine(iste?), celle proposée par une marque sud-africaine de Stellenbosch, 5th Avenue Cold Duck. Le mythe de Roméo & Juliette en prend un sacré coup dans les gencives. Toutes des s…


En comparaison, les Bordelaises semblent beaucoup plus prudes, voire pudibondes si l'on en croit ce message du Château La Levrette.


Allez, ne cédons pas au clichés et aux généralisations. Elles ne sont pas toutes comme ça. Pas plus que tous les Géorgiens sont aussi mal élevés, pardon, fiers, que leurs vins quand ils les présentent (officiellement) à des Anglais un peu coincés du cul. Shocking !



La mauvaise image des autres, justifiée ou pas, on en revient avec ce message en forme de sarcasme de la filiale hollandaise de McDonalds. C'est de Paris, de ses sommeliers et de ses restaurants qu'on se moque. Et malheureusement…



Paris, la France dont le vin avait servi de tête-de-Turc au moment de la reprise des essais nucléaires en 1995. Ce spot pacifiste très politique est norvégien.


Pour conclure de façon tout aussi politique, mais joyeuse, une publicité clandestine, tournée à l'instant dans l'antre naturiste de Barcelone, à L'Ànima del Vi. Le rideau est encore baissé, mais Benoît Valée (i Núria) y fête à la fois ce soir ses dix ans de pinarderie catalane*** et, bien sûr, l'arrivée du beaujolais nouveau****. "Une fête populaire" insiste-t-il à l'intention des buveurs qui se croiraient au dessus du lot.





* Eh oui, Cahuzac, l'ami des labos, cf. Cahuzac-sur-Vère, patrie gaillacoise des Plageoles qui longtemps nous ont expliqué sur les traces d'un proverbe chinois prêté à Confucius, que "ce n'est pas le vin qui enivre, c'est l'homme qui s'enivre".
** Et autres vins primeurs issus des AOP françaises, comme gaillac par exemple…
*** Dix ans à vendre du vin à Barcelone, mais pas mal d'autres auparavant à l'étudier et à en faire, auprès notamment de Didier Barral.
**** À L'Ànima, ce sera ceux de Bénier, d'un élève de Lapalu (Sylvère Trichard) et du classique Château Cambon.



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