Pour Noël, dévorez, lampez des livres !
Eh oui, plus que quelques heures avant le passage du Père Noël… Et vous ne savez toujours pas ce que vous allez offrir à Tante Gertrude ou à Cousin Hub'? Soyez fous, poussez la porte d'une librairie, oui, vous savez ces jolis magasins pleins de bouquins, ceux en tout cas qu'on n'a pas encore transformés en boutiques de fringues ou de téléphones. Attention, hein, j'ai dit une librairie, ne me faites pas le coup du pousse-caddie, sinon, j'appelle le Père Fouettard!
Alors, par charité chrétienne, pour faciliter la tâche de ce pauvre Papa Noël qui, comme beaucoup de commerçants, va travailler trente-cinq heures en deux jours, j'ai dressé une petite liste de cadeaux en papier, pleins d'idées liquides et solides pour ceux que vous aimez.
Débutons par un rappel: avant qu'il ne soit épuisé, procurez-vous La Ferme de la Ruchotte de Fred Ménager, Julie Gerbet et Pierre Acobas, superbe témoignage d'un cuisinier-paysan qui prouve que manger du vrai, c'est encore possible. Indispensable, je dors avec.
À l'inverse, je me sens obligé de refaire ce matin un petit coup de pub pour le livre-enquête de mon camarade Jörg Zipprick, ¡No quiero Volver al restaurante! (Je ne veux plus retourner au restaurant!). Le grand reporter de Stern y dénonce l'intrusion de l'empire de la Malbouffe dans les cuisines gastronomiques, grâce à la complicité de professionnels dévoyés, espagnols notamment. Pourquoi, je vous ressors ce bouquin? Parce que malheureusement il n'est pas démodé, au contraire! Ce matin encore, on m'a mis sous les yeux la réclame réalisée par un cuistot "vu à la télé", qui met beaucoup d'entrain à promouvoir une des saloperies sucrées qui contribuent au moins autant que le Nutella, le Caca-Cola et le McDo à détruire le goût des générations futures. Je l'ai connu il y a peine dix ans au Château des Reynats à
Chancelade, en Dordogne, défendant les produits du terroir périgordin…
Revenons dans le monde comestible, avec un manuel de cuisine. D'une certaine façon, il me rappelle, en plus technique, un livre qui faisait fureur quand j'étais gamin, Vive la Cuisine jeune! de Dorine et Bruno Oliver. Le titre est volontairement provocateur: La cuisine, c'est aussi de la chimie. Voila vraiment le cadeau pour celui ou celle qui a envie de faire à manger, qui y met de la bonne volonté, mais qui rate tout; c'est didactique, bourré de croquis, de trucs pratiques expliqués de façon scientifique mais amusante, de choses à faire (ou à ne pas faire) et c'est signé Arthur Le Caisne. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais, sincèrement, bravo, cette œuvre utile va en décoincer un ou deux!
Dans un tout autre registre, que vous avez le droit de trouver incongru, j'ai bien rigolé en parcourant Les pizzas des grands chefs, comme son nom l'indique, demande à des chefs d'établissements étoilés comme le Crillon de donner leurs interprétations de la pizza, le tout sur des photos de l'insolente Chloé des Lysses qui les photographie comme des rockers. Ce qui me fait marrer dans ce bouquin, pourtant sponsorisé par un livreur de pizzas, c'est qu'il explique aux gens qu'une pizza, c'est con comme comme la lune de la faire soi-même à la maison. J'ajoute au passage que ça peut coûter moins cher qu'une merde congelée de supermarché. Eh oui, mes amis, le soir du réveillon, il y en a, notamment votre petit neveu, qui préféreront peut-être une pizza à un chapon, autant leur mettre de mauvaises idées dans la tête!
Je passe très très vite sur la monographie de la truffe écrite par Sophie Brissaud en collaboration avec la famille Pébeyre de Cahors. Non pas que ce livre ne me passionne pas, au contraire, mais je souhaite y revenir bientôt, avant Nouvel An, en vous racontant en même temps le meilleur brie que j'ai mangé de ma vie et qui ne sentait pas le gaz. Teasing…
Faisons maintenant un détour par le Canada, par Montréal, car je ne vous oublie pas chers lecteurs francophones du Monde entier. Et là, du Québec, j'ai entre les mains un bouquin magnifique, recueil élégant de recettes courtes et efficaces. Il est cosigné par Sylvain Côté et François Longpré, dits Les touilleurs, du nom de leur boutique-concept de l'avenue Laurier. C'est vraiment très chic et j'adore la devise des deux compères, "parce que la technique libère", qui pourrait également être celle du livre d'Arthur Le Caisne.
Un tout petit bouquin qui traite de vin, enfin, vous le savez, je n'aime pas trop les bouquins sur le vin; comme le Guide des Pneus, ils me donnent souvent des envies d'autodafé. Mais là, c'est différent, il y a du style, du désir, de la soif. Enfin un auteur qui nous emmène, via ses envies, sur les ailes du vin! En fin un peu de fraîcheur et de spontanéité. L'auteur de cette antithèse de la masterclass à la con s'appelle Grégory Nicolas, il a écrit (c'est vraiment écrit) La part de l'orage (agrémenté par des dessins sympas de Singeon). J'aurais envie de vous en faire lire un extrait, des extraits, mais c'est un tout petit livre, à glisser dans sa poche, côté cœur, un petit livre qui ne coûte vraiment pas cher, 8,50€, donc, vous n'avez qu'à filer chez le libraire, vous vous l'offrez, vous filez dans le bistrot d'à-côté, le dévorez, le lampez en même temps qu'un bonne bouteille. Ce sera votre petit Noël d'égoïste.
Excellente idée, maître Vincent. Hélas, il y a un "prerequisite". Il faut pour cela qu'on sache lire et qu'on en ait l'envie!
RépondreSupprimer