Je suis le capitaine de mon âme.

Si vous avez sous la main un flacon de Klein Constantia, n'hésitez pas: sa douceur australe vous guérira, comme elle a atténué la tristesse d'un empereur déchu. Sinon, il vous reste ce poème, "son" poème de Robben Island.

     "Dans les ténèbres qui m’enserrent,
      Noires comme un puits où l’on se noie,
      Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
      Pour mon âme invincible et fière,

      Dans de cruelles circonstances,
      Je n’ai ni gémi ni pleuré,
      Meurtri par cette existence,
      Je suis debout bien que blessé,

      En ce lieu de colère et de pleurs,
      Se profile l’ombre de la mort,
      Et je ne sais ce que me réserve le sort,
      Mais je suis et je resterai sans peur,

      Aussi étroit soit le chemin,
      Nombreux les châtiments infâmes,
      Je suis le maître de mon destin,
      Je suis le capitaine de mon âme."
                Invictus, 1875, William Ernest Henley

Il vous reste ce poème, mais aussi cet hymne bigarré qu'écoutait religieusement un jeune homme à la casquette verte et aux cheveux grisonnants. C'était il y a un peu plus de 18 ans, le 24 juin 1995 à l'Ellis Park de Johannesburg. Les Springboks (qui jouèrent à seize si l'on compte le jeune homme à la casquette verte et aux cheveux grisonnants) se préparaient, avec à leur tête François Pienaar devenu "capitaine de son âme", à battre les All-Blacks en finale de la Coupe du Monde de Rugby.