Finis ta coupette, mon gros loup!
Voila, c'est la fin d'une époque. Le niveau scolaire des jeunes Français, déjà bien bas selon les agences de notation, ne va pas s'améliorer: comment les instituteurs pourront-ils leur apprendre la syntaxe? "On va chez le coiffeur et au bordel! Compris, Toto?" Parce que nos députés, parangons de vertu, l'ont voté cet après-midi, les bordels, le tapin, Lulu la Nantaise, c'est terminé, plié, mort et enterré. Les sénateurs devraient leur emboîter le pas, ils savent eux aussi que la Tolérance, il n'y a plus de maisons pour ça.
Bon, je ne vais pas vous jouer l'ancien combattant, vous raconter ma gêne quand dans un Palais de Justice quercynois, je me suis retrouvé par hasard nez-à-nez avec Grudet, Fernande, l'imaginant plutôt décorée pour services rendus que, décoiffée, menottes aux poignets. Et Lautrec, vous y pensez à Lautrec, à ces tableaux que lui ont inspiré La rue des moulins, là où justement il avait élu domicile. Et la littérature, cette abondante littérature qui fait sentir l'odeur des bordels à tous ceux qui n'y avaient jamais fichu les pieds. Vous vous souvenez des manières de Belle-de-Jour? De sa peau blanche rosissante?
Les prostituées (et leurs collègues masculins) seront-elles les gagnantes de l'opération du jour? J'en doute. Mais, à défaut de régler les problèmes profonds du pays, ça a de la gueule, ça fait avant-gardiste, et ça éloigne encore un peu plus le fantôme de DSK. Et puis, on ne sait jamais, à 1500€ la passe, pardon l'amende (pour chaque client pris le pantalon sur les chevilles), l'État va peut-être renflouer ses caisses. Qui a dit proxénète? Non, je crois que le grand gagnant du jour, c'est l'hypocrisie, une certaine idée de la Morale, celle en tout cas qui confond les bonnes et les belles idées.
N'empêche qu'en tant que Français, si l'on se place sur le terrain vinicole, on a le droit d'être inquiet de cette loi en devenir. Eh oui! Et le champagne dans tout ça? Parce que le bordel, c'est aussi la bulle, donc, "finis ta coupette, mon gros loup!", c'est également terminé. Désormais, les amateurs d'amours tarifées vont devoir pratiquer l'exil sexuel. En Allemagne, dans les Eros Center, ça va nous donner du "finis ta chope, meine große Wolf!", idem en Belgique. Pour les amoureux de l'effervescence, restera l'Italie et son prosecco, et bien sûr l'Espagne où le puticlub tient dans chaque ville une place au moins aussi importante que l'église. Et, là encore, ce sera la double peine: "finis ton cava, mi gran lobo!" Les temps changent.
Toujours cette plume, cette verve et cette écriture qui ne manque jamais d'images ..... J'aime ! :-)
RépondreSupprimerCe que personne ou presque n'a noté, c'est que cette loi constitue une régression majeure au plan des valeurs "éducatives"que la gauche avait largement portées et incarnées dans l'après-guerre. Il s'agit une nouvelle fois, non d'abolir, parfait exemple des prétentions extravagantes de certains États modernes, mais de réprimer la prostitution. Le fait que cette condamnation porte désormais sur le client ne change rien à l'affaire, mais donne à cette pantalonnade la saveur finale qu'elle mérite.
RépondreSupprimerFranciacorta pour l'Italie, Vincent !
RépondreSupprimer