Un petit verre d'armagnac pour combattre la grêle.
C'est reparti pour un tour avec ces maudits orages qui, une nouvelle fois, traversent la France en diagonale, du Sud-Ouest à la Champagne. La grêle est tombée, déjà, du côté du Bas-Armagnac, à la frontière des Landes et du Gers, sur ces terroirs bénis où l'on distille un des seuls alcools forts dont je suis épris. Pourvu, pourvu… Il n'y a pas grand chose à faire, grand chose à dire face à ce bombardement céleste. Prier pour ceux que la foi n'a pas quitté, ou boire un coup. Pour moi, ce sera un fond de vieil armagnac, de ceux qui ont traversé les âges. On me dit que la grêle a touché les environs de Labastide-d'Armagnac, eh bien, ce sera du Boingnières, de la famille Lafitte, un Cépages nobles 85. Mais où est donc passée la bouteille? J'espère que je n'ai pas tout sifflé. Ou sinon du Laberdolive, toujours à Labastide-d'Armagnac, au Domaine de Jaurrey. Ou un trésor de chez Darroze. Ou celui, plus rustique, du Domaine d'Ognoas, celui "d'Emmanuelli", celui du Conseil Général des Landes. Ou du gersois, du Chiroulet de mes copains Fezas que je ferait bien d'aller visiter. Ou du Ténarèze, mais très vieux, très très vieux, comme celui qu'on buvait chez André Daguin, à Auch, du 1966 de la marque MarceI Trépout, qui venait de Vic et qui faisait chanter le "pruneau à géométrie variable" de l'Hôtel de France. Pourvu que le 2013, pour nos enfants…
Les armagnacs, il y en a tant que j'aime. Ce nez, ces bois précieux, ces épices rares, cette couleur qui rallume le soleil tout au fond de l'hiver, ce côté faussement rugueux, conquérant mais finalement si bien élevé. Et cette rétro-olfaction, ce mélange de menthol et de chocolat. L'envie de moka d'Éthiopie…
Car au fait, c'est vrai, je ne sais plus si vous l'ai déjà avoué. Ah si, au détour d'un dîner de palombes en bécasses et de gambas rouges au kilo, j'ai été fait Mousquetaire de l'Armagnac. Les confréries, ce n'est pas vraiment mon truc, les types enrubannées comme des volailles de concours, mais là, c'était une exception, nous étions entre nous. C'est ma seule exception avec les Corbières (intronisation épique en compagnie d'un politicien que je respecte et qui n'aurait jamais du quitter Toulouse).
Ce souvenir en bouche. Cette longueur. Pourvu que le Ciel le comprenne.
Oui, Vincent, une Folle Blanche de Martine Lafitte. Foutu caractère - "du caractère" tout simplement diront certains - mais qu'est-ce que ses eaux-de-vie sont bonnes!
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