La fin du vin "nature" à Barcelone?
Ça y est, c'est officiel, L'Ànima del Vi a fermé définitivement ses portes samedi soir. Un enterrement en musique, plein de gaieté et de bourgogne frétillant (Fanny Sabre
11) pour l'unique caviste "nature" de Barcelone. La boutique avait
ouvert il y a sept ans dans le quartier excentré de Gracia, plus
passionné par l'idée de refaire le Monde (au sens catalan, c'est-à-dire
dans un rayon de cinquante kilomètres) autour d'une pression que par la
découverte de crus ébouriffants, souvent étrangers, donc bénéficiant
d'un a priori défavorable. Sept ans, c'est bien, il fallait de la
conviction, et une bonne dose de persévérance pour tenir le coup,
d'autant plus que les buveurs de vin sont aussi rares que les tournées
du patron à Barcelone, quant aux amateurs de bouteilles bizarres, on les
compte sur les doigts des deux mains.
Finies
donc les bulles de Boulard ouvertes sur le coin du bureau sous le
regard inquiet de la caisse enregistreuse! Terminés les verres de rouge
posés n'importe où, maculant la paperasse! Adieu la botifarra de
la (mauvaise) charcutière de la Plaça de la Vila de Gracia,
caoutchouteuse roue de secours des apéros improvisés! Révolues les
interminables discussions (en français!) sur le bon et le mauvais goût
pendant que les filles comptent les heures! Au n°3bis de la carrer
Mariana Pineda, les choses vont rentrer dans l'ordre, le naturel va
repartir au galop et l'identité va reprendre le dessus, on va pouvoir
recommencer à boire de la bière, industrielle certes, mais catalane, ce
qui est le principal.
J'en
vois déjà qui prennent des airs de circonstance, des gorges qui,
sincèrement, se nouent (samedi, on a vu un ou deux voisins écraser une
larme de crocodile). Sûrement une conséquence de la Crise?… La
confirmation, peut-être, que les vins déviants que vendait ce gauchiste
intello nietzschéen de Benoît Valée, déviant lui aussi de l'orthodoxie
commerciale locale, ne pouvaient en aucun cas convenir aux distingués
palais catalans?…
Hé bien, non, rien de tout ça! Ceux qui lisent régulièrement ce blog le savent déjà, c'était
écrit ici, je l'avais dévoilé alors que s'amorçait la Trêve des
confiseurs, le caviste nature de Gracia (et son épouse Nuria, la
violoniste) ouvrent une bar à vin, le premier bistrot de Barcelone.
Ça se passera dans le quartier du Born, autrement plus ouvert et
cosmopolite, à moins d'une minute du métro Jaume I, le lieu s'appellera
toujours L'Ànima del Vi et l'inauguration est prévue le 16
février. Allez, Benoît, ressert-nous donc un coup de bourgogne! Jouez
les violons, sonnez crécelles!
On a eu peur…
RépondreSupprimerPas folichons les rouges espagnols.
RépondreSupprimerBien roboratifs.
En "nature", on peut goûter Ganko el Cabezota d'Olivier Rivière (et le blanc aussi, Jequitiba).
Et se laisser enivrer par les vins andalous.
Passé un beau moment chez Monvinic, sur un Vosne Beaumonts 2000 de Leroy de grande qualité (et pas trop cher).
Oui, il est évident que vu la quantité, il faut vraiment viser juste pour trouver quelque chose à boire! C'est vraiment dommage, mais il y a quelques progrès ici et là, de vignerons dont je parle et qui arrivent à s'extirper du carcan hispano-parkérien (lourd-boisé-sucré-techno). Olivier en fait partie, avec ses riojas très sympa mais aussi avec ses autres projets dont les délicieux vins de Navarra qu'il élabore sur des vignes de rêve, avec Emilio Valerio, seul également sur le grenache tout en dentelles d'Alto Redondo, la plus belle expression que j'ai rencontrée de ce cépage outre-Pyrénées. Sans oublier ce qu'il produit en Arlanza, sur les montagnes qui séparent la Rioja de Burgos. De tous ses vins, il en est question ici:
Supprimerhttp://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2012/05/nouveaux-grands-despagne.html
et là:
http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2012/01/en-rioja-ou-presque-cest-moi-qui-ai-eu.html
Mais il y a d'autres choses qui se passent, en Galice, notamment, à l'Ouest de Madrid dans une moindre mesure et même un tout petit peu en Catalogne. Vous trouverez dans le blog différents billets sur ces exceptions qui confirment la (triste) règle.
Pour le reste, il est vrai que du coup, on boit beaucoup français en Espagne…
Ou allemand et italien, comme à l'Aspic de Falset, pour un superbe moment avec Fredi Torres l'année dernière (il bosse comme un dingue en Priorat pour produire plus digeste).
RépondreSupprimerOu Bourguignon à la Vila Mas (Leflaive, Prieuré-Roch Goillotte 98 ... très bon, tiens, tiens).
Un petit tour chez Vega Sicilia mi-mars, en espérant goûter de vieux vins.
Du bon sur les vieux Lopez de Heredia, par exemple.
Oui, Fresquito a des vignes exceptionnelles, parmi les plus belles de la région.
SupprimerQuant à la carte de Carlos, c'est un régal. Même si je n'ai pas tapé dans Prieuré Roch, car je trouve ça un peu cher de la roulette russe. Le dernier Les Clous ouvert ici a débouché l'évier…
Vega, il faut souvent aimer le bois, surtout dans les décennies 80 et 90. Quant à Tondonia, je ne donne que dans le blanc et le rosé. En vieux rouge, il y a plus rigolo ailleurs.
Oui pour le bourbon appuyé sur les derniers Vega, énigmatiques (94, 98).
RépondreSupprimerJe pensais à plus vieux, par exemple 1961.
Bien aimé Tondonia blanc.
Où trouve-ton plus rigolo ? Rioja Alta ? Marques de Murrieta ? Monte Real ?
C'est vraiment en fonction des opportunités, il est évident qu'en rouge, il faut toujours jeter un œil à ce genre de marques quand les prix sont bons (je n'ai d'ailleurs jamais compris pour Monvinic, au moment de constituer sa cave espagnole, ne s'est pas créé un fonds avec ce genre de bouteilles encore faciles à trouver pour peanuts plutôt que de se charger de daubes modernes). Moi, j'ai eu par exemple une belle surprise avec un Viña Real 75 et une excellente avec un Viña Pomal 64. Malheureusement, depuis, il s'est passé ça qui n'arrange pas nos affaires: http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2012/09/revolution-de-palais.html
SupprimerUn avis sur Rekondo et Ibaï sur San Sebastian ?
RépondreSupprimerNon, je n'ai pas essayé, mais la carte des vins vaut sûrement le détour. Il ne faut pas négliger celle d'Arzak où l'on trouvait encore récemment de (vieilles) pépites riojanas.
SupprimerOui, la carte de Rekondo est célèbre.
RépondreSupprimerIbai fait beaucoup parler de lui : on verra cela début mars en allant au concours de dégustation Viniteca de Madrid.
Vina Real "Reserva Especial" Cosecha Compania Vinicola del Norte de Espana (CVNE) 1959 : superbe expression (croisée 2 fois).
Bien aimé Gran Reserva Imperial 1973 pour les fêtes.
Un peu moins Gran Reserva 1991 (changement se style ? bu trop jeune ?).
Chez Monvinic bu en confirmation un blanc frais : Rias Baixas Pazo Senorans Seleccion de Anada 2005 (c'est bien, l'albarino, comme Pedralonga 2010 proposé au Dos Palillos)
et en andalou :
Valdespino Jerez fino Ynocente single vineyard
Equipa Navazos (Niepoort) Palomino Fino Vino blanco 2009
CVNE, effectivement, quand on goûte du récent, on est (comme la plupart des vins espagnols) surpris par le changement de style et, avant tout, la massive présence du chêne neuf. J'ai une dégustation verticale vendredi qui devrait me permettre de voir si c'est tout le temps pareil:
RépondreSupprimerCVNE Viña Real Gran Reserva / Reserva Especial 2005, 1996, 1991, 1987, 1981, 1978, 1968, 1962, 1952, 1951, 1949, Corona blanc semidolç 1939.
L'Andalousie, après, c'est différent, mais c'est un chef d'œuvre en péril!
Fou de voir que le Colmado, bar à tapas chic toulousain, n'a pas (plus) de Jerez à la carte (cela ne se vend pas, paraît-il).
RépondreSupprimerBarbadillo en oloroso et Pedro Ximenez, c'était pourtant succulent.
A Las tapas locas, juste un fino de Tio Pepe.
Aucune trace du frais mencia (Bierzo).
Le Jerez et le Montilla-Moriles n'ont pas la côte.
Ils font pourtant partie des plus grands vins espagnols.
Je suis bien d'accord, je ne vois d'ailleurs pas grand chose d'autre qui puisse rivaliser en blanc, surtout avec la nourriture locale (sel, friture, piment, ail…).
SupprimerPour ce qui est des beaux rouges du Bierzo et de Galice (ou de Navarre), c'est pareil à Barcelone, quasiment impossible d'en trouver. Jeudi dernier, j'ai du venir au restaurant avec ma bouteille pour faire découvrir à des Français.
De nouveau récemment, des vins qui ne me plaisent pas :
RépondreSupprimerYecla - Bodega Castano "Vina al Lado de la Casa" 2006
Rioja - Paisajes y Vinedos "Valsalado" 2008
Quand vient dans la foulée un Barolo (Rinaldi) ou un Brunello, tenu, frais, "racé", sans ces goûts répétitifs de coco et de bourbon précédant une finale capiteuse, on souffle ...
Un petit Txacoli, c'est pas mal non plus sur les fritures ...
Encore mieux sur place.
Cela dit, le mourvèdre dulce de Castano 1998 était superbe (Aspic/Falset).
RépondreSupprimerEt il y a de beaux muscat en Alicante (Enrique Mendoza et Casta diva notamment qui fait aussi le monastrell Fondillon, à découvrir), Malaga (Telmo Rodriguez), Navarre (Chivite).
Merci pour ces utiles "rafraichissements de mémoire" ... :-)