Les professionnels et les cons.
La bonne ville d'Angers a beaucoup de qualités, mais comme c'est le cas dans tant de villes moyennes, l'offre hôtelière intra-muros n'y est pas très folichonne. Entre le palace de province et l'établissement familial où la femme du taulier s'est vu une carrière internationale dans la déco, sans oublier la sinistre cambuse du quartier de la gare, la chasse à la chambre "de charme" (comme on dit dans les guides éponymes) demande une patience de bécassier. Et plus encore quand s'annonce un évènement, en l'occurrence le Salon des Vins de Loire et ses satellites, qui fait converger vers la capitale de l'Anjou une foule venue des quatre coins de France et de Navarre.
Je n'étais donc pas peu fier de mon coup. Après avoir un peu galéré sur Internet et au téléphone, j'avais (en m'y prenant un mois à l'avance) déniché l'oiseau rare. "À cinq minutes à pied du centre ville"*, un lieu sympathique, inattendu et pratique, un loft en fait, très atelier d'artiste revisité par un architecte nantais ou bordelais. Pas hors de prix en plus. Et, je tremblais en envoyant mon premier email, libre! "Non, je vous le confirme, monsieur, nous n'avons personne durant cette période". Génial! Il y avait même une cuisine et une bouilloire, j'allais pouvoir me faire mon réglementaire thé vert du matin. Immédiatement, j'avais confirmé ma réservation, vérifié plusieur fois, m'inquiétant vaguement auprès de l'aimable dame qui m'avait répondu au téléphone de l'absence d'arrhes, de demande d'empreinte de carte bancaire, mais bon, c'était fait, nous allions dormir au SodaRoom. Un "gîte de ville", ça fait quand même plus branchouille qu'un hôtel pour VRP…
Et puis, ce midi, alors que je demandais un renseignement à la propriétaire du SodaRoom, je reçois ce courriel qui a failli me faire tomber de mon fauteuil:
"Bonjour Monsieur POUSSON,
Je suis absolument désolée, je n'ai pas validé votre réservation dans mon planning...
Et je vois dans votre mail ci-dessous que je vous ai proposé de signer le formulaire à votre arrivée, c'est sans doute pourquoi je ne l'ai pas inscrit dans ce planning
Votre réservation n'y apparaissant donc pas, j'ai malheureusement loué l'appartement à ces dates.
Je suis très très embêtée, d'autant que vous aviez prit les devant en réservant très tôt..."
Je suis absolument désolée, je n'ai pas validé votre réservation dans mon planning...
Et je vois dans votre mail ci-dessous que je vous ai proposé de signer le formulaire à votre arrivée, c'est sans doute pourquoi je ne l'ai pas inscrit dans ce planning
Votre réservation n'y apparaissant donc pas, j'ai malheureusement loué l'appartement à ces dates.
Je suis très très embêtée, d'autant que vous aviez prit les devant en réservant très tôt..."
Bref, à quatre jours de notre arrivée, les hôtels étant tous complets, il ne nous restait plus pour dormir que les ponts de la Maine.
Bien sûr, j'écris ça sous le coup de la colère (une colère noire). Certains d'entre vous vont même trouver injuste que je publie cette histoire qui risque de faire du tort à cette pauvre dame. "Tout le monde peut se tromper…" Il n'empêche qu'au delà de cette anecdote, au delà de l'emmerdement maximum généré par cet "oubli", faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je me suis quand même dit que l'hôtellerie, c'était un métier. Plus facile à pratiquer, certes au temps du des gestionnaires de courrier, des iCal et organiseurs, mais un métier quand même.
En maugréant, j'ai même relié ça à d'autres souvenirs plus ou moins récents, de coiffeur devenu restaurateur, de blanchisseur converti en caviste, d'éducateur spécialisé du 9-3 recyclé dans la viticulture. Oui, les métiers, ça existe, ça s'apprend, il y a d'ailleurs une vraie noblesse à l'apprentissage du travail bien fait. Et, d'où la photo qui débute ce billet, j'ai repensé à cette phrase attribuée à Humphrey Bogart, il y parlais de cinéma, mais on peut sans nul doute l'étendre à la plupart des secteurs d'activité: "Il n'y a que deux sortes de gens : les professionnels et les cons."
* Parce qu'évidemment, il existe dans les (beaux) vignobles alentours de délicieuses chambres d'hôtes, des points de chute remarquable, mais après une journée le nez dans un verre puis un dîner du même tonneau, les vingt kilomètres de petites routes, avec éventuellement un coucou à la maréchaussée, ne me semblent pas indispensables. En tout cas, j'ai passé l'âge…
Good luck, winner…
RépondreSupprimer(je surlike la déclaration énervée et attribuée à Bogey)
Merde, c'est plutôt con ce qui t'arrive ! Mais je pensais que les "sélectionnés" du WBT étaient automatiquement logés. En couchant la veille du salon à Saumur par exemple, tu peux être là le lendemain au salon et passer une nuit en invité, ce qui te feras au moins deux jours de salon. Tu pourrais même demander une nuit supplémentaire aux organisateurs ?
RépondreSupprimer"d'éducateur spécialisé du 9-3 recyclé dans la viticulture"...un peu de respect por fa' pour Victor Brureau,domaine de Peyres-Combe, Gaillac, commune d'Andillac,un des "historiques" en bio , l'égal des Plageoles et consorts, des jus merveilleux, un type formidable.Mais oui. Je le sais, je le connais, j'ai goûté ses vins.
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