Exclusif! Les prévisions d'Elizabeth Teissier pour le millésime 2013!
Voila, cette année, en 2013, on a inventé quelque chose d'encore plus con que les primeurs! Oui, les primeurs, vous savez ces pince-fesses bordelais où des experts goûtent au printemps qui suit la récolte soit des maquettes, soit des caricatures de vin et en tirent des conclusions définitives. Avec le temps quand on re-goûte leurs commentaires avec les bouteilles assorties, ça peut être désopilant. Vous vous voulez que je vous ressorte la description dithyrambique faite par Robert Parker, le 100/100 de la plus grosse daube que j'ai bue cet été?
Plus con, disais-je. Bien plus con! Plus débile que le cinéma des primeurs, une journaliste, une "spécialiste", invitée par Europe 1 nous a donné ce matin, entre approximations et bidonnage*, son avis définitif sur la qualité du millésime 2013, et sur le goût de grêle" (sic)** qu'auront les vins. "Ce sera pas joyeux" nous explique-t-elle doctement cette fille naturelle d'Albert Simon et de Madame Soleil (on reste sur Europe 1…), cette Elizabeth Teissier de la viticulture. "Le millésime 2013 ne sera pas bon" reprenait gaiement la radio dans les titres de sa matinale. Moi, franchement, maintenant que je sais ça, je pense qu'on ne va même pas vendanger. On va dire aux Andalous, au Polonais et aux Slovènes de rester chez eux, autant tout laisser sur pied, puisque ça "ne sera pas bon"…
Bon, assez rigolé. C'est bien de convoquer des astrologues et des numérologues afin de lire dans les entrailles du raisin et d'organiser des dégustations avant vendanges. Et même cette année, des dégustations un ou deux mois avant les vendanges. Mais quand le vin n'est pas tiré, il faut aussi fermer sa gueule. Pour éviter de passer pour des charlatans, il convient de se renseigner. De relativiser. De réfléchir. Pour comprendre que le drame de la grêle, même si ce fut un drame cet été dans plein de parcelles que nous aimons, chez plein de femmes et d'hommes que nous aimons, n'a concerné qu'une toute petite partie du vignoble français. Que le printemps a été compliqué à certains endroits mais que les paysans ont travaillé et que la situation à ce jour a bien changé, que le soleil et le vent ont pansé bien des plaies et qu'hier encore (j'étais dans les vignes, à Gaillac, dans les vignes et dans la cave ci-dessous, pas sur le bitume parisien) j'ai vu des grappes dont je rêve de boire le jus d'ici un an ou deux. Que le vin, comme je l'expliquait avant-hier, ce n'est pas fait par des machines, mais par des vignerons, éventuellement des vignerons intelligents et sensibles. Qu'il y a des régions entières, de la Vallée du Rhône au Languedoc-Roussillon (de toutes petites appellations qui ne produisent presque rien…), où malgré la coulure du grenache, l'on s'attend à un millésime superbe.
Mais, je viens de l'écrire, "on s'attend", on espère, on sait qu'il faut donner du temps au temps. Dar tiempo al tiempo comme disait Cervantès. La vigne, ce n'est pas la fringue. On ne vend pas les maillots de bain en février et les manteaux de fourrure en août. Donc, patience! Attendons les vendanges. Regardons le ciel. Attendons les vinifications. Dar tiempo al tiempo…
Donc, 2013, pour le vin, je ne sais pas, mais pour le journalisme, pour ce journalisme-là, là, j'en suis sûr, c'est un millésime pourri!
* On y apprenait que la Champagne n'avait été touchée par aucune calamité mais que Meursault avait été grêlé…
** Le "goût de grêle" (terme qu'Émile Peynaud qualifiait déjà de vieilli) de cette "spécialiste me fait penser à ça.
PS: allez également lire ce qu'en dit plus calmement Nicolas Lesaint.
** Le "goût de grêle" (terme qu'Émile Peynaud qualifiait déjà de vieilli) de cette "spécialiste me fait penser à ça.
PS: allez également lire ce qu'en dit plus calmement Nicolas Lesaint.
Un millésime pas facile chez certain voir catastrophe chez d'autre (grêle) mais pour beaucoup ça peut donner des choses intéressente. Un peu à l'ancienne avec des vendanges un peu tardive du à un printemps tardif. Si l'arrière saison est belle je suis persuadé que ça peut etre très bon (fin de maturation lente).
RépondreSupprimerMais temps que le raisin n'ai pas en cave on peu rien dire et il faut pas oublié que lors des millésimes difficile c'est là que l'on identifie (et retrouve) les bons/grand vignerons.
Maintenant il faut etre patient, comme tjrs dans le vin.....
Moi, je pense qu'il y a pas mal d'appellations où l'on a à ce jour un potentiel qui pourrait permettre de faire que des choses plus qu'intéressantes. Mais il peut se passer encore pas mal de choses et septembre sera déterminant.
SupprimerMoi, j'ai tout traité au Gibolin, et je constate PLUS de différence !
RépondreSupprimerAu fait, c'est bio, le Gibolin?
SupprimerIl y a tant de "mauvais millésimes" qui se goûtent "grandioses" quelques années après. Surtout en Champagne. Ce jeu qui consiste à distiller de la trouille dans l'esprit des gens, ça me débecte.
RépondreSupprimerOui, on en a bu une pagaille de bouteilles géniales issues des millésimes pourris des "spécialistes"…
SupprimerPour pondérer un peu, il faut reconnaitre qu'elle ne parle pas vraiment de pinard en l'occurrence, mais plutôt d'économie, de l'économie d'une partie de la filière et sur le sujet, on se doit d'être juste, elle ne dit pas que des conneries. C'est brossé à gros-gras traits, en peu de temps bien sûr et ça manque de nuance, mais enfin...
RépondreSupprimerMoi, ce qui me chagrine surtout, c'est que dans ma tête tordue, j'établis immédiatement le parallèle avec le cinéma : avez-vous remarqué que dans les médias en général, on parle de moins en moins d'une œuvre cinématographique en termes de contenu, le fond, la forme, la pertinence, que sais-je, et de plus en plus en termes d'économie - coût initial de production, investissements, nombre d'entrées, chiffre généré, rentabilité, box-office, etc. - comme si soudainement, ces données étaient devenues un indicateur fiable du plaisir qu'on peut espérer tirer d'un film.
Et je suis d'une nature un peu pessimiste, peut-être, mais pour moi, c'est le signe qu'on a déjà troqué le fruit dans le verre contre le ver dans le fruit.
Même si elle ne parlait que d'économie, ce serait très approximatif. Pour ce qui est du millésime, comment pondérer ce qu'elle dit, qui est définitif.
SupprimerNotons par ailleurs que la dame aurait un passif: http://alerte-environnement.fr/2011/02/21/derapage-disabelle-saporta-le-temoignage-dun-arboriculteur/
Moi je predis qu'on va prendre de sacrés bourres avec ce millesime 2013 !
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