Les larmes et les flammes.


Bien sûr, dans ce qu'il faut bien appeler la Presse Quotidienne Parisienne (PQP), cela ne vaudra qu'un entrefilet. Marseille, la Provence, là, encore ça, on peut en parler et compatir. Même pour les incendies, la théorie du mort/kilomètre fonctionne impeccablement. Ici, en Corbières, au trou-du-cul du Monde, même les avions, les bombardiers d'eau, sont loin, si loin. Et, avec tout le respect pour le courage des troupes au sol, des pompiers, c'est dans le ciel que se gagne la guerre du feu.


Mille hectares brûlés, donc, ces dernières vingt-quatre autour de Tuchan et Paziols, au sud de ces pauvres Corbières, alors que débutent les vendanges. Quelques vignes d'ailleurs (cet ultime rempart contre les flammes) ont été touchées; espérons qu'entre les flammes, la chaleur et le retardant, les dégâts ne seront pas trop importants. Ce matin, au sortir d'une nuit d'enfer (regardez ci-dessous l'image du photographe Thibaut Marot!), les vues du Mont Tauch ravagé ont du tirer les larmes des yeux aux quelques vignerons qui aiment ce pays, et se battent pour qu'il aille de l'avant, et prouve que ses vignes ne sont pas que de carte postale.


Entre l'amorce de la récolte, les emmerdements liés au feu et une couverture téléphonique qu'on sait incertaine, je n'ai pas encore pu avoir de bilan définitif de la part des vignerons; il semblerait qu'au niveau des dégâts directs liés aux flammes, on ait évité le pire*. Pensons à eux, et buvons-les. 
Cette chère Katie Jones, dont certaines des parcelles qu'elle traite comme de petits jardins ont été léchées mais qui s'y connaît en calamités et dont les blancs, précis, sont un enchantement. Le discret Bruno Schenk dont les rouges éclatant de fruit du Domaine du Grand Arc mûrissent un peu plus haut dans la vallée du Verdouble. Les pinots noirs tartiens d'Hervé Bizeul, plus à l'aval, versant roussillonnais, à portée de fusil de cette départementale 611 coupée toute la journée d'hier. Ou encore Bertrand-Bergé, ce joli domaine familial de Paziols, la commune du pauvre Claude (Nougaro) qui a elle aussi payé un lourd tribut au feu; outre des fitous puissants, ils produisent des VDN délicats à l'image de leur étincelant macabeu. Et Dieu sait si aujourd'hui du côté du Mont Tauch, noirci, calciné, vitrifié, on a besoin de lumière et de douceur.




* Davantage de problèmes semble-t-il pour certains viticulteurs de la grosse coopé locale, on parle ce midi d'exploitations touchées jusqu'à 50%! Nul doute que les problèmes risquent de s'ajouter aux problèmes.



Commentaires

  1. Merci de penser à nous, nous avons une vigne de blanc (1/2ha)brulée au 2/3 dans un paysage de désolation tout autour, avec des ceps sciés à la base par le feu. Par respect pour ceux qui sont rescapés, nous irons les vendanger demain. Mais c'est sur nous ne sommes pas les plus à plaindre
    Fabienne Schenck, Domaine du Grand Arc

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Force et courage !
      Et surtout, continuez à nous régaler de vos beaux vins !

      Supprimer
  2. Quelle horreur. Toute ma sympathie est acquise à tous ces gens-là.

    RépondreSupprimer
  3. Que faire pour vous aider ? cette calamité des incendies n'est pas moins pire que la grêle ou le gel...
    De tout coeur avec vous, mais cela ne vous apporte aucune solution sauf le réconfort moral de ceux qui pensent à vous

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés