"Influenceurs" et tricheurs.
"L'influenceur", c'est le mot du moment chez les vendeurs de vent. Dans la hiérarchie des agences de com', ce drôle d'oiseau se situe, en terme de grade, juste en dessous du "prescripteur". Il est un peu, comme je l'écrivais l'autre jour, la chair à canon des voyages et des déjeuners de Presse. Il fait ventre, telle la farine, il épaissit la sauce, et permet à l'attaché(e) de Presse de faire croire à son client que son évènement est un "immmmmmense succès".
"L'influenceur", qui fait partie selon le jargon de la "génération digitale", se recrute principalement chez les blogueurs ou les journalistes free-lance, et contrairement à ce que l'on croit, sa principale qualité (je n'ose pas écrire vertu tant elle est petite) réside dans sa souplesse. Modelable, malléable à souhait, il fait là où on lui dit. "La voix de son maître" disait-on à l'époque de la réclame…
Comme l'expliquent les pros du marketing et leur cortège d'enfumeurs, "l'influenceur" doit devenir, consciemment ou pas (il n'a pas besoin non plus d'avoir un Qi trop élevé…), ce que l'on appelle pompeusement un "ambassadeur de marque". C'est à dire qu'il doit servir la soupe pour tel ou tel produit, tel ou telle société. Commence alors le petit manège des cadeaux à répétition, des "box",
la construction, jour après jour, renoncement après renoncement (de la part de "l'influenceur") d'une perte d'indépendance, de liberté programmée.
Et puis, comme on l'a vu récemment ici et là, il y a ceux qui décident "d'aller plus loin". De passer "d'influenceur" à tricheur. Qui sous couvert d'information passent à la publicité déguisée. Aux États-Unis comme le rappelait une de mes lectrices, on appelle ça l'astroturfing. En français, on pourrait traduire ça par faire passer des vessies pour des lanternes, ou tout simplement mentir, tromper.
De bonnes âmes, qui font leur miel de l'e-réputation, essaient avec candeur de nous expliquer que ces comportements délictueux n'ont rien de répréhensibles, que l'escroquerie intellectuelle (et pas que) est devenue la norme. J'ai ainsi été sévèrement tancé, menacé même après les deux dernières chroniques sur ces pratiques peu reluisantes. À ces donneurs de leçons de morale, à ceux qui me font rire plus qu'ils ne m'intimident, je voudrais rappeler que l'on doit marquer sur la boîte ce qu'il y a dedans, qu'il est impératif, réglementairement impératif, de "dire d'où l'on parle". Un publi-reportage, un communiqué, une annonce doivent être clairement identifiés comme tels*. Et je les inciterai à méditer ce principe dont l'oubli a tant fait pour la décrédibilisation des médias: la publicité, c'est être au service des annonceurs; l'information à celui des lecteurs.
Et puis, comme on l'a vu récemment ici et là, il y a ceux qui décident "d'aller plus loin". De passer "d'influenceur" à tricheur. Qui sous couvert d'information passent à la publicité déguisée. Aux États-Unis comme le rappelait une de mes lectrices, on appelle ça l'astroturfing. En français, on pourrait traduire ça par faire passer des vessies pour des lanternes, ou tout simplement mentir, tromper.
De bonnes âmes, qui font leur miel de l'e-réputation, essaient avec candeur de nous expliquer que ces comportements délictueux n'ont rien de répréhensibles, que l'escroquerie intellectuelle (et pas que) est devenue la norme. J'ai ainsi été sévèrement tancé, menacé même après les deux dernières chroniques sur ces pratiques peu reluisantes. À ces donneurs de leçons de morale, à ceux qui me font rire plus qu'ils ne m'intimident, je voudrais rappeler que l'on doit marquer sur la boîte ce qu'il y a dedans, qu'il est impératif, réglementairement impératif, de "dire d'où l'on parle". Un publi-reportage, un communiqué, une annonce doivent être clairement identifiés comme tels*. Et je les inciterai à méditer ce principe dont l'oubli a tant fait pour la décrédibilisation des médias: la publicité, c'est être au service des annonceurs; l'information à celui des lecteurs.
* Lire à ce sujet cet article du Monde qui rappelle comment les Fraudes sont intervenues dans ce type d'affaires, au travers notamment de la plateforme Youtube: "la DGCCRF a été amenée à connaître cette problématique par le biais des billets de blogs sponsorisés mais dont les auteurs “oubliaient” de mentionner qu’ils avaient été payés pour faire la promotion du produit ou du service en question"
"En particulier pourrait apparaître trompeurs des tweets ou messages sur des blogs, favorables à une marque ou à un produit qui n’apparaissent pas clairement comme étant financés par la marque elle-même (comme les faux avis de consommateurs)"
"La loi prévoit jusqu’à 300 000 euros d’amende et deux années d’emprisonnement. L’article L. 121-1 peut être également utilisé, si l’auteur de la publicité ou la personne pour le compte de laquelle elle est mise en œuvre n’est pas clairement identifiable."
"Un blogueur donne un véritable avis" versus "Si tu m'invites j'écrirai que c'est bon". Trop drôle.
RépondreSupprimer"...voit les choses d'un point de vue consommateur...". Si tous les clients refusent de payer, cela va rendre le commerce un peu plus compliqué. Il faudrait préparer les restaurateurs à cette évolution. Elle pourrait les surprendre et générer quelques difficultés dans les bilans de fin d'année.
Toujours ahuri par le fait que l'on puisse donner une connotation positive au terme d'"influenceur" au point de se revendiquer comme tel ou d'en faire des prix et des festivals. C'est invraisemblable et hautement cynique d'ailleurs. Il faut relire le Portrait de Dorian Gray. "Il n'y a pas de bonne influence. Une influence est toujours immorale, c'est une loi scientifique. Parce qu'influencer quelqu'un, c'est lui donner son âme. Il ne pense plus avec son cerveau". L'influence n'étant jamais aussi forte que lorsque qu'elle est dissimulée. On comprend aisément l'intérêt des blogueurs et autres médias du net dans cette histoire...
RépondreSupprimerJ'apprends grâce à vous l'existence de ce mot "astrosurfing" et tombe déjà, après quelques recherches, sur de sympathiques sources d'amusement http://www.leblogducommunicant2-0.com/2015/08/04/astroturfing-la-prochaine-menace-digitale-a-integrer-durgence-pour-les-communicants/. Merci bien !
Toujours très drôle de lire (sur fessebook) les leçons de déontologie d'un fameux sommelier qui sert la soupe tous les ans aux foireux vins des pousses caddies ou qui prête son image à des sites glorifiant le Tarriquet....
RépondreSupprimerBonne Journée VP
Momo
Je ne vous suis pas, Momo. Vous pourriez être plus clair, svp?
SupprimerJe parlais d'un des commentaires sur votre fil. Un sommelier qui donne des leçons et qui ne manque pas d'air...
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SupprimerManu, sûrement. Il me semble que l'histoire de Tariquet était un poisson d'avril pourtant.
SupprimerAh, il était question d'Emmanuel Delmas. Oui, Tariquet, c'était du second degré.
SupprimerEn revanche, ce salaud a bel et bien pactisé avec Nicolas…
https://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2016/03/pacte-avec-le-diable-ou-changement-de.html
Un 'anonyme' qui se cache et qui de surcroît étale des inepties plus grosses que lui...merci en tout cas de m'attacher autant d'importance, cela flatte mon orgueil et renforce mon estime de moi. Merci infiniment l'anonyme.
RépondreSupprimerBisous
Voilà. Bon, Manu, on se retrouve tout à l'heure chez Tariquet pour boire un coup de Nicolas, comme convenu... ;o)
SupprimerTu charries là, Christophe ! Je n'oublie pas l'article te concernant d'ailleurs, sur les bretts ! ,-)
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