Justine, ou les malheurs de la Vertu.


Le blogueur, on le sait, c'est la nouvelle chair à canon des boîtes de com'. Ça fait masse, ça fait ventre, ça vous remplit un déjeuner ou un voyage de Presse, le client voit du monde, entend du bruit, il est content. Et puis, pique-assiette pour pique-assiette, on ne va pas en plus leur demander leur carte professionnelle ou leur nombre de lecteurs (qui sera de toute façon aussi bidon que celui des vrais médias…).
Parfois, partant du principe qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, on assiste à un drôle de cumul de fonction: l'attachée de Presse (désolé, c'est une spécialité assez féminine) joue en même temps à la blogueuse, et donne ses avis "totalement indépendants", s'extasie sur Instagram à propos de tel ou tel produit, restaurant, vin dont elle assure les RP, ou dont une consœur (qui saura renvoyer l'ascenseur dans son propre blog indépendant) est chargée.


Ce mélange des genres est évidemment insupportable, mais pourquoi se gêner? Il suffit de voir cette ribambelle d'articles de journaux, de magazine qui ne sont que de serviles copié-collés de communiqués de Presse. La déontologie, ça fait un bout de temps (au moins depuis que la Presse est pauvre) que l'on se torche allègrement avec. Le Mondovino et le Mondogastro sont, de ce point de vue, des merveilles qu'on observe avec délectation. Une splendeur dont je ne me lasse pas, c'est le caniche, journaliste, blogueur ("influenceur" comme on dit désormais pour les toutous à leur mémère) qui monte au créneau pour défendre face aux méchants scribouillards comme moi ceux qui l'ont si bien nourri, abreuvé, trimballé.


Mais là, je crois ce soir que nous tenons une pépite, il s'agit d'une blogueuse, d'une foodista, spécialisée, je vous prie: son truc, ce sont les buuuuuuurgeeeeers et les salons de thé. La demoiselle, Justine Schaub, qui sévit à l'enseigne des Bonnes adresses de Justine, se présente comme un grande "testeuse" (j'adore ce mot…). Et, coup de génie, elle vient d'inventer un nouveau style de critique, on va dire "à double détente". 


Ça se passe à Toulouse, Justine, munie d'un "co-testeur" (sic) s'en va "tester" Au bon Servant, une des tables toulousaines dont on parle. Je précise que je n'y ai jamais mangé (moi, je déjeune ou je dîne,  je ne teste pas) mais qu'en revanche j'ai goûté plusieurs plats du chef, Nicolas Servant et que je n'ai pas eu à m'en plaindre; peu importe, ce n'est pas le propos (et je n'ai d'ailleurs peut-être pas le background de cette jeune femme qui cuisine au Babybel et au Nutella). Justine, donc, nous conte ici par le menu son dîner Au bon Servant, une critique pas vraiment acerbe, pas agréable non plus. Que voulez-vous, quelles que soient ses compétences, c'est son droit, de cliente d'abord, de blogueuse ensuite.


Le chef n'apprécie pas le texte en question, s'ensuit un échange épistolaire, via l'incontournable réseau Facebook. Et, il lui suggère de revenir goûter sa cuisine, espérant la faire changer d'avis. Justine Schaub lui propose de poursuivre cet échange en message privé (à l'abri donc des regards indiscrets). Et là, elle écrit, je cite: "Donc concernant votre message, je veux bien revenir selon les conditions suivantes: Le repas est offert pour moi et mon compagnon. Je referai un article après ce repas et supprimerai du coup celui que j'ai déjà posté".


J'ai joint cette demoiselle afin de lui demander un éclaircissement, elle a accusé réception de mon message mais n'a pas souhaité répondre. Est-il nécessaire d'ajouter le moindre commentaire?






Commentaires

  1. Blog à bannir.
    Ce blog est basé purement sur du chantage pour avoir de bonnes appréciations d'une blogeuse se croyant critique gastronomique.

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  2. Comme souvent, je suis bien d'accord avec Môsieur Pousson. J'ajouterai que le magique "copier-coller" n'a jamais autant fonctionné ! Un de mes posts sur la place de la femme dans le Mondovino depuis 25 ans, vient d'être repris ailleurs avec deux, trois virgules déplacée 😃
    Par contre, si bien sûr cette demoiselle est en tord, et qu'elle a fait une grosse boulette, le fait que de très très nombreuses personnes la décapite, parfois avec virulence extrême, me gêne !
    Ça doit être mon côté "sauveteur" 😃😎
    Cela n'enlève rien à l'exactitude de ton billet cher Vincent.

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    1. Il faut dépasser son cas, inutile de lui charger la mule. Ce qui est mi en exergue ici ce sont ces pratiques si courantes, trop courantes dans le Mondogastro et le Mondovino.

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    2. Bon, au lieu de la jouer discrète, elle vient de confirmer son point de vue et ses méthodes dans "Actu Côté Toulouse" et donc, il ni a plus rien à faire pour elle ����. Elle est foutue ! ��
      http://actu.cotetoulouse.fr/diner-gratuit-critique-blogueuse-toulousaine-epinglee-restaurateur_45383/

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  3. Quel était l'éclaircissement en question?

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    1. Qu'elle m'explique comment lui est venue l'idée de ce 'deal'.

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  4. ..." propos à serbe "....trop mignon le clin d'œil.... !
    Elle me fait penser au type qui a trois poils au cul et qui se prend pour un ours.....tu vires !

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  5. Ce deal est le fait avec la plupart des adresses. D'ailleurs, souvent sa première visite est déjà un deal. La miss se pointe avec un 'co-testeur" non prévu dans le deal initial. Si le restaurant accepte de payer deux repas, la critique est bonne...s'il refuse, il s'expose a un mauvais avis...et a un second deal plus autoritaire...Je pense que Nicolas Servant, en rendant publique ces magouilles, lui a porté un coup fatal à la Justine gastronome...

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    1. Vos accusations sont graves, Christophe. Vous en dites trop ou pas assez. Où le cas s'est-il produit en plus du Bon Servant?

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    2. Vincent, c'est arrivé à un ami à moi qui fait des pizzas artisanales à Toulouse (Pizza Pizza place Jeanne d'Arc). J'ai une copie des échanges SMS entre les deux...Je voulais publier le deal de Justine sur mon site www.sudissimo.com...mais Nicolas Servant m'a devancé !

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    3. Christophe,
      si ce genre de deal se fait avec la plupart des adresses, je pense qu'il faut sans scrupules "balancer" les bloggeurs concernés.

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    4. On dirait que tu es tombé sur un Charles-Henri-Orliac femelle .....

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  6. Les méthodes de cette demoiselle sont navrantes en effet. Mais ce qui me régale chez cette blogueuse, c'est que 1/ elle n'aime rien "Il faut dire que je ne suis pas une fana des œufs en tout genre", "la saveur de la mer bien présente", d'où le crabe "un peu fort" 2/ écrit comme une gamine de 5ème avec un niveau lexical d'une pauvreté déconcertante "le crabe était assez fort" (au tennis?), "C’était donc de la poitrine de porc avec une purée de pommes de terre", "La viande n’était pas du tout sèche", le tout dans un style qui s'approche plus du journal intime post-CM2 que de la moindre dissertation d'un élève de terminale ; alors, le critique...! Enfin, madame accumule effectivement les maladresses techniques indigne d'un grand critique, puisque si elle ne sort pas de table repue comme une truie, elle est "forcément déçue". C'est pourtant bien le contraire qui prévaut chez les gens bien élevés. "Toujours laisser une petite place pour un p'tit quelque chose", disait ma grand-mère. Mais, ELLE n'était pas critique. Elle n'avait même pas Internet. Quelle chance!

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    1. C'est aussi facile de voir qu'elle n'a aucune référence culinaire et ne connait rien à la nourriture/au goût et au vin.
      Ce n'est pas tout monde qui peut s'improviser critique, et non, toutes les critiques ne se valent pas.

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  7. Je suis allé plusieurs fois au Bon Servant, un restaurant que j'apprécie.

    J'ai cela trouvé lors de mon dernier passage que le dîner m'avait semblé un peu trop frugal.

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    1. Laurent, comme écrit plus haut, ce n'est pas la critique que je critique (cette demoiselle écrit ce qu'elle veut), c'est l'escroquerie, le chantage.

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    2. entièrement d'accord avec vous.

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  8. C'est clair : la donzelle "travaille" à l'heure du déjeuner (maquillage ?) et ne sort que le soir accompagné d'un chevalier servant à condition bien sûr de ne rien payer et pourquoi pas encore de se faire payer. Cette forme de prostitution pseudo journalistique marche depuis des lustres et, comme d'autres, je m'étonne de voir combien de restaurateurs, hôteliers, attachés de presse marchent dans la combine.

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    1. Pas de maquillage, Michel, cette demoiselle travaille au pousse-caddie: communication pour Intermarché.

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  9. Vincent,

    J'ai bien compris.
    L'équipe du restaurant n'est pas obligée d'accepter ce chantage, sauf à accorder beaucoup d'importance aux réseaux sociaux (et ici, un post bien mièvre).
    Je retournerai au Bon Servant (en payant mon repas). :-)

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  10. PAF!!! La main dans le sac. Joli coup Vincent. C'est rare d'avoir une preuve aussi édifiante. Qu'importe que ce soit Justine, avec ou sans vertu, Marcel ou trucmuche. C'est une pratique malhonnête. Envers les professionnels arnaqués et envers le public grugé. Comment savoir dès lors qu'une critique est honnête?

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  11. Je suis moi même blogueuse ... et je bosse aussi dans le restauration (tout comme mon papa c'est de famille) et j'avoue que mon premier contact avec la demoiselle

    A l'ouverture de lieu ou je traille elle nous a contacté via Instagram pour nous dire en gros "j'ai vu que vous veniez d'ouvrir si vous m’offrez le goûter (nous sommes un salon de thé) je vien" sous entendu "sinon je ne viendrai pas du tout"
    Je me souvien bien d'en avoir parlé avec plusieurs blogueuses que je connait depuis plusieurs année j'était assez choquée du procédé. Déja aucune de nous ne la connaissait (et pourtant on traine pas mal dans le milieu vu qu'on est blogeuses nous même et souvent ocnvié un peu partout) beaucoup de follow sur insta oui mais pas tant que ça ailleur et trés peu d'engagement sur le dit blog en fait.

    Un partenaria pourquoi pas mais clairement pas comme ça et surtout pas avec elle qui ne m'inspire aucunement la confiance

    Ce qui est dommage c'est que c'est de ce genre de personne que l'on parle le plus et elle terni tellement l'image de la blogueuse qui est souvent bien plus passionnée et bien plus bienveillante que ça (oui je prèche pour ma paroisse mais clairement la mauvaise image que nous avons actuellement auprés des proffessionels m'ennuie ... surtout que je suis des deux cotés)

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  12. Génial!
    Sérieux, on se régale - je ne sais pas ce qui est le plus caustique, Janine "magouille" et Jeanne-marie "mon boulot c'est d'écrire mais je fais une faute à chaque mot" ! Merci Mr Pousson en tous les cas :)

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  13. Il me semble que certains apprentis blogueurs auto-proclamés feraient bien de prendre des cours de grammaire et d'orthographe. Un blog est basé sur l'écrit. S'il faut lire à voix haute pour comprendre certains messages, j'en suis tout chagriné.

    Par ailleurs, je ne fais jamais payer les gens qui viennent manger chez moi. Et ils me disent souvent qu'ils ont passé un bon moment. Mais en fait, leur critique est certainement biaisée par la gratuité de ma prestation ? A l'avenir, je facturerai donc les places à ma table. Si j'entends toujours que le repas est satisfaisant, au moins saurai-je que c'est dit sincèrement. Je commence dimanche, tiens.

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  14. Le sujet est finalement moins le cas de cette profiteuse dégénérée que la collusion malsaine et croissante qui gangrène le petit monde de la cuisine. C'est dans votre premier paragraphe qu'est le cœur du sujet selon moi. Cette blogueuse est clouée au pilori (et c'est on ne peut plus mérité) mais elle est l'arbre qui cache la forêt et peut-être même est-elle pour certains une occasion rêvée pour se racheter une virginité...

    Il est de notoriété public que des pseudo-critiques/journalistes pourtant dits professionnels usent exactement des mêmes ficelles (heureusement il en existe encore avec une déontologie et les moyens financiers de faire leur métier). Les récits de restaurateurs en off sur le sujet sont innombrables. Hypocrisie à double sens puisque quand le journaliste ne réclame rien c'est le restaurateur qui se met de lui même à faire des ronds de jambe avec l'espoir d'un traitement plus élogieux. L'omerta est de mise et il est plus facile de jeter en pâture une gourmande écervelée qu'un journaliste de renom qui, sans ne citer personne, n'a plus un grand hebdomadaire derrière lui pour régler la note.

    Et encore tout ça, c'est de la préhistoire. Le cercle ne cesse d'être plus vicieux (et incompréhensible) à mesure qu'il s'élargit. Maintenant il faut compter sur les attachés de presse de restaurants et de marques en tout genre, les agents de chef, les agences de com', les pseudos-blogueurs professionnels et j'en oublie. Tous ces intermédiaires, ces pique-assiettes comme vous dites, viennent s'interposer entre l'assiette d'un cuisiner et la fourchette du client. Et ils sont particulièrement malins car ils doivent arriver à vivre d'un métier qui n'en est pas un, qui ne produit rien si ce n'est du vent, pardon, du rêve. Car tout ce petit monde vit grâce à la contribution financière du client (qui le paye dans sa note) et du restaurateur (qui le paye sur ses profits). Il faut tout faire à l'échelle du consommateur pour supprimer les intermédiaires. Pas d'intermédiaire pour acheter ses légumes, pas d'intermédiaire pour acheter son vin, pas d'intermédiaire pour choisir son restaurant et enfin on paiera ce qu'on ingère à sa juste valeur et accessoirement on mangera mieux à pouvoir d'achat constant.



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    1. Alex, il me semble que vous ré-écrivez ce qui est marqué plus haut. Et notamment le fait qu'il faille dépasser ce fait-divers puant pour s'attaquer à des pratiques plus que douteuses.

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    2. La différence cher Alex, c'est qu'avec l'avènement du numérique et de l'ère digitale, les pratiques lamentables de certains journalistes et critiques gastronomiques sont désormais à la portée de n'importe quelle andouille capable de créer un blog...

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    3. Alex, non ! Les "intermédiaires" de qualité existent, faut pas jetter le bébé avec l'eau du bain ! D'ailleurs, à moins d'avoir vraiment beaucoup de temps libre, se passer d'eux est une utopie je pense ! 😎

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    4. Je suis d'accord il faudrait nuancer. On ne peut pas reprocher à un restaurateur de se payer un site internet, des cartes de visite ou une attachée de presse pour répondre aux sollicitations extérieures. Et en effet, il y a des gens très bien qui font ce travail. N'étant pas le cœur de métier du restaurateur, il est évident qu'il faut en passer par des professionnels.

      Mais là je pointais du doigt un autre type d'intermédiaires et des pratiques beaucoup moins légitimes. Je vous laisse lire cet invraisemblable et récent billet http://www.atabula.com/pro-conseils-fidelisation-client-restaurant/ pour se rendre compte de l'imagination débordante de certains pour faire croire aux restaurateurs qu'il serait indispensable d'en passer toujours davantage par les communicants pour remplir leurs salles. D'abord je ne crois pas que tout cela soit déterminant. Un restaurant c'est pour manger, se nourrir donc c'est là que doit se concentrer l'effort et les moyens et pas ailleurs. Et quand bien même ça l'était, je ne suis pas d'accord pour le payer sur mon addition. Les communicants sont dans leur rôle en tentant d'influencer le restaurateur mais le consommateur a le devoir de faire contrepoids.

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