Une tielle vaut mieux que deux tu l'auras.


Sète, évidemment, vous connaissez. Bien sûr, on l'aime cette ville aux contours parfois brouillons, cette île au moins aussi italienne que singulière, posée, indépendante et fière, à l'écart des campings de la côte héraultaise.
On l'aime pour plein de raisons, parce qu'elle est belle avec son linge aux fenêtres, pour cette vénérable gagneuse aux cheveux noir de jais dont le bistrot du quai d'Alger appelle le Pac à l'eau, pour son côté cagole, ses joutes où, sur la tintaine, les gros sont à l'honneur, l'ambiance feutrée et les toiles de The Marcel, les quartiers de bœuf de Lou Biou*, la maison de Soulages. Elle est tellement belle par tous les bouts, que même de Bouzigues, on se régale de lui mater le cul.


Oui, autant Montpellier m'agace un peu, autant Sète est belle. Et appétissante. Oh, bien sûr, elle déçoit souvent. On n'y compte plus les restaurants dont les cuistots pensent que le chemin le plus court pour gagner la Méditerranée se trouve davantage au fond des congélateurs de Métro qu'au bout du Canal Royal. Elle déçoit aussi avec ses tielles, un des produits les plus massacrés par l'industrie de la malbouffe, à tel point que la plupart de ceux qui en consomment n'ont aucune idée de leur goût véritable.
Là, on avait la visite (séjour de vinothérapie) de cavistes sétois**, dont Alexandre Cellier le bien nommé, du Chai Alex, franc buveur, quantitativement et qualitativement parlant. Et justement, ils nous ont régalé d'une tielle. D'une merveille de tielle.


Alors là, oubliées les tielles de merde, les usurpatrices, farineuses, fadasses, tristes comme un colloque de végétariens ou de buveurs d'eau. On est fondant, parfumé, pimenté. La mer est là et bien là, on se croit cavaler autour des halles. Un délice. Avec elle, Sète redevient italienne, se souvient de l'accent napolitain des immigrés de Gaeta, qui arrivèrent avec la recette de la tiella, de sa sauce tomate au poulpe, dans leurs maigres bagages.
Des tielles sétoises, j'en ai déjà mangé de bonnes, mais j'ai adoré l'équilibre, la classe de celle-là que j'échange volontiers contre la totalité des entrées fleuries que nous infligent les petits génies de la décoration gastronomique. J'en veux, et j'en redemande, et comme je suis de bonne humeur, je vous donne l'adresse, c'est au bas de la rue Paul-Valéry, entre la mairie et le Canal: 
19, Grand Rue Mario Roustan, 34200 Sète.
Tél. : 00 33 467 43 60 62.




* Je viens de me rendre compte avec effroi que je n'avais pas encore écrit ma chronique sur ce restaurant à viande qui flirte avec la Méditerranée…
** Épaulés par le terrible Sylvain "Fripon", Bourguignon égaré à Montpellier, à l'enseigne des Grands Vins de France, grand expert de la "machine-à-coudes".


Commentaires

  1. mes coudes mouillent, mouilles mes coudes... est ce que mes coudes mouillent!?? ;-)

    en tout cas quel bel article représentatif de cette précipauté !

    a bientôt l'ami, et bravo l'artiste !!

    bizettes friponnes

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  2. "Le grand sétois, c'est toi ?"

    Je ne compte plus les séjours dans la plus italienne de nos villes du sud.
    Car l'Auvergnat est conquérant et qu'il y a de ce fait un montluçonnais dans chaque port, ou presque.

    Lou Biou, découvert en tête à tête avec Franck, en 97, je crois.
    Quand Maurin m'appelait pour une journée mensuelle de travail.

    Le patron normand (à l'époque en tout cas) inspire physiquement confiance pour le côté cuisine et morceaux de choix. Pas du genre à manger du légume à l'eau sans assaisonnement.

    Je retiens ton adresse pour les tielles (et la transmets pour avis).
    Toutefois, je dois parler des halles où j'ai photographié le marché ces dernières années.
    Un lieu où chaque moment passé a été délicieux, comme ceux qui ont suivi à la maison avec le résultat des achats.

    Te verrons-nous relever le défi de la Saint-Louis ?

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