Fraîcheur du Rhône.
En cette fin juillet brûlante, c'est une destination de rêve. Comme les tropiques en hiver. Je m'y vois, là haut, vers le col de la Furka, caressant les parois de glace bleutée que l'été fait à peine transpirer.
Déambuler à l'intérieur du glacier du Rhône est un remède à la canicule. Faire corps avec cette source solide, longue de huit kilomètres. Songer à ces gouttes qu'elle laisse échapper pour que le fleuve, chétif, ignorant de sa puissance à venir, s'écoule dans la vallée de Conches avant qu'il ne s'en aille, comme Rilke, donner leur élan aux vins purs, poétiques, du Valais.
Mais ce n'est pas de vins suisses que je veux vous parler. Juste d'un canon que je me suis envoyé par 38,7°C. à l'ombre. Un rafraîchissement qui, sur l'étiquette, m'avouait telle une midinette empourprée un bon 14,5% Vol de tour de poitrine.
Ce jus-là lui aussi est né au bord du Rhône, bien loin du glacier valaisan, plus près de sa fin que de son début, en Languedoc-Roussillon, dans le Gard, là où il connaît l'époque la plus chaude de sa longue existence. Nous sommes à Sabran, face à Châteauneuf-du-Pape, sur des grès et des argiles calcaires, au Domaine de la Réméjeanne. La cuvée s'appelle Les Genévriers et c'est un 2011 qui vient étancher ma soif.
Ah, bien sûr, c'est un vin aux formes pleines! Un peu comme ces beautés provençales des fêtes votives, embaumées de lavandin, leurs cheveux sombres juste rafraîchis par un regard clair. Futures madones, dévouées au pistou et à l'aïoli. Rien que d'en parler, j'entends couler l'eau de la fontaine, je sens le grain de la peau d'abricot.
Un vin de professionnel, aussi, d'expérience. Malgré l'opulence des courbes, tout est carré dans le verre, ça sent la vinification (sans SO2) bien menée, le travail de vigneron. Pas de triche, de la générosité et de la précision.
Et, je le répète, cette fraîcheur née du mistral, et donc du couloir rhodanien. Attention, fraîcheur, pas verdeur! On ne triche pas! Rien à voir avec ces grenaches verts qu'on vous sort parfois du chapeau, et qui du haut de leur 12% Vol vous offrent des tanins caressants comme la poire d'un pilier basque aux épaules en bouteille de Perrier. Non, ce n'est pas un "vin d'anorexique", un châtiment. Juste un voluptueux qui se marie à merveille avec ce soleil qui l'a fait naître, et dont il connaît suffisamment l'ardeur pour ne pas s'y laisser prendre. Et rester frais.
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