Prends garde au Sud…


Poisson / blanc ? Juste un match retour? Pas tout à fait. Mais, d'un saut de puce, nous avons franchi les Pyrénées, pour aller, juste de l'autre côté de la frontière, en France, répondre au Poisson / rouge de Cadaqués, à cette rascasse, à ce chapon qui aimait d'amour le tempranillo espagnol.
Parce qu'effectivement, s'il existe bon nombre de produits méditerranéens, des gambas au thon, qui aiment le vin rouge, d'autres ne rêvent que d'épousailles charnelles avec le vin blanc. Ainsi le mérou, ce monstre gentil des cavernes sous-marines que l'on prend soin de ne consommer qu'en de grandes occasions pour ne pas transformer sa rareté en absence. Celui de la photo pesait 3,3 kilos, un beau bébé, donc, et l'idée consistait à le marier avec une autre rareté, liquide, que j'avais surnommée ici le Tondonia catalan.


Comme prévu, entre le Blanc de Blancs Tradition 1985 du Domaine Vaquer et le mérou du Cap de Creus, c'était plus encore que de l'amour, de la passion. Plus encore qu'une histoire de goût, un jeu de textures, de gras et de fondant, entre l'aérien et la longueur. Au passage, on s'est rendu compte qu'un autre macabeu de la maison, celui qu'a superbement vinifié Frédérique Vaquer en 2013 étincelait, dans un style plus contemporain, sur le beau poisson.


Et, chemin faisant, nous avons fouillé dans la vieille cave de ce beau domaine de Tresserre. Jusqu'à cet émouvant 1968, encore guilleret, qui donnait une lecture étonnante du terroir des Aspres. Une confirmation, une de plus de la belle longévité de la plupart des grands vins du Sud, du Languedoc-Roussillon notamment, de tous ceux en tout cas qui ont échappé au rouleau-compresseur du kolkhoze, qui ont été élaborés dans le respect du sol et du fruit. 
Tant pis, donc, pour une certaine mythologie du vin nourrie de contes & légendes dont le marketing ensuite se saisit pour en faire d'inébranlables vérités œnologiques, de véritables axiomes pour celui qui a le malheur d'apprendre par cœur les Saintes Écritures. Tant pis pour les amoureux des vieux discours commerciaux pinardiers, de ceux qui contemplent "le Midi" avec condescendance. Oui, en travaillant correctement, on peut faire dans le Sud* (et ces vieux vins le prouvent) des crus dont la garde est au moins égale aux étiquettes renommées de Bourgogne ou de Bordeaux**.




* Et on vous passe bien sûr les Vins Doux Naturels dont peu d'êtres humains peuvent voir le bout, dont on hérite de générations en générations.
**  Dont on oublie parfois que leur potentiel de garde ne s'exprime pas toujours à 100%…



Commentaires

  1. Ravi de lire que mon année de naissance, millésime pourri dans la plupart des cas et régions, a pu donner naissance à un vin qui a survécu comme moi ;o)

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