Quand le bœuf de Kobé parle japonais comme une vache espagnole.


Vous voyez ce "rayon-boucherie" pas très sexy? La photo a été prise récemment au supermarché BonPreu qui se trouve à 300 mètres de chez nous. "Bou", pas besoin de vous l'expliquer, ça signifie "bœuf", en dialecte catalan, "buey" en espagnol. 
Donc, entre le (baby?)bœuf local et le bœuf "du Nebraska" un des musts barcelonais, voici qu'on veut vous fourguer du bœuf "de Kobé". Rien que ça!
Cette viande est évidemment aussi japonaise que je suis petit rat à l'Opéra (je vous épargne le tutu rose…). Elle est engraissée dans un des élevages industriels de la région de Burgos où l'on vous produit la race que la mode et donc les gastronomes en culottes courtes exigent. De l'Angus, on vous en a sorti des wagons, la "Galice", ce miracle mathématique, c'est autant que vous voulez, suffisamment en tout cas pour que les cuistots étoilés de l'Europe entière puissent aller en remplir leur caddie au Métro du coin.


Un des grands trucs qui plaisait beaucoup aux gogos, ça faisait chic sur les cartes des trompe-couillons, c'était le wagyu, le "bœuf japonais". Il n'y avait donc plus maintenant que la province de Burgos était devenue terre nippone qu'à y produire le summum, du Kobé. Tenez, un reportage de la télévision nationale espagnole vous montre ici un de ces entrepreneurs qui ont comme objectif (ils ne s'en cachent pas) d'inonder l'Europe de ce genre de viandes. Des types à la pointe du progrès, ils connaissent tout des dernières méthodes qui permettent de doper l'élevage. Dans leur domaine, ils sont aussi bons que d'autres pour fabriquer des footballeurs, des cyclistes ou des tennismen. Et réactifs avec ça, si la mode suivante, c'est la vache bleue du Lac Baïkal, ou le veau à poil dur de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ils vous en fourniront un an plus tard, dans les quantités que vous voulez…


Tout ça pour dire que l'exploit désormais pour les amoureux du goût, c'est n'est évidemment plus de parader avec ce genre de trucs mais de chercher, outre les bonnes vieilles simmental qui font la maille, ces viandes que l'on ne trouve plus en restauration gastronomique (parce qu'absentes du pousse-caddie): Bazas, Chalosse, Parthenaise…  Sélectionnées par de vrais artisan-bouchers.








Commentaires

  1. Parfait, maître Pousson. Pour info, j'ai acheté hier sur le Marché des Producteurs de Montauban (TOUS les samedis matins), chez un boûcher qui y est toutes les semaines, et qui produit lui-même les bêtes, uniquement de la Blonde d'Aquitaine, du faux filet et de l'entrecôte à respect 19 € et 18 € le kilo, prix particuliers, et BIEN parée. Il élabore aussi de la saucisse sèche mi-porc, mi-veau, pas trop poivrée, Xtra!

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    1. La Blonde d'Aquitaine, cette géniale invention des Trente-Glorieuses, j'ai un peu de mal, même quand on en fait une "Rubia de Galicia".
      Magnifique adresse en revanche pour les salaisons à proximité du Tarn-et-Garonne, la famille Grangeon, qui fait notamment le marché de Valence-d'Agen.
      http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2013/04/le-cochon-pour-echapper-au-cabotinage.html

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  2. Cela me rappelle les volumes irréalistes d'Albarino produits par la péninsule parce qu' "ils partent bien" (Jean, les tontons flingueurs) ou le cheptel corse pour les subventions.

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  3. Et puis un rappel à la loi : aucun, strictement aucun boeuf de Kobe n'a été importé légalement en Europe à ce jour.

    http://www.forbes.com/sites/larryolmsted/2014/01/07/the-new-truth-about-kobe-beef-2/

    Ca ne veut pas dire qu'on ne sait pas faire de boeuf persillé en Europe, hein ? Mais juste que l'étiquette "De Kobe" relève plus de la vaseline que du bon gras.

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    1. On (mon camarade Jean-Bernard Magescas de L'Opinion) me parle de 500 têtes de véritable Kobé importées pour toute l'Europe cette année.
      Il est d'ailleurs actuellement au Japon: http://www.lopinion.fr/blog/mille-saveurs/okuda-iga-beef-ninja-style-22391

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  4. en France, nous appelons cela "tromperie". Et c'est (théoriquement) condamné, quand la DIRECCTE s'en occupe.

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    1. Ça me semble être le terme adéquat. Les espagnols ne devront d'ailleurs pas pleurer le jour où de l'Ibérico de Bellota aux yeux bridés arrivera en Europe, et ils ne pourront que s'écraser. Remarque, ça ne changera pas grand chose, on considère que jusqu'à 60% de l'Ibérico actuel est contrefait, par des espagnols eux-mêmes…
      http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2013/07/le-cochon-aux-ufs-dor.html

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    2. puisque l'agneau de Sisteron vient des pays de l'Est, le jambon d'Aoste ne vient pas d'Aoste, j'en passe et des meilleures...

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