D'accord, Jamie, je signe, mais…


Jamie, vous le connaissez évidemment? Jamie Oliver, le type de la télé, le "TV cook" comme disent certains de mes copains restaurateurs avec une légère pointe d'ironie toute londonienne, ou de mépris. Il faut dire que le Jamie, il se bouge, il est partout. On entend parler de lui au-delà des côtes anglaises; plus encore que l'hyperactif Gordon Ramsay, il est devenu une star de la cuisine cathodique.
Jamie sait y faire. Tout ce qu'il griffe a de la gueule, ou en tout cas est adapté à la clientèle qu'il cible. Cool, décontracté, looké. Vous voyez Papi Robuchon et sa bande de potes de la maison de retraite? Ou les beauferies pousse-caddie des MasterTopChefs de la boîte-à-cons? Eh bien, c'est exactement le contraire. Presque un peu trop d'ailleurs.


Et puis, quitte à me répéter, il est partout. De tous les combats. L'an dernier, il est rentré dans le lard de Mc Donald. Comme il faut, en expliquant que la bidoche de leurs hamburgers était traitée comme de la viande pour chiens, à l'hydroxyde d'ammonium, ce qui la rend impropre à la consommation humaine.
Il y a trois semaines, il mettait son costard du dimanche, et une cravate pour aller voir à Westminster Vince Cable, le très libéral Ministre des Affaires et de l'Innovation britannique pour lui dire tout le mal qu'il pensait du futur Traité Transatlantique que nous concoctent en loucedé les politiciens de tous bords. Tout ça évidemment répercuté comme il se doit sur les réseaux sociaux.


Là, ce matin, Jamie m'informait via Change.org qu'il lançait une pétition qui demande à ce que l'alimentation fasse partie des programmes scolaires, afin de réapprendre à faire à manger et lutter contre l'obésité et le diabète infantiles. Que voulez-vous, je ne peux pas ne pas être d'accord avec lui. Alors, j'ai cliqué, et j'ai signé. J'ai signé, mais…


J'ai signé mais je suis allé bouffer un bout chez Jamie. Comme tous les couillons qui poireautent en attendant l'avion à Gatwick. Parce que les bars et les restaurants Jamie Oliver®, ça pullule dans l'aéroport du sud de Londres. On en trouve deux dans le terminal nord.


Et là, je dois dire, Jamie que si en fils de pub, tu es très bien, en cuistot, il faut que tu bosses un peu. Bon, c'est joli ce que tu sers, c'est coloré comme des jouets Fisher-Price, mais ça a autant de goût que le plastique des jouets sus-cités. Bravo d'ailleurs pour ta tomate d'hiver! Toi qui veut éduquer les gamins à la bouffe, tu iras à l'école avec eux le jour où le cours portera sur la saisonnalité des produits. Remarque, ta tomate, dure comme elle est, inaltérable comme elle a l'air, elle tiendra au moins jusqu'au mois de juin, ce qui en fera un fruit de saison…


Je te passe ta sauce sucrée. Tu sais ce qu'on a dit sur le sucre… On oublie aussi, parce que je suis de bonne humeur, tes petits pains sucrés et tes hamburgers. En revanche, ta bière était correcte (je ne me suis pas risqué au vin, tu me connais…) et l'expresso, excellent, surtout à l'Italien de l'embarquement.
Allez Jamie, fais un effort, va, ça ne nuira pas. Et ça rendra plus crédibles encore tes prises de positions publiques.







Commentaires

  1. Spot on, my friend!
    Jamie Oliver est un mec formidable, mais son défaut majeur, c'est d'être devenu une marque. La dernière fois que j'ai mangé chez "lui" - un chez lui relatif, où il n'a probablement jamais foutu les pieds, je suppose, sinon le jour de l'inauguration, et encore, ce n'est pas écrit - c'était il y a cinq ans, quelque part dans le sud de l'Angleterre. On m'y a servi un steak, prétendument à l'italienne, c’est-à-dire tapé par une brute au maillet de camping jusqu’à ce qu’il ressemble à une crêpe un peu fine et trop cuit d’à peu près 23 minutes, ce qui est toujours le cas avec ce genre de bidoche lorsqu’elle passe plus de 4 secondes sur le feu – et finit de toute façon par devenir très sèche, le tout accompagné d’une variété de p’tits légumes grillés avec de vrais morceaux de charbon autour. Ça m’a énormément agacé. Mais ce qui m’a gavé par-dessus tout, j’avoue, c’est l’atmosphère boite de nuit : musique électro-foireuse poussée à fond, boum-boum-boum, lumières plus que jamais tamisée (excusez-moi mademoiselle, vous auriez une lampe de poche ?) et serveuses sur-fardées, bronzées sous cloche, au service dynamico-cocaïné-parle-toujours-je-n’entends-rien. Quelle plaie.
    Cela dit, j’adore Jamie.
    Mais à Gatwick, franchement sauf si t’as une âme de cascadeur…

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