Et si l'on parlait chiffons ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous entraîner chez les grossistes du Sentier, dans l'enfer de la confection, de l'import-export. Pas même sur la très smart Savile Row, ou, histoire de d'acheter une ou deux chemises, à Jermyn St. Car plutôt que de vous parler fringues, je voudrais plutôt vous inviter à lire cette intéressante interview parue dans le quotidien genevois Le Temps. Li Edelkoort, "l'un des plus influents oracles de la tendance" y prédit ni plus ni moins que la mort de la mode.
Cette Néerlandaise de 65 ans et Parisienne d’adoption, très influente paraît-il dans cet univers, vient de publier Anti-Fashion, "un manifeste pour la prochaine décennie", "un argumentaire en dix points qui proclame la mort de l’industrie de la mode telle que nous la connaissons aujourd’hui".
Li Edelkoort explique aussi comment le système dans son ensemble travaille depuis des décennies à son autodestruction. Elle évoque les écoles de stylisme qui élèvent des divas du catwalk à l’heure où elles devraient former des designers industriels. Les pressions économiques qui poussent les créateurs à faire des sacs à main et des chaussures, au lieu de s’attarder sur la sémantique du vêtement. Des journalistes et blogueurs de mode, qui vivent sous perfusion de cadeaux. Des designers qui travaillent sur écran, ignorant tout des propriétés de la matière. Et du prix des vêtements qui n’a plus aucun sens en regard du travail qu’ils requièrent.
"Nous sommes au point, affirme Li Edelkoort, où les collections n’ont plus de substance et se ressemblent toutes. La culture du like apportée par Facebook a engendré une écriture journalistique qui ne sait qu’admirer. Plus personne ne veut dire les choses désagréables, personne ne veut aborder les sujets difficiles. La plupart des blogueurs et des journalistes de mode manquent de la culture nécessaire pour porter un regard critique et professionnel sur les collections."
L'experte voit donc le système imploser mais croit à une régénérescence par le biais des fondamentaux: "Quand il n’y a plus de mode, il faut trouver l’inspiration ailleurs. Aujourd’hui, dans la création de vêtement et dans bien d’autres domaines, l’anthropologie s’impose comme la discipline du futur. Comprendre l’homme dans ses usages et ses désirs fondamentaux, en puisant dans l’histoire et le folklore, permet de penser différemment l’habit. Autre conséquence, la mort de la mode, c’est aussi le regain d’intérêt pour le vêtement lui-même. Sa construction, sa forme, le comportement de la matière. C’est ce qui me fait croire au retour des ateliers de couture comme laboratoires de réflexion."
Pourquoi vous entretenir de tout cela? Tout simplement parce que j'y vois un lien évident avec l'univers de la gastronomie* qui lui aussi part dans tous les sens. Et qui sous la pression des capitaux extérieurs et les applaudissements d'une claque appointée et inculte semble lancé à tombeau ouvert dans une folle fuite en avant où la forme, le show triomphent du fond. Très loin des fondamentaux.
Li Edelkoort explique aussi comment le système dans son ensemble travaille depuis des décennies à son autodestruction. Elle évoque les écoles de stylisme qui élèvent des divas du catwalk à l’heure où elles devraient former des designers industriels. Les pressions économiques qui poussent les créateurs à faire des sacs à main et des chaussures, au lieu de s’attarder sur la sémantique du vêtement. Des journalistes et blogueurs de mode, qui vivent sous perfusion de cadeaux. Des designers qui travaillent sur écran, ignorant tout des propriétés de la matière. Et du prix des vêtements qui n’a plus aucun sens en regard du travail qu’ils requièrent.
"Nous sommes au point, affirme Li Edelkoort, où les collections n’ont plus de substance et se ressemblent toutes. La culture du like apportée par Facebook a engendré une écriture journalistique qui ne sait qu’admirer. Plus personne ne veut dire les choses désagréables, personne ne veut aborder les sujets difficiles. La plupart des blogueurs et des journalistes de mode manquent de la culture nécessaire pour porter un regard critique et professionnel sur les collections."
L'experte voit donc le système imploser mais croit à une régénérescence par le biais des fondamentaux: "Quand il n’y a plus de mode, il faut trouver l’inspiration ailleurs. Aujourd’hui, dans la création de vêtement et dans bien d’autres domaines, l’anthropologie s’impose comme la discipline du futur. Comprendre l’homme dans ses usages et ses désirs fondamentaux, en puisant dans l’histoire et le folklore, permet de penser différemment l’habit. Autre conséquence, la mort de la mode, c’est aussi le regain d’intérêt pour le vêtement lui-même. Sa construction, sa forme, le comportement de la matière. C’est ce qui me fait croire au retour des ateliers de couture comme laboratoires de réflexion."
Pourquoi vous entretenir de tout cela? Tout simplement parce que j'y vois un lien évident avec l'univers de la gastronomie* qui lui aussi part dans tous les sens. Et qui sous la pression des capitaux extérieurs et les applaudissements d'une claque appointée et inculte semble lancé à tombeau ouvert dans une folle fuite en avant où la forme, le show triomphent du fond. Très loin des fondamentaux.
* Le lien entre ces deux univers, je l'avais évoqué ici, à la suite des travaux du sociologue Luca Vercelloni.
Ce qui vaut aussi pour le mondovino, mais un peu moins toutefois.
RépondreSupprimerBeaucoup moins, même je crois. Ou en tout cas dans des proportions qui demeurent presque insignifiantes, quantitativement.
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