Du vin. Ou presque…


C'est visiblement la dernière mode lancée par les supermarchés, ces bienfaiteurs de l'humanité. Attendez, pas de panique, les supermarchés britanniques. On y trouve désormais, au milieu du rayon vins, des "wine based drinks". Qu'est-ce que c'est? Comme leur nom l'indique, des "boissons à base de vin", très exactement des bouteilles qui contiennent 75% de vin, et 25% d'autre chose.
Certains, plus observateurs, plus vifs que d'autres, objecteront que ce n'est pas nouveau, qu'entre les cool wines, les rosé-pamplemousse et les sangrías, les mélanges de ce genre vont bon train. Ce n'est pas faux. La différence, c'est que dans ce cas, sauf à lire la très discrète mention portée sur la contre-étiquette, on a vraiment l'impression d'acheter une bouteille de vin normale!


Cette tromperie (appelons un chat un chat) indigne d'ailleurs le Daily Mail qui s'en fait l'écho sur les traces du site Wot Wine (qui note les vins de pousse-caddie). La chaîne Sainsbury's vend un produit de ce type baptisé Cooper, Morrisons du Shy Pig et Tesco un Umber, tout cela au rabais, of course! Car ces merveilles sont évidemment bon marché, puisqu'il n'est pas obligatoire de mentionner en quoi consistent les mystérieux 25% restant. C'est cependant cousu de fil blanc, avec des degrés qui dépassent à peine les 10°, difficile de ne pas croire qu'il s'agisse d'aqua simplex, H20. Sûrement aromatisée grâce à l'expertise de tous les génies du parfums qui sévissent dans l'agro-alimentaire et la gastronomie tendance malbouffe.
À la dégustation, Wot Wine explique que ces trucs sont dilués, ce qui semble confirmer ce qui est écrit plus haut.


Reste l'aspect légal. Peut-on vendre ça au milieu du vin, comme du vin? N'y a-t-il pas fraude? Concurrence déloyale aussi vis-à-vis de ceux qui élaborent le vin normalement?
Eh bien écoutez, je ne sais pas, je n'ai pas trouvé dans les définitions mises en place par l'Office International de la Vigne et du Vin de quoi condamner cette pratique, il semble que l'on soit en plein vide juridique*. Tant que l'on dépasse un titre de 8,5%/vol et que la bouteille ne contient pas plus de 25% d'eau (l'ajout d'eau est autorisé dans de nombreux pays, notamment en Australie), apparemment, ça passe. Je vous promets de me renseigner mais a priori, ces boissons à base de vin  et leur mise en place en magasin ne dérogent pas à la loi, au Royaume-Uni en tout cas. 
Ça donne envie d'aller remplir son caddie, non? Allez, quand est-ce qu'on ressort les raisins secs et l'alcool de bois, comme à la fin du XIXe siècle, comme au "bon vieux temps"?




* Addenda: grâce au commentaire de Guillaume Gondinet (ci-dessous) nous en savons plus désormais sur la définition légale de ce produit.



Commentaires

  1. Ce type de produit est défini par la résolution 288-2010 de l'OIV:
    http://www.oiv.int/oiv/files/3%20-%20Resolutions/FR/2010/OIV-ECO%20288-2010.pdf
    "Boisson à base de vin": 50% vin min, le reste est sujet à caution :-)

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    1. Merci, Guillaume.
      Voilà donc qui répond à la première partie de la question. Je n'avais pas vu cette résolution plus récente.

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  2. Règlement valable pour les pays adhérents a l'OIV dont la Chine, les USA en tant que producteurs ne font pas partie.

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  3. Je confirme , pour en avoir produit, wine products , c'est bien de la flotte qu'on y jette dedans. on a meme un surnom pour le tuyau d'arrosage : le "black snake", car finalement, c'est le meme que l'on voit dans les vignes de si nombreuses regions Australes.
    Plus insidieux encore est l'ajout de LSJ (low sugar juice), residu de concentration de mouts, car la , on peut en mettre tant qu'on veut et ca reste du "wine" ! c'est pas beau le progrès ?

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