Ils me gavent, les défenseurs des canards!


Le "truc" dont je vous parle aujourd'hui, je vais vous dire, je ne voulais pas vous en parler. Parce ce que j'en ai marre. Parce que ça pue. Ça a presque ce parfum de décadence que les déclinistes sentent partout et vis-à-vis duquel j'avoue parfois me boucher le nez.
De quoi s'agit-il? De ces illuminés qui sont partis en guerre, entre autres, contre le foie gras. J'écris entre autres parce que le foie gras, ils l'utilisent comme un symbole: en fait, ils veulent en faire le repoussoir de toute les nourritures carnées. Oui, assurément, leur ennemi, c'est la viande. Ils ne s'en cachent pas d'ailleurs, invitant notamment à des "grèves de la viande" (poisson compris), demandant aux pouvoir publics de promouvoir une alimentation végétale.
Je hais ces gens. C'est fort comme verbe, haïr. Pourtant, je le répète, je les hais. Pas parce qu'ils menacent ma tartine de foie gras ou mon entrecôte. Je n'ai absolument pas un régime "à l'américaine", à deux steaks par jour, ce n'est pas cette vision-là que je défends, loin s'en faut. La viande, je l'aime, mais de qualité, précise, respectée, du genre de cette misère toulousaine que je vous avais racontée ici, à la façon de ceux qui sacrifient proprement le cochon, qui savent que sa mort nous donne la vie.
Si je les hais, ces gens, c'est pour des raisons philosophiques. Parce que la grande escroquerie dans laquelle ils sont en train d'essayer d'entraîner les girouettes qui nous gouvernent dépasse de loin le "rayon boucherie". Les gens dont je vous parle, notamment cette association L214* dont il est question aujourd'hui, s'inscrivent dans le courant dit de "libération animale", dans le mouvement antispéciste. En clair, il n'y a pas pour eux de différence entre l'homme et l'animal. Cette frontière, ils souhaitent l'abolir.


Mais ce n'est pas rien cette frontière, c'est autre chose que des émois de mémères à caniche, que des caprices de ventres pleins. C'est un fondement de notre civilisation, c'est un rempart, un garde-fou. Cela s'appelle l'humanisme et ça ne se bafoue pas sans conséquence. Jamais, comme ces dingues en rêvent, je n'admettrai qu'envoyer un troupeau de bœufs à l'abattoir relève du crime contre l'humanité, jamais je n'accepterai que l'on mélange tout, jamais je n'accepterai cette forme perfide de négationnisme. C'est au contraire en prenant conscience de la possible grandeur de l'homme, en le "sacralisant" que l'humanisme nous aidé sinon à nous extirper des ténèbres au moins à progresser vers la lumière. Pensez-y. Pensez à tout ce que nous avons encore à faire pour améliorer la condition humaine, à la Syrie, au Bangladesh, à la Corée du Nord, à l'Afrique… Et vous finirez par trouver les pleurnicheries animalistes un rien indécentes.
Mais revenons-en à des sujets plus légers, à ce foie gras contre lequel les antispécistes de L214 viennent à nouveau de s'attaquer. Grâce à la complaisance de journalistes pressés, pour ne pas dire peu regardants, la bombinette qu'ils ont sorti hier se répand sans réflexion dans les journaux. L'association animaliste appelle les chefs de grands restaurants parisiens (comme Alain Ducasse et Joël Robuchon) à supprimer le foie gras de leur carte en raison des conditions d'élevage et de gavage des canards. À l'appui de leur revendication, les activistes diffusent une vidéo montrant des ateliers industriels, sensés appartenir au groupe vendéen Ernest Soulard, lui même sensé fournir en foie gras le Meurice, le GeorgesV, le Shangri-La, les Ateliers Robuchon, le Fouquet's, le Royal Monceau, etc, etc… Deux remarques. La première: cet énorme groupe industriel (340 éleveurs, 340 salariés) chapeaute six marques distinctes qui couvrent des clientèles différentes, du bas-de-gamme à la gastronomie; si la vidéo a bien été tournée dans une de leurs unités de gavage, espérons, pour justifier la revendication de L214, que ce soit bien dans une des unités produisant la catégorie de produit destinée à la gastronomie. Deuxième remarque, plus anecdotique, celle du gourmand: en l'absence de réponse des intéressés, j'espère que ces tables réputées (mais qui ne m'attirent guère) ont des fournisseurs plus recherchés que ce genre de groupes industriels; Alain Ducasse notamment, en bon Gascon qu'il est, en connait sûrement des dizaines de meilleurs dans notre bon Sud-Ouest, je serais aussi surpris que désolé du contraire. Au cas où, j'ai des adresses…


Quoi qu'il en soit, au delà de cette vidéo, ce qui est posé là, comme à chaque fois, ce n'est pas le problème du foie gras, mais celui de l'élevage en batterie. Ça vaut pour tous les animaux traités de cette manière immonde, veaux, vaches, cochons. Et palmipèdes gras. S'ajoute à cela, pour ces derniers, la prétendue torture dont ils sont victimes au travers du gavage. Alors, pour le énième fois, pour rassurer Brigitte Gothière, la porte-parole de L214, je vais rappeler ce qu'est le gavage. Affirmer qu'il s'agit de torture prouve une totale méconnaissance de la physiologie du canard ou de l'oie. En effet, ces deux volatiles ne possèdent pas de glotte mais disposent d'un jabot qui a une fonction de stockage de la nourriture; le tuyau de l'embuc, comme on dit dans le patois de chez moi, cet entonnoir qu'on introduit dans le jabot ne blesse pas l'animal. D'une façon imagée, on pourrait dire que son bec sont nos lèvres et son jabot, notre bouche. L'image va peut-être vous retourner le cœur, madame Gothière (et vous donnera par là même l'occasion de vociférer contre les viandards qui sont aussi des machos pervers…), mais ce n'est en aucun cas un deepthroat qu'on impose aux palmipèdes!
Donc, la réponse à tout ce cinéma, à ce marketing de la sensiblerie, c'est que du foie gras, malgré Walt Disney (et ses animaux si humains…), malgré Amazon, nous allons continuer à en produire, à en manger, et à en exporter. Du foie gras sain, propre, issu de petits producteurs, celui que l'on ne mange que les jours de fêtes, une merveille au moins aussi écolo que les délicieux soja transgéniques, parfois même "bio", qu'on produit au Paraguay ou au Brésil, sur le dos des populations locales, et dont ces gens veulent nous nourrir.
Allez, à vot' santé, m'sieurs-dames de L214, je vais aller me faire une petite tartine, avec un bon verre de vin (que vos cousins prohibitionnistes veulent nous interdire). Parce que, comme on dit dans le Sud-Ouest, vous, les soi-disant défenseurs des canards, vous me gavez !



* L'association tire son nom de l'article L214-1 du Code rural dans lequel les animaux sont pour la première fois désignés comme "êtres sensibles" dans le droit français : "Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce."

 PS: toutes images qui illustrent cette chroniques sont tirées de La cuisine de la Tupina, écrit avec Jean-Pierre Xiradakis, injustement condamné par la Justice pour avoir défendu contre vents et marées un art de vivre qui m'est cher. J'ai dis mon indignation ici et je lui renouvelle mon amitié.


Commentaires

  1. Amusant votre nom ... il suffirait de remplacer le O par I et vous rejoignez la famille des palmipèdes !
    Tout ce long discours pour vous rassurer l'égo. Cela doit être une dure bataille visiblement. Ne le prenez pas à la critique, et sincèrement je souhaiterai en discuter avec vous si vous le souhaitez, voici mon adresse mail : gaveur2foi@outlook.fr . Cordialement et n'hésitez pas à me contacter !

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    1. Au delà de votre hilarant humour de prof de gym, il vous faudrait encore étudier un peu les animaux: le poussin, c'est la poule (et certains volatiles) qui n'est évidemment pas un palmipède. Pour vous en convaincre, sortez un jour de la ville, chaussez des bottes en caoutchouc et visitez une basse-cour. Et comme, avec votre humour, vous me semblez sympathique, je vais vous donner un truc pour faire ensuite un bon repas: si à côté des poules, poulets, coqs et poussins, vous trouvez une pintade, surtout, surtout, ne la saignez pas! La pintade, ça s'étouffe, c'est ce qui permet de lui conserver son moelleux, bien plus efficacement qu'en lui mettant un petit suisse dans le cul. Mais je digresse!
      Pour le petit du canard, donc, on dit plutôt caneton (ça peut être délicieux rôti, avec un jus court, aux figues). Et pour l'oie, l'oison. Savez-vous au fait qu'un des avantages du foie d'oie, c'est qu'il n'est jamais produit en batterie? Vous devriez y goûter, on en trouve d'excellents dans les Landes. Pensez à en acheter un la prochaine fois que vous allez y manger des petits oiseaux…
      Tiens, à ce propos, vous avez lu ce billet (que vous allez adorer)?
      http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2013/10/jean-pierre-je-taime-on-en-remangera.html

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  2. A l'anonyme : je ne connais pas VPousson, et je n'aime pas toujours ses posts… mais vous alors, c'est énorme d'être aussi con et vil: faire une petite intro navrante sur le nom de son interlocuteur, l'air de rien, pour se foutre de sa gueule, puis l'attaquer sur son soi disant égo et finir par lui proposer une discussion… Quel est le sujet de votre intervention ? Relisez bien et prenez en de la graine, VPousson avance des arguments, défend ses idées… Il a juste le courage qui vous manque.

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  3. vous faîtes partie de ces personnes qui me font littéralement perdre l'espoir envers l'humanité!
    sacrifier des animaux innocents juste pour votre pitoyable "gastronomie"!
    votre vie est donc si vide, si triste, pour qu'un plaisir en bouche éphémère justifie la violence, la cruauté, le meurtre?

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    1. Ah Sophie, vous donnez envie d'aller me resservir une belle tartine de foie gras! J'y vais de ce pas.

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    2. Bonjour , Vincent
      Pfff pathétique comme post , tout ça pour votre petite vie ... VOUS VOUS CROYEZ DROLE AVEC VOTRE PETITE PROVOC "me resservir un foie gras" ?! Et n'allez pas dire que je suis hypocrite parce que je compte être végétarien mais ma mère ne veux pas complètement (je suis semi-végétarien ). Au final , ce sont des gens comme vous qui me "gavez" (sans mauvais jeux de mots) .Comme disait Ghandi : "on reconnaît la grandeur d'une nation à la manière dont elle traite les animaux ". Nous sommes bien bas . Cela se saurait si le gavage était sans souffrance . Vous voulez juste continuer à être dans votre petit confort . L'humain me dégoute de plus en plus , il pollue , détruit tout sur son passage , n'a aucun respect pour la vie animale . Ce sont des gens comme vous que l'on devrait gaver , on verra si vous ne changeriez pas d'avis pour le foie gras et la viande .
      A bon entendeur , salut .

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    3. Merci pour ce moment, courageux 'anonymous'. Ne changez rien, j'ai bien ri.

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    4. "Et la bise à votre maman…"
      Tellement gamin...

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    5. Oui, tellement gamin. Mais suffisamment adulte pour signer de mon nom, contrairement aux couilles molles.

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    6. MARECHAL Florian26 mars 2017 à 14:28

      Car généralement , ces personnes disant "les humains d'abord" , ne font généralement rien pour eux .

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  4. MARECHAL Florian26 mars 2017 à 14:25

    D'abord , je ne sais pas comment faire pour mettre mon prénom car je suis nouveau.
    Et puis vous parlez de la condition humaine au Bangladesh ... Mais faites vous quelque chose pour ces humains ?

    PS : c'est bon j'ai trouvé comment faire pour le prénom.

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