Sodomie bio.


Pour ce soir, on m'a commandé un flan aux œufs. vous savez, le bon flan aux œufs, celui qu'à Toulouse la mamie te sert en fin de repas après les escargots, le cassoulet et le bethmale. Le problème, c'est que là, au moment où je vous écris, je suis à Barcelone, capitale mondiale de la gastronomie synthétique, tecnoemocional comme ils disent. Et que faire un flan digne de ce nom nécessite trois ingrédients irréprochables, la vanille, le lait et les œufs. Pour la vanille, pas de problème, ma belle sœur m'a fait un joli cadeau, pur Bourbon; pour un royaliste comme moi, c'est impeccable.
Reste le lait et les œufs, ce qui, au pays des usines à malbouffe, relève de la quête du Graal. Franchement, je n'en ai jamais trouvé qui dépassaient la mention passable. Là, faute de temps, je suis allé chez le "bio" du coin, roi du kilomètre zéro et tout le toutim, le papier se laisse écrire… Je lui demande du lait cru, il me fourgue ce qu'il a, à un peu moins de trois euros le litron. En arrivant en cuisine, je constate qu'il ne s'agit que d'un vulgaire lait pasteurisé; on fera avec. Je l'ouvre, donc. Au nez, pas grand chose, juste une vague odeur de plastique; en bouche, au début, c'est un poil mieux, presque parfumé et gras, sauf cette finale vinaigrée. Super!
M'en fiche, j'ai les œufs, pardons, les ous, c'est écrit en patois sur l'emballage façon Mercadona (le Leclerc espagnol). Et on précise bien qu'il s'agit de "poules catalanes", ce qui doit signifier qu'elles ont participé à la Via Catalana et qu'elles ont leur carte au parti nationaliste du coin. Évidemment, les œufs aussi sont "écològics". Je les casse, et comme je suis curieux, je goûte à cru. Rien. Vous me direz que je suis difficile, que c'est super parce ça ne sent pas le poisson, ce qui ici est déjà un exploit. Pas faux.


Ce que j'écris là n'est en rien une critique systématique des produits "bio". En revanche, c'est vraiment un coup de gueule, une grosse colère contre ces surfeurs, qui après avoir vendu du jeans, de l'informatique et de l'immobilier viennent prendre la vague écologique, parce que ça vend, parce que c'est tendance. Ils me les brisent menu. Bien avant qu'ils ne soient là, j'ai mangé de vrais œufs de ferme et bu du vrai lait au pis de la vache qui lui me racontait autre chose que leurs sornettes commerciales pour citadins archi-pollueurs en mal de bonne conscience. Bref, j'en ai plus que ras le bol de ces gens qui n'ont d'autre discours, qui n'ont rien d'autre à dire que "bio, bio, bio", qui agitent ça comme les nationalistes un drapeau, comme les fashionistas une marque à la mode, juste parce qu'ils n'ont rien de profond à dire. Et je déteste d'autant plus ces gens-là parce qu'ils font du tort aux paysans sincères qui n'ont pas attendu le marketing vert, le green-washing, pour engager une démarche intelligente et durable. Parce que leur superficialité fait d'eux des ennemis de cette démarche. Contrairement à ce qu'ils veulent nous vendre, je n'achèterai jamais du bio pour du bio, de l'argumentaire technico-commercial à deux balles déguisé en parole politico-éthique.
Bon, je me calme. De bonne heure et de bonne humeur, je prépare mon flan, avec ce que j'ai. La vanille va me sauver la mise, je sais. Mais, j'ai quand même la légère sensation d'avoir les yeux qui piquent. Parce que bio ou pas, se faire enculer, ça peut faire mal au cul.





Commentaires

  1. Et surtout, si tu sens que ton ennemi est entrain de te la mettre dans le cul, ne bouge pas, il pourrait jouir

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