L'Amérique se met au naturisme !

Pardon, promis, je ne le referai plus. Je sais, ce titre est un rien "survendeur". Michel B., pas de panique! Que les gardiens de l'orthodoxie se rendorment, Uncle Bob, votre poteau, ne s'est pas déchiré la tête hier soir en sniffant cinq bouteilles d'On s'en bat les couilles, histoire de se mettre en jambes avant le beaujolais nouveau. Non, non, rassurez-vous, New-York, ce n'est pas l'Amérique. Et encore, New-York, c'est vaste…

N'empêche, c'est tout un symbole (je connais quelques naturistes qui vont déboucher un pet'nat'), le Wine Spectator a fait entrer un vigneron alternatif dans son classement annuel, annoncé ce soir dans son intégralité. Oh, pas en pole position, ni même dans le Top Ten que je commentais vendredi, juste en 76e place (mais quand même huit places devant le rosé Miraval de Brad Pitt et Angelina Jolie…). Et le vin dont il est question, c'est le morgon de Lapierre, sans qu'il soit précisé de quelle cuvée il s'agit.

Vous l'imaginez, ça? Le vin de feu Marcel Lapierre, grand copain de Siné, l'anar pro-palestinien, anti-capitaliste, célébré dans un magazine symbole de l'american way of life? Sacré retournement de situation! Au passage, Wine Spectator nous apprend que deux mille deux cent cinquante caisses, soit vingt-sept mille bouteilles du fameux morgon, désormais vinifié (depuis 2008) par Mathieu Lapierre, sont importées aux États-Unis par Kermit Lynch et Chicago Wine Merchant. Ce n'est pas rien, surtout pour un une propriété de treize hectares!

Je ne peux pas, du coup, m'empêcher de repenser à cette phrase d'un caviste nature (de longue date), phrase que j'avais citée il y a quelque temps sur un réseau social et qui scandalisé certains gardiens du Temple (pas les mêmes que ceux du début de cette chronique, leurs symétriques): "Lapierre, affirmait ce caviste, c'est le Tariquet* du vin nature!" Je ne sais pas exactement quelle était la part de boutade dans cette phrase à l'emporte-pièce. En revanche, s'il s'agissait, avec une pointe d'humour provocateur, d'expliquer que le domaine de Villié-Morgon connaissait, à son échelle*, une réussite exemplaire, à l'export notamment, la remarque était loin d'être infondée.

* Car comme le rappelait au moment de cette mini-polémique Mathieu Lapierre, le domaine déclare produire cent mille bouteilles au total, quatre-vingt-mille de morgon, vingt-mille de Raisins gaulois.