Je n'ai vraiment pas le "goût américain"…
Rassurez-vous, il y a des tonnes de choses que j'aime en Amérique! Des écrivains, de Hemingway au vieux Buk, en passant par le très noir Demande à la poussière de Fante et la très humaine Rue de la sardine de Steinbeck. Quelques films aussi, rien que pour Lauren Bacall se grattant le genou dans Le grand sommeil. Un peu de musique, bien sûr, Lou Reed qui ne nous quitte pas, Iggy toujours, les Cramps, le Boss, parfois, les Ramones, les Doors… Toute une brocante d'objets de consommation aussi, la calandre de la Jeep originelle, celle de mon pote L'Altesse qui freine encore moins qu'un Land, les montres Hamilton des types qui étaient à bord et qui nous ont libérés, mon 501 qu'il me faut aller faire repriser et les chemises oxford bleu tendre de chez Brooks Brothers, increvables, ma seule infidélité à Jermyn St.
À table, ça se complique. C'est une affaire de goût bien sûr, le mien est moins sucré, mais je crois que c'est d'abord une histoire de valeurs. Adolescent, j'avais été très choqué par cette fille de l'Iowa qui hurlé d'effroi en voyant arriver à table un poisson entier, avec sa tête, normal. À l'époque, je ne savais pas encore que la tête, c'était ce que l'on réservait aux nobles chinois, si je l'avais su, je crois que je lui aurais dit pour lui donner une vague idée de la civilisation. Et je ne vous parle pas du jus de pomme et du Caca-Cola dans le margaux…
Il y a énormément de contre-exemples, évidemment. Tiens, par exemple, je me souviens de certains Thanksgiving. Non pas que j'adore la dinde, c'est pour moi une des volailles les plus méprisables, et c'est encore pire avec l'accompagnement de circonstance. Mais j'ai de beaux souvenirs.
Je digresse, je digresse, revenons-en au vin, c'est le sujet de cette chronique sans queue ni tête. Je vous parle de l'Amérique parce que le Wine Spectator, le gros canard pinardier local vient de sortir, comme tous les ans, le classement de ses vins préférés pour l'année en cours. Je vous en avais déjà parlé ici, ce n'est pas inintéressant, ça donne la tendance du "goût américain".
Et cette année, le number one de ce Top 100 me prouve une fois de plus l'océan qui me sépare des buveurs d'Outre-Atlantique. Ils ont primé un vin d'une bodega espagnole que je ne déteste pas, CVNE, en Rioja. Souvenez-vous de cette dégustation de rêve à laquelle j'avais eu la chance de participer au début de l'année, une incroyable verticale de Viña Real, un des vins ibères qui au vieillissement révèle des arômes parmi les plus élégants. Eh bien, comme de bien entendu, le Wine Spectator a zappé la finesse de Viña Real et a craqué pour le côté plus massif, plus boisé de l'Imperial de la même maison. Vous me direz qu'il en faut pour tous les goûts. Je suis bien d'accord.
Cela dit, le reste du classement, c'est au bout de ce lien, vous constaterez que la France ne s'en sort pas si mal avec trois vins (dont deux châteauneufs-du-pape) dans le Top ten.
Angélina pour ses Messieurs et Brad pour ses dames ont dû faire monter en flèche le "X-factor" du chateau Miraval!
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