Il a tout d'une grande…
Souvent, on cherche midi à quatorze heures. Et dans le Mondovino plus qu'ailleurs, alors que parfois, il suffit de presque rien… Une des plus charmantes bouteilles que nous ayons bues le week-end dernier, au milieu d'une avalanche de flacons prestigieux, inestimables, était la moins chère de toutes. Et encore, comme tant de crus, le Vin des Amis a connu depuis vingt ans un taux d'inflation digne de l'Allemagne de 1923, de la Hongrie d'après-Guerre ou du Zimbabwe actuel. Je me souviens quand, au siècle dernier, on en trouvait à L'épicerie, rue Ninau, à Toulouse pour à peine plus qu'une pièce de dix francs. C'était en 1993, il y a 19 ans, une éternité. Il est vrai qu'à l'époque, la délicieuse petite syrah de l'auguste famille Clape, icône de la Vallée du Rhône septentrionale, n'avait même pas le droit de faire figurer son millésime sur l'étiquette, victime de sa piètre condition de Vin de Table. Pourtant… Aujourd'hui, par la grâce de la nouvelle législation des Vins de France (c'est pareil que le Vin de Table, mais ça fait moins prolétaire…), le 2011 annonce fièrement son année de naissance, ce qui lui vaut d'être vendu autour des douze euros. Tout augmente, ma pauv' dame…
N'empêche que même à ce tarif "pour Américain", le Vin des Amis 2011 demeure un canon d'anthologie. Oui, le "petit jus" des Clape (je suis amoureux des mains du fils, Pierre-Marie) a tout d'une grande syrah, presque comme un cornas en miniature. Avec l'accessibilité en plus puisqu'on peut se régaler dès maintenant de ce nez floral, de ses arômes de poivre blanc, de cette bouche mûre et fraîche, si bien tenue, de ses beaux amers. Quel sublime prélude à la grande leçon de syrah qui a suivi, orchestrée entre autres par La Chapelle 91 (jeune, sérieux, serré mais tellement profond), Allemand Chaillots 07 (se boit plus vite que son ombre…), Garons Les Rochins 07 (le plus gourmand?), Gonon (la classe), Wild One 07 (l'Australien élégant) et tant d'autres. Oui, quel sublime prélude, tellement sublime qu'on se dit parfois qu'on pourrait souvent s'arrêter là. Au Vin des Amis…
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