Halloween de crise.


On sent bien chaque jour que l'Espagne n'est pas au mieux de sa forme. Et parfois à des petits détails assez révélateurs: moins de bouchons autour des villes (aujourd'hui, remarquez il y en avait partout les transports étaient en grève!), des restaurants vides, des rues désertes le samedi, ces mains qui se tendent, désespérément…  Je ne vais pas faire de misérabilisme, vous parler de ces gens que des banques aussi coupables qu'eux foutent dehors de leur maison du jour au lendemain, des petits commerces qui crèvent les uns après les autres, mais, ici, outre-Pyrénées, bien plus qu'en France ou dans d'autres pays européens, on est "dans le dur". Pourtant, figurez-vous que, hier soir au centre de Barcelone, j'ai trouvé un bon côté à cet ouragan de tristesse qui déferle sur l'Espagne. Parce que, comme le beuglaient sur tous les tons les réclames stridentes des médias populaires, c'était Halloween. Et, sauf à avoir allumé la télévision ou à passer devant un restaurant moléculaire, pardon, devant un McDonald, on ne s'en rendait pas compte. Pas un panneau, pas une affiche, aucune fausse toile d'araignée, pas la moindre citrouille en plastique! Rien pour célébrer la fête celte, païenne de Samain devenue symbole de l'Amérique commerciale. À peine quelques jeunes maquillés, place Sant Jaume, qui, en catalan, avec l'accent, filaient en boîte fêter RRRRalloween avec du gin-tonic. Et, aussi, un peu plus bas, vers la place del Ángel, dans la devanture d'une vieille fabrique de cierges: sur fond de guipure, dans un sanctuaire dont on imagine pourtant le catholicisme pur et sans tache, j'ai entrevu, en cire, rigolarde, la seule courge de cet Halloween de crise…

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