Gonzo ou porno-chic?


Peut-être fallait-il la froideur d'un magazine économique pour faire enfin un papier relativement objectif sur la vogue des vins "naturels"? Reconnaissons en tout cas que l'article que publie ce week-end Le nouvel économiste fait assez bien, au delà de quelques légères inexactitudes*, le tour de la question. Pour une fois, on ne tombe pas dans le militantisme, pour ou contre, ni dans la guerre de religions ou l'algarade partisane. Rien que ça, c'est reposant…
Parce que, je l'avoue, depuis quelque temps, l'atmosphère d'une partie du Monde du vin, celle "qui fait l'opinion" (ou qui croit la faire), est devenue assez irrespirable. Entre l'indigeste dialectique des Rochard** au petit pied, commissaires-politiques en manque de procès staliniens, et les "éléments de langage" des attaché(e)s de Presse déguisé(e)s en châtelain(e)s-journalistes, l'envie "d'ailleurs" nous taraude. L'envie, surtout, de prendre le parti de ne pas en prendre, le Parti d'en boire (créé en 2006 par Michel Smith et qu'il ferait bien de relancer).


Parce que, franchement, il y a des jours où, à force d'outrances (euphémisme), on n'a plus envie de choisir. Tenez, je vais vous le caricaturer un peu, histoire de rigoler. Enfin, caricaturer, pas tant que ça, il y a des moments où la réalité dépasse la fiction…
D'un côté, "an rentran de la manife aveq jeremi et la seur a cyril", on va vous beugler dans les oreilles qu'il "fô chengé la kultur du vain!!!", "k'yen a mar dé vain de vieu plain de banane, d'aspartam é de souffre ki fon bobo a la taite!!! ;-)", que "le vain sé la raivolutiont!!!", "kon veu du glouglou, du supaire glouglou!!!!"
De l'autre, "ma chère", on va s'extasier, se pâmer, un petit four à la main et dans un style ampoulé, devant le Disneyland pinardier, pardon, "le merveilleux château de contes de fées", le "génial projet" de tel ou tel "visionnaire" qui va "redonner du sens à son modeste travail de vigneron" et "réécrire avec talent l'avenir de son appellation".


Donc, moi, l'un comme l'autre, gonzo ou porno chic, me donnent envie de boire tout sauf du vin, sauf le vin tel qu'ils me le "vendent". Même si j'apprécierai, en fonction de l'instant et de mon libre arbitre, tel ou tel cru pour lesquels ils militent où dont ils font commerce (ces deux notions se rejoignant parfois). Car, oui, comme je l'écris souvent, on peut avoir envie d'une chose et de son contraire, se siffler un canon sans faire de politique, sans lui demander ses papiers, juste pour le plaisir. Je repense d'ailleurs à cette phrase de Jean-Baptiste Sénat à propos d'un caviste toulousain devenu plus royaliste que le Roi sur la "naturalité" des vins: "Ah, X, lui, maintenant, il lui faut carrément des vins surnaturels!" Et, il y a évidemment les mêmes de "l'autre côté du Mur"…


* notamment sur la certification bio des vins naturels, posée comme condition sine qua non, alors qu'en ce domaine, en l'absence de réglementation officielle, la question du contrôle reste toujours posée. Remarquons toutefois que l'Association des Vins Naturels a récemment modifié sa charte d'engagement qui désormais exige du vigneron que sa "pratique culturale respecte obligatoirement la démarche de l’agriculteur biologique ou bio-dynamique".
**  relisez Uranus.

Commentaires

  1. Eh oui, la "naturalité" dépasse souvent la réalité du vin, du moins en ce moment... Seuls avantages au sans soufre actuel : cela fait bouger les mentalités, explorer l'inexplorable et rend la vie plus jouissive tellement on est content de tomber sur un bon vin !

    Par ailleurs, merci de penser à notre défunt Parti d'En Boire que j'ai songé faire renaître un jour mais pour lequel je manque de dynamisme. Dire simplement qu'il était à l'origine l'oeuvre d'une certaine Christine Ontivéro que tu connais bien. J'ai la possibilité de le relancer : donc si un jour une idée te passe par la tête, tu es invité à venir en discuter !

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    1. Cher Michel,
      Réactive ton Parti d'en Boire!
      J'en suis et j'en connais d'autres...
      Mais j'ai peur que 2 jours après un courant dissident ne se crée celui "d'en Trinquer", qui 5 jours après rentrera en scission avec le courant "d'en Boire Mieux"...
      Après les états généraux des Partis d'en Boire, le comité exécutif entérinera la déviance petite bourgeoise du courant "D'en Boire Plus" et les exclura....etc.....
      Bref...c'est justement ce matin en relisant M.V.M. (qui n'a strictement rien a voir avec NKM), que je me suis fait cette réflexion que le monde du vin ressemble tellement à la gauche des années 70 (ou de toujours, la gauche qui avait un discours théorique), enfin à une certaine gauche avec ces courants, ces débats, ces empoignades, la dialectique marxiste a été remplacée par celle du MondoVino, finalement ce serait à mourir de rire si ce n'était pas si... vain ou Vin ... mais ça c'est mon coté cynique pessimiste...
      Relire Montalban!!!!

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    2. Laurent, tu as mille fois raison. D'ailleurs j'ai fort affaire avec mon parti du Carignan !

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  2. Et oui et quand on sait le pognon qu'il y a et qu'ils font là dedans, au diable l’éthique!!! Vous reprendrez bien un petit verre de vin "Nature" aux pesticides Monsieur Pousson!!!

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  3. Ben un peu partout... On a les noms des meneurs!

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