Chasseur de salopes, un métier en plein essor…
On va dire que c'est un hasard de l'apéro, c'était hier soir à Monviníc, la vinothèque style Cosmos 99 de Barcelone. Ce monsieur* et moi nous connaissions à travers les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, etc… Et comme il était de passage en ville, pourquoi ne pas aller prendre un verre ensemble?
Ce monsieur, appelons-le Gaétan, travaille pour une agence de com', il est en charge d'un très gros budget, le prestigieux fleuron d'une marque de champagne non moins prestigieuse. Pas vraiment le genre de bouteille que je bois, mais ceux qui lisent les manuels de savoir-vivre du vin à tendance anglo-saxonne ou qui ânonnent les cours de maintien qui s'y rapportent continuent d'en faire grand cas, de même que les nouveaux Russes et les asiatiques plaqué-or. Rien de très original, donc.
Sauf que la mission exacte de Gaétan ne manque pas de sel: il m'explique qu'il est "chasseur de salopes"! Très clairement, son job consiste à trouver, sur le Web notamment des blogueurs, des journalistes, des prescripteurs susceptibles de se faire rincer** afin de chanter les louanges "de façon tout à fait spontanée" de la marque sus-citée (enfin presque…) . "Pas des putes, précise-t-il, des salopes". Je n'entre pas dans les détails qui font toute la différence, mais visiblement, comme nous l'avons tous plus ou moins constaté, il ne s'agit pas d'espèces en voie d'extinction.
Gaétan est charmant, cultivé, sa conversation est agréable et sa fiancée délicieuse, il aime le bon vin, nous ouvrons donc quelques chopines*** à l'image de ce prodigieux magnum de Maghani 97 de mon copain**** Marc Valette, un vin majuscule aux arômes de truffe noire qui conjugue finesse, fraîcheur et allonge. Nous nous attardons aussi sur l'excellent Prioundo 2009 des Clos perdus, un grenache/cinsault des Corbières que tant de gens***** prennent à l'aveugle pour un pinot et dont le manque de notoriété m'interpelle; peut-être Paul Old et Hugo Stewart devraient-ils casser leur tirelire et recourir aux efficaces méthodes de Gaétan. Je plaisante! Je lui fait également découvrir l'Alanda 2008 de José Luis Mateo dont je parlais récemment, qui enfonce par sa lumière intérieure le gentil ribeiro A torna dos pasas 2009 de Luis Rodríguez Vazquez, plus toasté, plus lourd alors qu'apparemment (et paradoxalement!) moins mûr.
Nous buvons un coup, donc, avec allégresse, dans la modernité presque naïve de Monviníc (genre Ubu des années 80, les Toulousains comprendront), digressant sur ce monde médiatique du vin et son théâtre d'ombres, sur l'aimable mélange des genres qui y prévaut, bien au-delà du métier présumé de Gaétan.
Car enfin, le fait de travailler dans le vin, d'y avoir une ou plusieurs casquettes n'obère pas nécessairement le jugement de tel ou telle. Parfois même au contraire, un peu de professionnalisme et de connaissances permet même de dire parfois un peu moins de bêtises. Non, sans jouer le moraliste (j'ai horreur de ça!) le problème, ce sont assurément toutes ces "salopes", mâles ou femelles: faux journalistes mais vrais marchands de vin******, sans vergogne aucune, qui se cachent derrière des décolletés agressifs, de grands airs, des comités Théodule, des dégustations magistrales, des risettes charmeuses, des Wine-machin, des photos Instagram ou des "glouglous" complices. Je ne vais pas lâcher de grands mots, évoquer des notions désuètes, la déontologie, la rigueur, l'honnêteté, mais bon, bas les masques!
Car enfin, le fait de travailler dans le vin, d'y avoir une ou plusieurs casquettes n'obère pas nécessairement le jugement de tel ou telle. Parfois même au contraire, un peu de professionnalisme et de connaissances permet même de dire parfois un peu moins de bêtises. Non, sans jouer le moraliste (j'ai horreur de ça!) le problème, ce sont assurément toutes ces "salopes", mâles ou femelles: faux journalistes mais vrais marchands de vin******, sans vergogne aucune, qui se cachent derrière des décolletés agressifs, de grands airs, des comités Théodule, des dégustations magistrales, des risettes charmeuses, des Wine-machin, des photos Instagram ou des "glouglous" complices. Je ne vais pas lâcher de grands mots, évoquer des notions désuètes, la déontologie, la rigueur, l'honnêteté, mais bon, bas les masques!
* j'ai promis de ne pas dire son nom, impossible également de lui tirer le portrait, d'où l'image qui ouvre ce billet, on se regarde les godasses…
** se faire rincer, ça se fait de pleins de façons différentes, à coup de billets d'avion, de séjours dans des stations de ski branchées, de voyages sous les palmiers, de produits de luxe, etc…
** se faire rincer, ça se fait de pleins de façons différentes, à coup de billets d'avion, de séjours dans des stations de ski branchées, de voyages sous les palmiers, de produits de luxe, etc…
*** à côté de la grosse majorité des bouteilles choisies en suivant les inénarrables conseils en chêne massif d'Uncle Bob, Sucker et quelques autres personnages distingués du Mondovino, se cachent de véritables trésors, notamment français, qu'on peut poser sur table à des prix que la morale ne réprouve pas.
**** voila, encore du copinage!
***** notamment un jour un haut représentant du WSET.
****** un vrai beau métier, honorable!
Haut le verre et chapeau bas,
RépondreSupprimermonsieur vincent, votre prose est plus que lisible et les photos stylees.
Merci a Isabelle de faire la pub de ce blog et a bientot a Monvinic.
Signe: un buveur liseur amateur anonyme; ou presque
Bah moi les blogs que je lis me parlent de Boulard, Gautherot, Selosse, Moncuit.....Ceux qui me vantent les mérites de Moet, Bolinger,Tattinger et autres sont terriblement suspects...
RépondreSupprimerAntoine
Devrait-on dire que la presse à vécu parce qu'elle s'est abaissée a utiliser tous les superlatifs inimaginables pour tenter de décrire quelque produit, de quelque domaine que ce soit. Aujourd'hui elle ne peut plus rien dire de neuf, tout est pareil. Alors personne n'achète et les pages de pub si juteuses aux oubliettes s'en sont allées. Quand Coca clamait il y a quelques années "serait-ce la fin du marketing?" il n'en était pas loin. Le virage s'est amorcé et nous sommes revenu au sacro-saint bouche à oreille....sauce moderne avec une dose d'internet donc les bloggueurs/ses sont les voisins d'hier. Ce n'est ni plus ni moins que la communication moderne, ou l'eternel recommencement.
RépondreSupprimerje me permet de répondre via le message de laurent chapalain car je suis marié a ne chapalain c est donc pour attirer son attention^^ alors que mon message s adresse a l anonymous qui fait l erreur de mettre une société familiale qui réalise de magnifiques champagne comme bolinger dnas le meme sac que lvmh..ec n est ni la meme philosophie ni la même taille , l ancien patron de bolinger était d ailleurs un grand fan de boulard qui lui fournissait des raisins a l époque de raymond boulard..alors oui boulard , gautherot,moncuit selosse masi aussi egly, jacquesson etc....sont très bon excellentissime même mais bolinger ( meme si je pense que le garcon cite dans el blog travailles pour eux) n'enfai aps moins de merveilleux vin..oui des vin de ceux qu on peut raisonnablement appeler des grand vins de champagne..et si je connais bien lmes lascars boualrd, selosse , chiquet ( jacquesson) moncuit et les autres vous diront la meme chose
Supprimerboris politi
champagne francois diligent
Certaines incertitudes liées à la ponctuation font que je n'ai pas saisi toute la finesse de ce commentaire, mais il me semble avoir compris qu'on incriminait Bollinger dans le cas ci-dessus raconté; je suis obligé de rectifier, le commanditaire présumé de l'élégant bipède rencontré n'est pas le champagne de James Bond.
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