Fermé ?


L'affichette, placardée à la porte du bistrot, intrigue. Une chose est sûre, ce n'est pas là que les Carcassonnais iront demain boire leur bouteille de beaujolais-nouveau. En même temps, le taulier, Richard Pichéric (ci-dessus), "Piche" pour sa foule d'habitués, ne fait pas vraiment dans l'exotique et le produit d'importation. Son truc, c'est plutôt le vin du coin. Avec entrain. Aux apéros (volontiers dantesques) d'après-marché, le samedi midi, on croise pas mal des grandes gueules vigneronnes* qui ont l'Aude gouleyante. 


L'affichette effraye. 
– "Ils" ne l'ont pas fermé quand même, Piche ?
Parce qu'avouons-le dans ces centre-villes où la déprise commerciale se mêle allègrement à la prolifération des mornes franchises, les bistrots, les bistrots vivants, les vrais, quoi, sont comme les derniers réverbères.


Oh, Carcassonne n'est pas la pire de ces villes qui sont devenues la banlieue de leur banlieue. Où, hideuse copie des murailles médiévales, un rempart de grandes surfaces et de zones commerciales encercle, étouffe la cité. Il lui reste, notamment son joli marché, et quelques commerces de bouche qui résistent. Mais, comme dans toutes les villes moyennes de cette "France moche" (dont enfin on commence à prendre conscience), dans cette France du pousse-caddie et du logis pavillonnaire, la bataille est rude.


Non, rassurez-vous, "ils" ne l'ont pas fermé, le Café Saillan, souvent trop saillant au goût de certains pisse-froids. Il a parfois eu chaud d'ailleurs, parce qu'évidemment la joie est envahissante, dérangeante même pour ceux qui lui préfèrent l'aigreur. Piche, une de fois de plus, s'en est tiré avec un habile cadrage-débord', vous savez, ceux de l'époque où le rugby français…


C'est une histoire de travaux, de rues barrées, rien de grave. Mais l'occasion était trop belle (l'affichette) de vous parler de ce bistrot comme il en existe d'autres mais dont on en voudrait beaucoup plus. Ces bistrots, tous ces Café Saillan de France et de Navarre, où l'on ne sert pas le croque-monsieur de Métro, où le vin joue au centre, avec puissance et agilité, et sait se régaler du plat du jour en semaine.





* Vous en avez une ou deux en photo ici, Tonton Raymond et le grand Claude. Tous, plus ou moins y passent.






Commentaires

  1. Elle est plutôt pas mal notre équipe "jeune" d'hier soir. Un rugby d'aujourd'hui (et non plus d'antan) avec de belles échappées. Moi aussi, j'irais bien retrouvé les tontons Claude et Raymond !

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    1. Je suis en partie d'accord, Michel, moi c'est davantage le collectif qui m'a marqué.
      Reste à les voir face aux Blacks en tenue de gala.

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