Dom Pérignon ou iPhone ?


Et voila! Sur Idées liquides et solides, les jours se suivent et se ressemblent: après le "téléphone-fleur" d'hier, en voici un autre, plus propret, certes, mais un combiné téléphonique quand même! Rassurez-vous, j'ai déjà assez de mal avec la mode et le pinard, avec la mode et la bouffe, je ne vais pas vous transformer ce blog en rendez-vous de geeks où l'on débat sempiternellement, millimétriquement sur les dimensions ou les gadgets du futur smartphone d'Apple.
Si je vous inflige un téléphone pour la seconde journée consécutive, c'est que j'ai été interpelé par cette phrase: "pouvez-vous affirmer que dans vingt ans, les gens utiliseront encore un iPhone? Peut-être pas. Peut-être aurons-nous un nouveau produit ou quelques chose de beaucoup plus innovant. Je peux en revanche vous garantir que dans vingt ans, ils boiront toujours du Dom Pérignon!" Évidemment, celui qui a lancé ça hier à la télévision américaine, sur CNBC*, a tout intérêt à ce que sa prédiction se réalise: il s'agit de Bernard Arnault, le patron de LVMH.
Alors, d'accord, beaucoup d'entre vous me rétorqueront que leur iPhone leur est autrement plus utile qu'une bouteille de cette marque et je ne vais pas les contredire: la dernière qui m'est fortuitement passée entre les mains, je me suis empressé de l'échanger** contre un lot de bon champagne sans fard de chez Francis Boulard. Lequel est d'ailleurs peut-être aujourd'hui à Moët ce que Steve Jobs était à Microsoft il y a trente ans***…


N'empêche que, même si les résultats financiers de groupes comme LVMH, tout en étant colossaux, sont moins nerveux que ceux d'entreprises du genre d'Apple, cette notion de "durabilité" de leurs profits n'est pas sans intérêt. Car regardez bien, en l'espace de vingt ans, dans le secteur informatique notamment, ces bulles parfois énormes qui ont explosé, ces marques qu'on voyait comme universelles et qui ont disparu.
Tout ça pour rappeler, alors que la France tire le Diable par la queue, qu'il ne faudrait pas oublier une de ses "industries d'avenir". On parle beaucoup (et à raison) dans les discours politiques d'Alsthom, de l'automobile et de tout un tas d'activités économiques que nos chers (au sens de coûteux) élus de tous bords ont l'air de trouver plus reluisantes, mais on pourrait, sous les lambris dorés et à l'arrière des limousines (pardon, Alain!), rendre un hommage plus appuyé la filière des vins et spiritueux. La traiter un peu moins comme une pestiférée. Éviter aussi de lui mettre des bâtons dans les roues. Arrêter avec cette imagerie ringarde propagée par des doctrinaires hors d'âge et qui fait du vigneron le méchant riche qu'il faut combattre (ou tondre).
Pas besoin pour ça, comme je l'ai entendu ici et là,  de Monsieur Vin ou de gadgets de ce genre, il suffit d'un peu de considération, de moins de paperasse et de prohibitionnisme, de ne pas oublier qu'elle représente le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française, que sur les dix millésimes écoulés, elle pèse l'équivalent de cent trente Rafale vendus et exportés. Ça vaut bien un petit Dom Pé'****, non?



* Le verbatim de l'entretien accordé par Bernard Arnault à CNBC est ici.
** Clara, Laurent, je n'y ai pas touché, je vous jure, les bouteilles nous attendent à la maison, il y a même un Rachais 2006 dans le lot! Ne les laissez pas trop traîner, parce que même moi qui ne suis pas un enflammé de la bulle, ça, je le bois sans soif!
*** C'est de l'humour, mais je ne sais pas dessiner les smileys, je suis trop vieux… ;-)
**** Ou un Boulard, ou un Brochet, ou un Prévost, ou un Diebolt-Vallois, ou un Vouette-&-Sorbée ou qui vous voulez.…

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